En Moselle, une friche industrielle dépolluée grâce aux plantes
Publié le 30.01.25 - Temps de lecture : 4 minutes

En Moselle, une friche industrielle dépolluée grâce aux plantes

En Moselle, plusieurs expérimentations sont en cours pour remédier à la pollution des sols d’anciens sites industriels grâce aux plantes. Cette technique en est encore à ses débuts, même si les premiers résultats sont encourageants. Principale condition pour que cela fonctionne : du temps.

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À RETENIR :

  • La Moselle expérimente la phytoremédiation sur d’anciens sites industriels, notamment sur le haut fourneau U4 à Uckange, où une trentaine de parcelles testent diverses plantes pour dépolluer les sols et les eaux contaminées.
  • Des plantes spécifiques, comme le miscanthus géant ou l’alyssum, se montrent efficaces pour extraire ou dégrader certains polluants (hydrocarbures, nickel), mais leur utilisation reste limitée par la faible profondeur d’action (jusqu’à 1,5 m) et la toxicité de certains sols.
  • Cette méthode naturelle présente des avantages (réduction des coûts de transport de terres, biodiversité accrue, utilisation pour des parcs urbains), mais nécessite des périodes longues (de 2 à 20 ans), parfois incompatibles avec les projets urbains.
  • Les résultats varient selon les contextes, comme en Gironde, où un projet de phytoremédiation a échoué en raison d’une durée insuffisante ou de choix végétaux inadéquats, soulignant la nécessité d’une planification rigoureuse.

Comment dépolluer des sols sans devoir excaver et extraire des quantités importantes de terre ? L’une des solutions consiste à traiter les polluants sur site grâce aux plantes. Cette méthode, appelée de façon large « phytoremédiation » ou « phytoextraction », utilise les caractéristiques des plantes et des champignons pour extraire hydrocarbures et métaux lourds enfouis dans les sols. Selon l’Ademe, les plantes peuvent absorber les polluants du sol via leurs racines, puis transfèrent et accumulent les polluants dans leurs parties aériennes (les tiges ou les feuilles). Cette concentration permet de réduire la pollution dans les sols.

Un ancien haut fourneau comme terrain d’expérimentation

C’est notamment le cas en Moselle, où, sur le site du U4, l’un des six hauts fourneaux de l’usine sidérurgique d’Uckange, la communauté d’agglomération du Val de Fensch (propriétaire du site depuis la fermeture de l’usine) et l’Université de Lorraine expérimentent depuis mars 2022 plusieurs modalités de dépollution des sols par phytoextraction. Les partenaires ont créé ce qu’ils appellent les « jardins de la transformation », qui leur permettent d’expérimenter en conditions réelles plusieurs modalités de dépollution des sols par phytoremédiation. Ces jardins forment une trentaine de parcelles de 250 m2.

Concrètement, les chercheurs et étudiants de l’Université de Lorraine ont commencé par planter une forêt composée d’une vingtaine d’essences végétales différentes sur des sols pollués. Le but est d’étudier l’impact respectif de ces essences sur la pollution enterrée et, a contrario, les conséquences de la pollution sur les végétaux et leurs parties comestibles. En parallèle, les participants à cette expérimentation ont également utilisé des plantes aquatiques qu’ils ont installées directement dans les sédiments contaminés situés dans les anciens bassins de décantation du haut fourneau U4, pour traiter les eaux contaminées en parallèle des sols.


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Des plantes originaires d’Afrique et d’Asie

Dans le détail, des plantes comme le miscanthus géant, une plante originaire d’Afrique et d’Asie, montrent des résultats satisfaisants. Ses rhizomes attirent des micro-organismes dont le système enzymatique parvient à dégrader les polluants. Il est, de surcroît, capable de pousser dans des sols dégradés par l’activité humaine, faits de remblais et avec très peu de matières organiques. Une autre plante grasse, l’alyssum, originaire du pourtour méditerranéen, dégrade de façon satisfaisante le nickel. « Environ 1 % des végétaux ont de telles capacités, à des degrés divers. Il y en a pour tout, sauf le cuivre pour l’instant », expliquait Sonia Henry, chercheuse spécialiste des sols, au magazine La Vie en 2023.

Les avantages de la phytoremédiation sont nombreux. Utiliser les plantes évite de devoir transporter et stocker des terres polluées. En combinant plusieurs types de plantes, il est, en outre, possible d’extraire plusieurs types de polluants en même temps. Enfin, les parcelles utilisées pour expérimenter ces dispositifs de dépollution naturelle offrent l’aspect de petites forêts urbaines mélangeant plusieurs essences et pouvant être visitées par le grand public. Elles attirent également une petite faune qui vient s’y installer, comme des grenouilles ou des oiseaux.

De deux à vingt ans pour dépolluer

Le premier problème de la phytoremédiation est sa faible capacité à faire remonter les polluants au-delà de 50 cm, même si, précise l’Ademe, « en fonction des espèces végétales utilisées, cette zone peut s’étendre à 1,5 m de profondeur ». Impossible, donc, de traiter un sol pollué en profondeur. Si les polluants sont trop toxiques pour les plantes, il n’est pas non plus possible d’utiliser la phytoremédiation.

Autre difficulté : l’efficacité de la phytoremédiation est très liée au temps qu’elle nécessite. L’Ademe indique une période minimum de deux ans pour obtenir de premiers résultats, mais précise que le délai de traitement peut aller jusqu’à vingt ans. Ce temps, très long, n’est parfois pas compatible avec les temporalités d’un projet urbain ou immobilier. C’est pour cette raison que la phytoremédiation est souvent utilisée pour la réalisation de parcs urbains ou d’espaces publics, où la question du temps est moins discriminante. Le département des Yvelines utilise, par exemple, la phytoremédiation sur plusieurs parcelles du parc du Peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy.

La ville de Talence, en Gironde, a expérimenté la phytoremédiation sur une parcelle accueillant un ancien garage dont le niveau de pollution était inférieur aux niveaux réglementaires et devant être transformé en un petit parc urbain… Sans succès. « Nous avons expérimenté la phytoremédiation pendant deux ans en partenariat avec des universitaires, et avons tout arraché à l’été 2024. Peut-être que la temporalité était trop courte, peut-être les taux de pollution étaient trop faibles, peut-être que nous n’avons pas planté les bonnes essences. Toujours est-il qu’en deux ans, les taux de pollution des sols n’ont pas bougé », regrette Sophie Rondeau, adjointe au maire chargée de la transition écologique à la ville de Talence. Si la technique de la phytoremédiation s’améliore, il reste que ses utilisateurs doivent être prêts à laisser du temps aux plantes pour qu’elles puissent faire remonter les polluants du sol.

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