Grégoire de Lasteyrie : « Paris-Saclay veut être le lieu où le monde entier se parle »

Dans un monde soumis à de multiples crises, il est devenu nécessaire de bâtir des territoires résilients. En plein développement, Paris-Saclay a de nombreux atouts pour adresser cet enjeu.  

Situé au sud de la capitale, Paris-Saclay est une communauté d’agglomération qui regroupe 27 communes des départements de l’Essonne et des Yvelines dans lesquelles vivent 320.000 habitants.

Pôle scientifique et technologique qui concentre certains des meilleurs campus français, ce territoire tourné vers l’avenir développe de nombreux projets pour relever les défis de notre époque.

Grégoire de Lasteyrie, président de la communauté d’agglomération Paris-Saclay, nous explique la singularité de ce creuset de l’innovation tricolore.

Qu’est ce qui rend Paris-Saclay résilient face aux crises ?

Grégoire de Lasteyrie : Tout d’abord, nous bénéficions d’un fort dynamisme économique, avec cinq zones de développement réparties sur notre territoire, dont la plus grande d’Europe qui est située autour d’Orly. Ensuite, nous sommes au cœur de l’innovation, avec bientôt 25 % de la recherche française basée à Paris-Saclay. Cela nous oblige à être une agglomération où l’innovation résonne. Cette année, nous avons mis en service Olgga, notre propre intelligence artificielle conversationnelle qui répond aux questions des administrés. Enfin, la jeunesse est une de nos forces, avec 40 % des habitants qui ont moins de 29 ans, mais aussi une de nos fragilités car ce sont souvent les populations les plus précaires. Nous investissons donc pour former les jeunes. En décembre 2023, nous avons organisé le premier salon de l’étudiant de Paris-Saclay, durant lequel 3000 visiteurs ont pu accéder à un large choix de formations. C’est l’une de nos priorités politiques.

Qu’en est-il de la transition environnementale ?

Grégoire de Lasteyrie : C’est notre quatrième facteur de résilience. Depuis 2019, nous mettons en œuvre un plan climat qui regroupe 126 actions concrètes, comme le déploiement de bornes de recharge pour favoriser la mobilité électrique ou la création de l’agence Paris-Saclay Renove pour faciliter la rénovation thermique des logements. Nous travaillons actuellement à un nouveau plan climat doté d’un fonds de 8 millions d’euros pour que les communes aient plus de moyens pour agir.

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Justement, vous misez aussi sur l’intensification du soutien technique et financier aux communes de l’agglomération. En quoi cela consiste-t-il ?

Grégoire de Lasteyrie : Notre agglomération est un EPCI, un établissement public de coopération intercommunale. Ce qui veut dire que nous sommes au service des élus pour leur fournir le maximum d’outils et de ressources. Pour ce faire, nous avons développé la mutualisation des services. Cela peut, par exemple, permettre aux communes qui n’en ont pas les moyens de bénéficier d’un service informatique disposant de compétences étendues en cybersécurité. C’est un dispositif que nous allons renforcer cette année.

Avec un nombre très important de campus, Paris-Saclay est un endroit unique pour l’enseignement supérieur et la recherche. Pour autant, comment en faire un lieu de vie à part entière ?

Grégoire de Lasteyrie : Nous avons implanté des commerces, construit des logements familiaux, et fait venir des entreprises pour que les étudiants puissent bénéficier d’une véritable vie de quartier. Sur le plateau de Saclay, où se concentre la plupart des étudiants, nous avons ouvert le premier restaurant, la première boulangerie, la première supérette et la première banque. Par ailleurs, nous développons une offre culturelle très riche sur le reste de l’agglomération. À Massy, nous avons le seul opéra situé hors de Paris, et à Longjumeau, le plus grand théâtre francilien avec plus de 1000 places. Nous disposons de nombreux équipements culturels de proximité, des conservatoires, des cinémas municipaux, des multiplex. Nous avons également un tissu associatif riche de plus de 200 acteurs.

Bien que votre agglomération soit moins sujette aux grandes migrations pendulaires, comment inscrivez-vous les mobilités décarbonées dans votre trajectoire bas carbone ?

Grégoire de Lasteyrie : Les lignes de RER B et C, ainsi que la nouvelle ligne 18 du métro, sont pour nous des axes de transport cruciaux. En complément, nous avons un réseau de bus que nous rendons propres au maximum. Nous avons également un plan vélo intercommunal qui est coordonné avec les plans vélo communaux car nous avons a pris le même cabinet pour faire nos plans.

En 2022, vous aviez décidé de mettre en place Decarbonized City, un jumeau numérique dédié à la transition énergétique. Quelle est la valeur ajoutée de cette innovation ?

Grégoire de Lasteyrie : C’est un démonstrateur qui est opérationnel et qui permet de maîtriser la performance énergétique d’un quartier ou d’un bâtiment. Nous voulons maintenant aller plus loin. Avec Dassault Systèmes, nous travaillons sur Twin 2030, un jumeau numérique territorial qui aura un champ d’application beaucoup plus large. L’objectif est d’avoir un outil utile dans la gestion quotidienne de l’agglomération.

Autre projet innovant, la nouvelle bibliothèque Lumen, qui vient d’être inaugurée, est un bâtiment technologique à l’architecture futuriste. En quoi est-ce le symbole de votre développement ?

Grégoire de Lasteyrie : Ce projet reflète une triple exigence de qualité, de modernité et d’originalité. Nous avions la volonté d’utiliser la technologie de façon intelligente, pour qu’elle soit pleinement au service du public et qu’elle facilite l’accès à la connaissance. Dans cette même dynamique, nous allons organiser, le 29 février et le 1ᵉʳ mars à l’EDF Lab, le premier évènement Paris-Saclay Summit – Choose Science, avec de nombreux scientifiques et décideurs français et internationaux qui viendront débattre des grands défis de la science. Paris-Saclay veut être le lieu où le monde entier se parle.