Oslo, capitale verte
Publié le 29.10.24 - Temps de lecture : 4 minutes

Oslo, les recettes miracles de la capitale verte

Autoproclamée plus vaste espace piéton d’Europe, la capitale norvégienne a dépensé des milliards pour délester son centre-ville de son trafic routier. D’ici à 2030, Oslo vise à réduire ses émissions de carbone de 95 % par rapport à 1990, en agissant principalement sur le trafic, responsable de la moitié de ces émissions.

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À RETENIR

  • Oslo vise à réduire de 95 % ses émissions de carbone d’ici 2030, notamment en limitant drastiquement la circulation automobile, ayant transformé son centre-ville en une vaste zone piétonne, perturbée uniquement par quelques véhicules électriques.
  • Les politiques de mobilité douce incluent des péages urbains et l’élimination de 4 250 places de stationnement au profit d’espaces verts ; la ville a fortement investi dans les transports publics et vise à électrifier la totalité de son réseau de bus d’ici 2028.
  • La part du vélo dans les transports urbains a plus que doublé entre 2020 et 2023, et les infrastructures cyclables et piétonnes ont été considérablement étendues ; une réduction de la vitesse automobile à 30 km/h est en place sur deux tiers des routes.
  • Plusieurs villes mondiales s’inspirent de l’exemple d’Oslo pour limiter la circulation automobile et réduire les émissions, illustrant l’impact positif des péages urbains et des incitations pour véhicules électriques dans la lutte contre la pollution et l’amélioration de la qualité de vie urbaine.

Depuis une dizaine d’années, la municipalité a chassé les voitures de l’hypercentre, transformant les grandes artères en zones piétonnes. Seuls quelques taxis électriques et écureuils bien informés perturbent le calme ambiant de ce centre-ville transfiguré.

Si la ville durable n’est encore qu’une intention dans de nombreux pays, la Norvège offre, avec Oslo, un modèle de transition empreint d’une solide maturité, inspirant de nombreux urbanistes et chercheurs.

Les mobilités douces, grandes gagnantes de la nouvelle politique de la ville

Le programme de transformation a débuté en 1990 avec la mise en place de péages urbains dissuasifs puis s’est poursuivi, depuis 2015, avec l’installation de 52 nouvelles barrières.
Cette solution de péages urbains ayant été jugée impopulaire à ses débuts, ces anneaux de péage fonctionnant de facto comme des zones à faibles émissions privilégiant les plus aisés, la municipalité a dû répondre aux critiques par des mesures d’incitations fiscales très attractives pour l’achat de véhicules électriques.

Dans le même mouvement, Oslo a récupéré près de 4 250 places de stationnement pour les transformer en espaces verts, squares, terrasses et bancs. Le réaménagement urbain a également concerné le port, qui a profité de cette profonde métamorphose pour accueillir des promenades, des plages, des parcs et une vaste marina de plaisance.

Les mobilités douces sortent elles aussi gagnantes de cette nouvelle politique qui redessine la ville puisque les recettes des péages ont été entièrement affectées à l’amélioration de la mobilité urbaine, avec un développement considérable des transports publics, englobant l’offre des 21 municipalités voisines. Environ 380 millions de voyages y sont réalisés chaque année, soit près de 1 million chaque jour, un chiffre qui a doublé en dix ans. D’ici 2028, les 1 200 bus du réseau et la plupart des autocars interurbains devraient basculer vers l’électrique.

Autres gagnantes du retrait de l’automobile, les pistes cyclables. La part modale du vélo dans les transports urbains a augmenté significativement de 7 % à 16 % entre 2020 et 2023 ; quant à l’aménagement de pistes cyclables, il est passé de 1,5 kilomètre par an en moyenne à plus de 15 kilomètres. En parallèle, les trottoirs ont été élargis pour améliorer le confort piétonnier, et la vitesse de circulation automobile a été limitée à 30 km/h sur deux tiers du réseau routier.

Concernant la construction, responsable de 7 % des émissions totales d’Oslo, la municipalité a voté une réglementation visant à favoriser la décarbonation des chantiers, avec des critères d’attribution de contrats intégrant des obligations de décarbonation comme l’obligation pour tous les engins lourds de fonctionner au biogaz ou à l’électricité à partir de 2025.

Plus de la moitié des voitures à Oslo sont électriques
Hanne Bertnes Norli, conseillère en chef pour la mobilité chez Asplan Viak

Plusieurs villes dans le monde se lancent dans des initiatives similaires

La résilience urbaine est devenue une étape incontournable pour préparer les villes à l’avenir, notamment dans la société de l’après-confinement. Ainsi, plusieurs villes en Europe et dans le monde ont adopté des mesures similaires à celles d’Oslo pour réduire l’utilisation des voitures et promouvoir des modes de transport plus durables.

À Gand, en Belgique, une zone entièrement piétonne de 35 hectares a été créée en 1996 pour lutter contre la pollution sonore et les gaz d’échappement, aux Pays-Bas, Amsterdam a mis en place une politique stricte pour réduire la circulation automobile, avec seulement 19 % des habitants qui utilisent leur voiture quotidiennement. Pontevedra en Espagne se distingue elle aussi par sa volonté de réduire l’utilisation de l’automobile au strict minimum et l’île de Saint-Honorat en France est totalement interdite aux voitures afin de préserver son statut de havre de paix.

Au-delà des frontières européennes, La Cumbrecita en Argentine est une petite ville où les voitures sont interdites de 10 à 18 heures, obligeant les visiteurs à garer leur véhicule à l’entrée de la ville, à Lamu au Kenya, ville inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, les voitures sont interdites et les déplacements se font à dos d’âne ou à vélo.

Avec son réseau dense de bornes de recharge, des places de stationnement préférentielles et gratuites ainsi que des subventions publiques pour l’installation de système de charge à domicile, Oslo peut prétendre au rang de capitale mondiale du véhicule électrique : « Plus de la moitié des voitures y roulant sont électriques ; à l’échelle nationale, 92 % des véhicules neufs vendus cette année sont décarbonés », constate Hanne Bertnes Norli, conseillère en chef pour la mobilité chez Asplan Viak, un cabinet norvégien de conseil en planification urbaine. Concernant l’augmentation des piétons, elle ajoute : « Un quart des urbains se déplace à pied et le nombre de piétons a augmenté de près de 15 % dans certaines zones ».


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Le rôle crucial des péages urbains dans la transition vers des villes plus durables

Les péages urbains présentent plusieurs avantages significatifs pour les villes qui les mettent en place, comme la réduction de la pollution sonore, la protection de l’environnement grâce à la réduction des émissions de CO2 et les effets positifs sur la santé publique avec l’amélioration de la qualité de l’air. Ces avantages montrent que les péages urbains peuvent jouer un rôle crucial dans la transition vers des villes plus durables et vivables.

D’autres villes ont également adopté des péages urbains, notamment Londres, Bergen, Trondheim, Stockholm, Milan, Singapour, et dans une certaine mesure Paris. Ces villes ont mis en place des systèmes de péages pour réduire la circulation et encourager l’utilisation des transports publics et des véhicules moins polluants.

En se positionnant comme modèle de transition, Oslo a obtenu des résultats impressionnants grâce à ses initiatives pour réduire l’utilisation des voitures et promouvoir des modes de transport plus durables, mettant également en place des initiatives pour adapter les équipements urbains aux risques et aux modes de vie futurs.

Les résultats obtenus par la municipalité norvégienne démontrent une amélioration significative de l’environnement urbain mais aussi des bénéfices économiques et sociaux substantiels.

La ville a réussi à intégrer les véhicules électriques de manière exemplaire dans son système de transport, puisque plus de 70 % des nouvelles immatriculations de véhicules concernent des véhicules électriques en 2023. Grâce à cette adoption massive de véhicules électriques, Oslo a réduit ses émissions de CO2 liées au transport de 35 % entre 2015 et 2023.

Oslo en dates

  • 1048 Création par le roi viking Harald III.
  • 1624 Un incendie détruit Oslo. Reconstruite, la ville est rebaptisée « Kristiania ».
  • 1905 La Norvège obtient sa pleine indépendance. Oslo retrouve son statut de capitale, puis son nom en 1925.
  • 1952 Oslo accueille les JO d’hiver et gagne son rang de métropole mondiale.
  • 2008 Inauguration de l’opéra, début de la reconquête des quais portuaires.
  • 2019 La ville reçoit le titre de capitale verte de l’Europe. Plus de la moitié de sa superficie est occupée par des forêts et des parcs. Elle compte 717.000 habitants.

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