Adaptabilité au changement climatique : les « cours oasis » des écoles rafraîchissent les quartiers

Adieu bitume, place aux arbres et à la verdure. Les cours oasis redessinent les cours de récréations des enfants, leur offrant un environnement végétal et supprimant les îlots de chaleur.

Pour faire face à la hausse des températures, l’urbanisme s’adapte pour réinventer la ville, minérale et sujette aux îlots de chaleur, et les exemples de « cours oasis » dans les écoles se multiplient partout en France. Né à Paris, où les cours d’écoles et de collèges couvrent plus de 70 hectares, le concept a été inscrit dans la Stratégie de résilience de la capitale, adoptée en 2017.

Concrètement, les sols bétonnés ou goudronnés sont partiellement ou en totalité désartificialisés pour être remplacés par des sols plus clairs et moins imperméables, participant à une meilleure gestion des eaux. Terre, copeaux de bois, graviers, espaces végétalisés : les solutions sont multiples. L’aménagement de la cour est également repensé, faisant la part belle aux végétaux, à des espaces ombragés et à divers aménagements créant autant d’espaces de jeux pour les plus jeunes.

En supprimant ces îlots de chaleur, outre les enfants, spécialement vulnérables, ce sont les habitants du quartier qui y gagnent. D’autant que, de plus en plus souvent, ces espaces sont accessibles à tous le week-end ou pendant les vacances scolaires.

Les « cours oasis », un atout pour le développement des enfants

Jardins pédagogiques, fontaines ludiques, cabanes pour se cacher, jouets éco-conçus localement : chaque projet comporte ses spécificités, adapté au lieu, au projet pédagogique et généralement co-construit avec les enfants et l’équipe enseignante. Ces exemples de « cours oasis » offrent ainsi un meilleur partage des espaces, notamment entre les filles et les garçons. Elles permettent également de mieux répondre aux besoins des enfants, avec des zones plus calmes, des lieux de découvertes ou de jeux.

Car ce nouvel aménagement a complètement changé les usages des cours de récréation. « Les enfants se sont mis à jouer ensemble malgré les écarts d’âge et ont très peu réclamé de ballon, car la cour oasis est un vrai terrain d’aventure et d’imaginaire », explique ainsi Raphaëlle Thiollier, cheffe de projet des cours oasis à la direction des Affaires scolaires de Paris¹.

À lire aussi

• La méthode de Besançon pour lutter contre les îlots de chaleur
• Hausse des températures : comment Paris peut devenir une véritable capitale écologique

Explorer, escalader et découvrir différentes matières

Les élèves et les parents sont conquis. « Ici les enfants peuvent vraiment explorer, escalader… C’est un autre endroit de leur quartier. Les petites sections peuvent par exemple découvrir les différentes matières, aiguiser leur toucher », explique ainsi Clémence, enseignante de l’école Maryse-Hilsz, à Paris.

En redonnant de la place à la biodiversité, la cour devient également un espace de pédagogie investi par les enseignants. Certains n’hésitent plus à y faire classe, dans une logique d’apprentissage de ou à l’extérieur. Un atout pour le bien-être et le développement des enfants. D’ici fin 2022, à Paris, 99 cours oasis seront opérationnelles, pour le grand plaisir des enfants.

Des exemples de cours oasis dans toute la France

Lancé dans la capitale, le mouvement essaime progressivement et les exemples de cours oasis s’imposent dans toutes les régions – parfois sous d’autres appellations. À Lille, 100 % des 79 cours d’écoles sont ainsi végétalisées et abritent plantes grimpantes, gazon, arbres et arbustes, même si béton et goudron demeurent parfois présents. La mairie s’est fixée comme prochaine étape de « désimperméabiliser la surface totale de toutes les cours ».

Grenoble, Besançon, Strasbourg, Trappes, Lyon, Rouen, Montpellier, Saint-Denis… la liste des municipalités séduites s’allonge. À Bordeaux, 18,3 millions d’euros sur 10 ans vont être consacrés à la végétalisation des cours d’écoles et de crèches municipales. “Il s’agit d’un des plus gros budgets de la mandature”, souligne Sylvie Schmitt, l’adjointe au maire chargée de l’éducation, de l’enfance et de la jeunesse dans le journal Sud Ouest. Des projets conséquents qui changent le quotidien.

1. https://www.leparisien.fr/paris-75/a-paris-deja-pres-de-100-cours-decole-transformees-en-oasis-cest-comme-a-la-campagne-08-09-2022-VKEVPMTVXRA6NNB2JAUVMALK5Q.php