Comment les aménagements paysagers participent activement à la gestion des eaux pluviales
La gestion intégrée de l’eau en milieu urbain revêt une importance cruciale face au stress hydrique croissant, une des nombreuses conséquences du réchauffement climatique. De la végétalisation à la perméabilisation des sols en passant par les solutions innovantes permettant de gérer les eaux pluviales, les acteurs de l’aménagement et de l’urbanisme se sont approprié différentes stratégies. Focus sur le traitement à la parcelle, les bassins paysagers, les noues intégrées et les îles végétalisées.
À RETENIR
- Les aménagements paysagers modernes intègrent des solutions comme la végétalisation et la perméabilisation des sols pour gérer les eaux pluviales, essentiels dans le contexte du réchauffement climatique.
- Le lotissement « Le Clos de la vallée » à Cintré utilise des puisards, des noues et des chaussées drainantes pour infiltrer les eaux pluviales et réduire le ruissellement urbain, tandis que « Le Truchon » à Mignaloux-Beauvoir emploie une gestion « sans tuyau » avec des espaces verts multifonctionnels pour la capture des eaux.
- Les principes incluent le cheminement naturel de l’eau, l’utilisation de matériaux drainants, et la création d’ouvrages comme des noues et bassins qui minimisent les surfaces imperméabilisées tout en valorisant l’eau dans l’aménagement paysager.
- La place Lucie Aubrac à Saint-Martin-d’Hères utilise un archipel d’îles-jardins pour gérer les eaux pluviales sans interrompre la circulation, illustrant comment les espaces publics peuvent combiner utilité écologique et attractivité esthétique.
Ralentir le ruissellement urbain pour réduire la pollution
La commune de Cintré, dans la périphérie rennaise, a accueilli un projet dont l’aménagement privilégie l’environnement paysager et urbain. Le lotissement « Le Clos de la vallée » conçu par Nexity Foncier Conseil est une réalisation d’une nouvelle forme urbaine, dense et mixte, dont la particularité repose sur un parcellaire sous forme de cercles, assurant à la fois le prolongement d’espaces naturels au cœur de l’aménagement et l’intimité offerte à chaque habitant du lieu. La gestion des eaux pluviales a été pensée pour favoriser l’infiltration et ralentir le ruissellement : cela se traduit par un traitement à la parcelle avec l’installation de puisards, des noues intégrées au paysage, un bassin unique et une structure de chaussée drainante.
Le système mise en place privilégie l’infiltration à l’évacuation directe des eaux de pluie, dans le but notamment de réalimenter les nappes d’eau souterraines. En ralentissant le ruissellement urbain via des dispositifs de stockage en série qui fonctionnent par remplissage et débordements successifs, on protège le milieu naturel des à-coups hydrauliques et des pollutions urbaines véhiculées par les ruissellements.
À l’échelle de la parcelle privative, des zones de stockage sous la forme de puisard d’infiltration ont été répartis sur l’ensemble du lotissement et posés en phase de viabilisation. Tous les lots n’étant pas équipés d’un puisard, les acquéreurs des terrains sans puisard doivent mettre en place à leur charge leur propre système de micro-stockage à la parcelle.
À lire aussi
- La « Réut » des eaux usées : une solution pour l’irrigation agricole face aux sécheresses ?
- Eaux de pluie : et si l’on rendait les villes plus perméables ?
Capter la goutte d’eau là où elle tombe
Autre exemple de réussite dans la gestion des eaux pluviales, le quartier d’habitation « Le Truchon » sur la commune de Mignaloux-Beauvoir. Cette opération Nexity Foncier Conseil finalisée en 2020, se situe aux portes de la ville de Poitiers, du CHU et du Campus. Ce nouveau quartier intègre une gestion des eaux pluviales conçue et réalisée selon les principes de la gestion intégrée. Le retour d’expérience montre que ce système, très vertueux en cas de pluies exceptionnelles, favorise l’identité paysagère du quartier.
Le principe de la gestion intégrée correspond à une gestion des eaux pluviales « sans tuyau » et sans bassin d’orage. Les eaux pluviales sont captées au plus près du lieu où elle tombe, tandis que les ouvrages qui ont une première fonction, comme un espace vert par exemple, sont utilisés en complément. Ils jouent alors un rôle essentiel : c’est le cas des noues, bassins ou haies végétales en façade de lot, qui n’imperméabilisent pas contrairement aux petits murs d’enceinte ou de séparation qui empêcheraient le cheminement naturel de l’eau.
Plusieurs objectifs ont guidé les aménageurs et les concepteurs de ce quartier : le respect absolu du cheminement naturel de l’eau, utiliser l’eau comme élément structurant de l’aménagement en privilégiant le cheminement gravitaire de surface, réaliser des ouvrages plurifonctionnels et valoriser l’eau par la récupération des eaux pluviales, la plus-value paysagère qu’elle apporte, et les autres usages comme les loisirs.
La structure des accès aux lots individuels en matériaux drainants, le dimensionnement centennal (qui permet d’anticiper des épisodes pluvieux conséquents et de plus en plus fréquents) des ouvrages de gestion des eaux pluviales et l’obligation réglementaire de gestion à la parcelle sont autant de points forts indispensables au succès d’une gestion intégrée des eaux pluviales.
Cette politique de gestion intégrée s’articule autour d’une idée forte : gérer l’eau au plus près du lieu où elle précipite, avec comme objectifs, diminuer la production des eaux de ruissellement et minimiser les surfaces imperméabilisées. Pour les atteindre, cela passe par le choix de matériaux adaptés, la végétalisation des espaces et la mise en place d’outils d’aménagement.
Concernant les parcelles privatives, chaque parcelle individuelle et collective stocke 100 % de l’épisode pluvieux sur son terrain. Compte tenu de leurs tailles et de leur densité, tous les outils ont été autorisés, allant de la tranchée drainante jusqu’aux modelés de terrain rendant possible l’inondation temporaire des fonds de jardins sur des épisode pluvieux exceptionnels ainsi que les citernes d’eaux pluviales à des fins domestiques.
Concernant le domaine public, chaque voirie est accompagnée d’une noue plantée de végétaux favorisant l’infiltration des eaux. Certaines sont complétées par un drain souterrain qui raccorde les noues entres elles et régule le débit vers le point bas du terrain. Tous les espaces verts, du fait de leur positionnement intelligent, permettent de compléter les dispositifs de stockage tout au long des voies. Chaque espace vert est légèrement creux afin de pouvoir stocker l’eau en cas de pluie importante et chaque placette de rencontre reçoit un massif drainant souterrain.
La gestion intégrée est source de nombreuses économies sur l’entretien, il n’y a, par exemple, pas d’ouvrage exclusivement dédié à l’eau de type bassin de retenue. Quant aux espaces verts, en période hivernale ils favorisent l’infiltration par les systèmes racinaires et la filtration des eaux par décantation dans les ouvrages et, en période estivale, ils permettent l’absence d’arrosage grâce aux variétés végétales choisies.