À Saint-Jean-de-la-Ruelle, un quartier créé sans artificialiser les sols
Faire la ville sur la ville, une promesse pas toujours simple à tenir mais une nécessité pour atteindre le « zéro artificialisation nette ». Reportage à Saint-Jean-de-la-Ruelle, ville de 16 000 habitants de la métropole d’Orléans, où une ancienne usine Renault TRW a été déconstruite pour laisser place d’ici 2024 à un quartier de 385 logements et des commerces tout en réduisant l’artificialisation des sols.
À Saint-Jean-de-la-Ruelle comme dans de nombreuses villes partout en France, les friches industrielles sont autant d’espaces inexploités que de précieuses ressources foncières pour créer de nouveaux quartiers et de nouveaux usages. Alors comment redonner vie à ces espaces, souvent situés à proximité des centres-villes et des points stratégiques des villes ? Christophe Chaillou, Maire de Saint- Jean-de-la-Ruelle, met l’accent sur l’importance des dialogues avec les propriétaires de friches ou futures friches : « À la fermeture des usines Renault en 2007, le constructeur automobile nous a fait part de sa volonté de vendre le site à des aménageurs dans le cadre d’un projet immobilier ». Ce site de plusieurs hectares sur les berges de Loire, limitrophe de la ville d’Orléans est la porte d’entrée vers le centre-ville et le fleuve, facilement accessible en tramway et à vélo, par les berges notamment. Sa localisation stratégique a incité la ville à mener « plusieurs études urbaines, ponctuées de temps de concertation avec les habitants, entre 2009 et 2019, notamment par Atelier 2/3/4 avec l’objectif de faire émerger des scénarios d’aménagement prenant en compte les enjeux urbains à l’échelle de la ville comme de la métropole et de voir comment habiter un site exceptionnel tout en le préservant » témoigne Christophe Chaillou.
« On va créer une ville sur un espace en friche »
À l’état de friche depuis 10 ans, le site laissera place à un quartier vivant avec « des logements, 380 m² de commerces, un pôle santé, une pharmacie, une résidence intergénérationnelle sociale, un espace fitness, un restaurant et un hôtel » annonce le maire de la ville avec une attention particulière sur « les espaces de détente, de promenade, les aires de jeux, le long des berges entre autres ». Tout un nouveau quartier dans la ville avec à terme 385 logements, construit sur une friche de 2,6 hectares minéralisée à plus de 80 %. Les usines ont été démolies pour laisser place aux futurs immeubles du quartier. Zéro artificialisation donc et même une réduction de l’emprise du béton au sol avec la création de grands espaces végétalisés appelés à devenir des lieux de promenade en direction de la Loire.. Verticalité raisonnée du bâti, végétalisation du quartier, les deux points fondamentaux du projet, assure Christophe Chaillou avec « la création de percées visuelles vers la Loire depuis différents points du quartier, une hauteur modérée des bâtiments pour s’inscrire dans la topographie des berges et la construction de logements tournés vers le fleuve ».
La densité comme solution pour ne pas artificialiser
Comment créer de nouvelles capacités d’accueil pour des habitants tout en limitant l’étalement urbain et l’artificialisation des sols ? Pour Pascal Laval, 2e adjoint au maire en charge de l’aménagement, du développement durable et des espaces publics « c’est une question majeure du projet en raison de son positionnement, en entrée de ville, à proximité immédiate d’Orléans et de la volonté de créer un environnement urbain apaisé ». La question a alors été de créer un quartier dense, avec des bâtiments de six étages entrecroisés d’îlots de végétation et des toitures pensées pour devenir des lieux de vie avec des jardins privatifs et partagés, en rooftop et en balcons, ainsi que de grandes terrasses. Une logique verticale pour limiter l’emprise au sol des bâtiments et s’inscrire sur les surfaces déjà bétonnées.
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Dépolluer avant d’habiter
Les activités industrielles du site durant plusieurs décennies ont généré des pollutions des sols aux hydrocarbures et aux métaux lourds nécessitant de vastes opérations de dépollution. Après démolition des anciennes usines, seules les dalles béton ont été préservées afin d’éviter la propagation de pollutions issues de l’exploitation industrielle antérieure. Inadaptées en matière de fondations des futurs bâtiments qui recevront des sous-sols, celles-ci seront finalement démolies et évacuées ou concassées et réutilisées directement sur site pour constituer les structures de voiries. L’ADEME est partenaire du projet pour ces travaux de recyclage de la friche, qui était jusqu’alors polluée et non-utilisée, permettant ainsi de rendre à la ville son foncier. Un atout pour la ville comme pour la métropole qui souhaite répondre à la demande de logements sans compromettre ses espaces naturels. Pour Christophe Chaillou, ces transformations sont essentielles car « c’est là l’une des principales caractéristiques de la ville résiliente : sa capacité à s’adapter ». S’adapter, se transformer, sans artificialiser. Un triple objectif qui permet de construire la ville au profit de la qualité de vie au sein de la métropole en limitant son étalement et en offrant l’opportunité de renouer avec des pans complets du territoire.