Un éclairage public durable et sur-mesure pour demain
Les transformations technologiques, les contraintes économiques et les enjeux environnementaux remettent aujourd’hui en cause les politiques d’éclairage de la ville. Pour y répondre, de nombreux acteurs expérimentent de nouvelles solutions d’éclairage : plus intelligentes, plus connectées et surtout respectueuses de l’environnement.
Selon l’ADEME (l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie), 41% de la consommation d’électricité des collectivités territoriales proviendrait de l’éclairage public. Un chiffre important quand on sait que plus de la moitié de la population mondiale vit aujourd’hui dans les villes et que 2,5 milliards de citadins supplémentaires sont attendus d’ici à 2050. Il devient donc nécessaire pour les collectivités d’investir dans des technologies intelligentes capables de faire baisser leur consommation d’électricité.
Un éclairage public à la demande
“Dans la ville de demain, il y aura moins de voitures, plus de transports publics, une mobilité facilitée et par conséquent, plus de liberté pour le piéton. L’éclairage public s’en trouvera modifié” explique Marc Aurel, designer urbain et spécialiste de la question de l’éclairage public dans l’Observatoire du Design Urbain. L’un des enjeux pour la ville de demain est donc d’adapter la luminosité en fonction des besoins de ses habitants. Pour cela, certaines villes ont fait le pari de tester et de développer des éclairages dits “intelligents”. C’est par exemple le cas en Norvège où la commune de Hole a mis en place une technologie capable de paramétrer la luminosité selon l’affluence des véhicules. Équipés de radars, les poteaux situés aux abords de la route détectent les véhicules en approche. Les lampadaires intelligents augmentent alors automatiquement la luminosité. A contrario, lorsque la route est vide, le mode “économie d’énergie” est activé et les ampoules LED ne fonctionnent qu’à 20% de leur capacité.
L’émergence de nouvelles technologies comme la LED représente une véritable révolution pour l’éclairage public. À la fois plus performante et moins gourmande en énergie, la diode électroluminescente blanche offre la possibilité de travailler la lumière en trois dimensions, de produire différents types d’effets et d’intensités permettant même de créer des ambiances différentes. Grâce à la télégestion (gestion à distance des informations au moyen d’un système téléinformatique) et aux capteurs de présence et de luminosité, l’éclairage devient intelligent, s’ajuste automatiquement et peut être piloté à distance. La Grand-Place d’Anvers en est la parfaite démonstration : les lumières LED installées sur la place et les rues avoisinantes s’allument et s’éteignent désormais grâce à un système de gestion numérique centralisé. Ce nouveau type d’éclairage permet aux pouvoirs locaux de créer à la fois une ambiance particulière autour des bâtiments historiques et de réaliser des économies d’énergie.
À découvrir ou à redécouvrir : L’éclairage public intelligent : quelles solutions pour la ville ?
En plus de pouvoir influer en temps réel sur l’éclairage, les villes peuvent aujourd’hui prédire les pannes. Grâce à l’intelligence artificielle, le champion du Big Data Saagi a par exemple travaillé sur un projet de maintenance prédictive de l’éclairage public de la ville de Paris. La startup a développé une application permettant aux agents de maintenance de savoir précisément quel luminaire de la ville aurait une forte probabilité de tomber en panne à un instant T.
Vers un éclairage 100% écologique
Avec des villes de plus en plus conscientes de la nécessité d’investir dans l’éclairage public durable, des alternatives à l’éclairage électrique apparaissent et s’inscrivent dans une démarche “zéro pollution”. C’est par exemple le cas de Glowee : cette startup française qui invente des systèmes d’éclairage grâce à la bioluminescence, une propriété qui permet à certains animaux – comme les lucioles et les organismes marins (méduses, algues, poissons, etc.) – de briller la nuit. Concrètement, les scientifiques de la startup cultivent des bactéries et récupèrent l’enzyme de la bioluminescence qu’ils encapsulent ensuite dans des coques organiques transparentes et hermétiques de différentes tailles selon la durée et l’intensité de lumière voulue. Cette solution est d’ores et déjà commercialisée et a d’ailleurs été utilisée lors d’événements éphémères pour Adidas, LVMH ou encore pour la Nuit Blanche à Paris. Glowee travaille également sur un projet d’éclairage à plus grande échelle pour la ville d’Arpajon, dans l’Essonne.
Primée en janvier dernier au World Future Energy Summit d’Abu Dhabi, la startup Sunna Design a elle fait le pari de l’énergie solaire. Choisie parmi plus de 1180 participants, cette récompense prestigieuse “apporte une preuve de la fiabilité de sa technologie” explique son fondateur, Thomas Samuel. Sunna Design conçoit et développe des lampadaires inédits qui, en plus d’être alimentés grâce à l’énergie solaire, sont 100% autonomes – c’est-à-dire qu’ils fonctionnent sans aucune arrivée d’électricité filaire. Grâce à une résistance pouvant aller jusqu’à 70°C, ces lampadaires emmagasinent la lumière du soleil tout au long de la journée, qui est ensuite stockée dans des batteries pour être restituer la nuit. Dans un premier temps, la startup a décidé de développer sa technologie dans des pays où l’éclairage solaire est plus qu’une nécessité, en Afrique du Sud notamment.