Quelles sont les villes les plus vertes d’Europe ?
Quelles sont les bonnes élèves dans le domaine de l’écologie en Europe ? Pouvons-nous nous en inspirer ? Le point sur l’étude Green Peace & l’institut Wuppertal pour le Climat.
L’ONG Greenpeace, accompagnée de l’institut Wuppertal pour le Climat, l’environnement et l’énergie, a étudié le cas de quelques villes d’Europe, identifiant celles où il fait bon se déplacer et respirer. Ce top 3 des villes parmi les plus écologiques de l’Union Européenne (pré-Brexit, puisque l’Angleterre est intégrée à l’étude) se concentre sur celles qui déploient des politiques de mobilités durables efficaces. En réduisant les émissions de CO2 et de particules fines, ces villes améliorent la qualité de l’air et la qualité de vie des habitants.
N° 1 Copenhague : des émissions réduites de 42 % depuis 2005
La capitale du Danemark envisage d’être la première ville du monde neutre en carbone d’ici 2025. Elle cumule d’excellentes notes sur à peu près tous les indicateurs clés pris en compte dans l’étude et se démarque notamment pour son incitation à la pratique du vélo.
Parmi les principales bonnes pratiques relevées, Copenhague a en effet largement investi dans les infrastructures bénéficiant aux cyclistes, avec plus de 400 km de pistes cyclables (c’est un peu plus qu’à Paris), des vélos en libre-service ou encore d’immenses parkings sécurisés. La ville a fait construire plusieurs “autoroutes à vélos”, notamment une piste aérienne dédiée exclusivement à la petite reine, le “Cykelslangen”.
Copenhague a également développé quelques dispositifs “smart” comme un système d’éclairage public basse consommation qui sécurise les trajets des cyclistes, en éclairant davantage à leur passage. Les feux de circulation favorisent également la rapidité des vélos. Tout cela s’accompagne du développement de lignes de métro, d’une application pour informer en temps réel du trajet décarboné le plus simple, de politiques de taxations et subventions – comme la gratuité du parking pour les véhicules électriques.
L’autre levier clé de la politique de décarbonation de Copenhague est lié à l’énergie. Le système de chauffage urbain, fonctionnant majoritairement au fioul jusqu’à récemment, est désormais décarboné. L’été, un système de refroidissement urbain, via l’eau de mer, a permis de réduire de 70 % l’usage d’électricité, comparé aux systèmes de climatisation traditionnels.
Toutes ces politiques, alliées au déploiement d’éoliennes offshore et de centrales biomasse ont permis de réduire de 42 % les émissions de la ville depuis 2005.
N°2 Amsterdam : 58 % des habitants prennent le vélo chaque jour
Amsterdam s’est fixée comme objectif de réduire ses émissions de 55 % d’ici 2030 par rapport à 1990, et de 95 % d’ici à 2050.
Côté mobilité, l’objectif est d’atteindre zéro émission dès 2030. Quelques exemples concrets de la politique déjà mise en place : tous les tramways et métros fonctionnent à l’électricité renouvelable, une flotte de 100 bus électriques relie la ville à l’aéroport de Schiphol, les bateaux du canal utilisent du gaz naturel et d’autres carburants alternatifs au gazole…
Concernant le déploiement du vélo, notons ces chiffres : la ville compte 767 km de pistes cyclables dont 513 km exclusivement dédiés aux vélos, et 225 000 places de vélo en parking sont réparties dans Amsterdam dont 10 000 à la gare centrale. Indice de réussite de la sécurisation du cyclisme : on enregistre seulement 10 accidents tous les 10 000 trajets (vs 163 pour Berlin et 7 pour Copenhague). 58 % des habitants de plus de 12 ans prennent le vélo plus d’une fois par jour.
Par ailleurs, Amsterdam déploie des initiatives pour réduire la consommation d’énergie carbonée : une centrale électrique à déchets à haut rendement a été lancée, tandis que son stade Arena a été rénové pour produire de l’énergie et stocker de l’électricité. La ville a également signé un accord vert visant à déconnecter les premiers quartiers résidentiels du réseau gazier afin d’opter pour une énergie moins carbonée. Enfin, des rues et quartiers durables sont le lieu d’expérimentations vers de l’autosuffisance alimentaire et énergétique.
N°3 Oslo : une politique 100 % intégrée au budget de la ville
La capitale norvégienne atteint ce bon classement notamment en raison d’une excellente qualité de l’air : c’est la seule ville de l’étude de Greenpeace dont les concentrations de polluants sont en dessous des recommandations de l’OMS.
Concernant la mobilité, il faut savoir que la Norvège est leader dans l’adoption de véhicules électriques dans le monde. À l’échelle d’Oslo, cette logique est encouragée entre autres par des places de parkings réservées et le droit de circuler dans les couloirs de bus. Côté transports publics, beaucoup d’efforts ont déjà été réalisés : les trajets en transports en commun ont augmenté de 50 % depuis 2007 et 56 % de ces trajets utilisaient de l’énergie renouvelable en 2019.
Oslo mène également une politique pour rendre la possession d’une voiture individuelle obsolète. Pour pousser le développement des mobilités durables, la ville a choisi d’investir dans l’intermodalité, en développant notamment une application pour faciliter tous les trajets et encourager l’utilisation des transports en commun… En parallèle, l’accès des voitures individuelles en ville est fortement taxé, notamment pour les véhicules thermiques, et l’accès à certaines zones leur est même interdit. Une politique globale qui porte ses fruits tandis que la maire de la ville, Marianne Borgen, s’est faite réélire en 2020.
Au-delà de la mobilité, l’outil clé de cette politique écologique efficace est la mise en place d’un Budget Climat depuis 2018 ; l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 95% d’ici 2030 est complètement intégré au budget de la ville avec des périmètres d’action bien définis. Les projets sur les transports locaux, l’éco-innovation, l’emploi durable et la performance énergétique ont déjà des effets positifs sur la réduction des émissions nocives, la biodiversité et la qualité de l’air.
Plus de 80 % d’urbains d’ici 2050
D’autres bonnes pratiques émergent de ce classement. Vienne, en cinquième position, propose un accès annuel illimité aux transports publics locaux pour 1€ par jour. Berlin développe les smart technologies pour le partage de voiture ainsi que des systèmes de recharges sans fil, pour convertir le public aux transports électriques.
En règle générale, on peut retenir comme politiques clés de ces villes écologiques l’importance d’un réseau de transports qui facilite l’intermodalité, par ses infrastructures, par ses tarifs, par de l’information en temps réel ; mais encore une sécurisation des mobilités actives et le développement des zones durables, basses émissions, qui mêlent le bien-vivre avec l’utilisation d’énergies décarbonées. L’étude souligne également l’importance d’intégrer la politique de mobilité durable dans toutes les prises de décisions. Pour que, malgré l’augmentation de 80 % de la population urbaine prévue d’ici 2050 (rapport des Nations Unies, 2015), les villes s’inscrivent dans un futur durable.