Enrobé végétale pour les routes à Montruile
Publié le 14.01.25 - Temps de lecture : 4 minutes

À Montreuil, un « enrobé » à base de résine végétale et d’huile de plantes

À Montreuil (93), Nexity met en œuvre une technologie innovante d’enrobé qui permet de faire baisser les émissions de CO2 des projets d’aménagement, tout en présentant les mêmes qualités structurelles. Décryptage.

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À RETENIR

  • La technologie d’enrobé bas carbone développée par Eiffage Route et mise en œuvre par Nexity à Montreuil remplace le bitume pétrochimique par un liant végétal issu de coproduits de l’industrie papetière, réduisant ainsi les émissions de CO2 et la consommation énergétique.
  • Ce revêtement utilise au minimum 30 % de matériaux recyclés provenant d’anciennes chaussées, favorisant l’économie circulaire et limitant l’extraction de matières premières, tout en conservant des propriétés mécaniques identiques aux enrobés traditionnels.
  • Ce nouvel enrobé est intégré au projet de la ZAC Boissière-Acacia, visant la création de 1 200 logements et divers espaces publics à Montreuil, avec une mise en œuvre progressive jusqu’en 2027.
  • Cette innovation s’inscrit dans une démarche globale de décarbonation des projets d’aménagement et devrait se généraliser à l’avenir, portée par une acceptation croissante du public et des contraintes économiques et environnementales.

Les enrobés classiques, les routes et la plupart des axes de circulation émettent d’importantes quantités de CO2 au moment de leur production en usine. D’une part, parce qu’ils sont fabriqués avec des granulats, du sable et du bitume, en faisant à la fois appel à l’extraction de matériaux et à la pétrochimie, deux activités particulièrement polluantes et néfastes pour l’environnement. D’autre part, les différents matériaux qui les composent nécessitent d’être séchés à des températures allant de 150 à 250 °C pour pouvoir se lier et former un enrobage qui est maniable lors de sa mise en œuvre et qui reprend les sollicitations du trafic dès son refroidissement.

Selon la dernière édition du « Bilan environnemental » établi par Routes de France, organisation représentative des industriels et des entrepreneurs qui construisent et entretiennent le réseau de routes et de voirie urbaine du pays, ce sont 22,733 tonnes d’enrobés qui avaient été conçus de cette manière en 2022, soit plus de 70 % de la production nationale. Bien que des techniques dites « tièdes » qui font appel à moins d’énergie se développent depuis quelques années, elles restent pour le moment minoritaires.

Même si les matériaux de revêtement ne représentent pas la part la plus importante du bilan carbone d’un projet d’aménagement, il est devenu nécessaire, dans une logique de neutralité des émissions de CO2, de trouver des solutions pour diminuer leur contribution au réchauffement climatique. Et aujourd’hui, ces solutions existent.

Un revêtement « éco-responsable »

La technologie d’enrobé bas carbone déployée par Nexity à Montreuil a été mise au point par les chercheurs d’Eiffage Route. Ce produit repose sur un liant issu de coproduits valorisés en bout de chaîne de l’industrie papetière, ce qui permet de remplacer l’additif bitumineux issu de la pétrochimie.

Ce liant végétal naturel est conçu à partir de coproduits de l’industrie du pin, dont la culture, l’exploitation et la transformation raisonnées permettent d’améliorer le bilan carbone global du projet. Il nécessite par ailleurs d’être moins chauffé que le bitume, ce qui rend sa conception moins gourmande en énergie, moins émettrice de CO2 que les techniques traditionnelles et plus agréable à la mise en œuvre pour les applicateurs.

Et ce n’est pas tout : ce produit intègre au minimum 30 % de matériaux issus du recyclage d’anciennes chaussées, ce qui favorise l’économie circulaire et réduit le recours à l’extraction de matières premières. Le recyclage permet d’utiliser moins de granulats, et donc d’en extraire moins dans les carrières.


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« Dans la démarche du groupe Nexity de contribuer à limiter l’évolution des températures à 1,5 °C, nous devons trouver des procédés et des techniques de mise en œuvre qui favorisent la baisse des émissions de CO2 », explique Barbara Descottes, directrice de l’ingénierie chez Nexity Villes & Projets. « L’objectif est de favoriser au maximum le recyclage et le réemploi sur nos opérations d’aménagement afin de limiter au maximum nos émissions de carbone. L’utilisation de matériaux biosourcés vient compléter cette démarche. »

Des propriétés identiques

Ce nouvel enrobé bas carbone est une composante du chantier de la ZAC Boissière-Acacia, qui prévoit la création de plus de 1 200 logements au nord de Montreuil, et dont les travaux, qui ont démarré en 2016, vont se poursuivre jusqu’en 2027. Ce projet d’aménagement comprendra des aires de jeu et de nombreux espaces publics qui vont être créés au fur et à mesure de la livraison des différents îlots.

« Nous nous positionnons en tant que partenaire de la collectivité sur le temps long. Nous avons commencé à mettre en œuvre une partie des enrobés bas carbone fin 2023 lorsque nous avons réalisé les sous-couches des pistes de chantier de la phase 3, qui correspond à la dernière tranche des travaux. Nous réaliserons les aménagements définitifs au fur et à mesure de la livraison des îlots », précise Barbara Descottes.

Composée avec des matériaux issus du recyclage, la nouvelle technologie d’enrobage a démontré tout son potentiel en permettant de créer des revêtements durables qui possèdent exactement les mêmes caractéristiques que ceux qui étaient utilisés jusqu’ici. Visuellement, le nouvel enrobé bas carbone ne diffère en rien de l’enrobé classique. Il est impossible de les distinguer à l’œil nu. Pas de changement non plus en matière d’usage. Structurellement, les deux solutions sont exactement les mêmes, tout comme les performances mécaniques et la durabilité, en tout point similaires. Le nouvel enrobé déployé par Nexity pourra ainsi supporter le passage de 300 poids lourds par jour, autant que pour un enrobé classique.

Forte de tous ces atouts, cette technologie innovante fait pleinement partie des solutions qui permettent de faire baisser les émissions de CO2 des projets d’aménagement. Elle s’inscrit dans une démarche globale qui comprend la réutilisation des terres excavées lors des chantiers, la mise au point de matériaux de construction décarbonés et la désartificialisation des sols.

Reste encore à pouvoir la généraliser pour maximiser l’effet bénéfique qu’elle peut avoir sur l’environnement. « Ce nouveau type de revêtement écologique va se démocratiser par la force des choses. Extraire des matériaux du sol, des granulats, du sable, du gravier, va devenir de plus en plus cher, mais aussi de moins en moins acceptable par le grand public. Il y a 15 ans, on faisait peu d’enrobés recyclés. Aujourd’hui, c’est rentré dans les mœurs. Il ne viendrait plus à l’esprit d’un maître d’ouvrage de commander un enrobé qui ne contient pas un pourcentage d’agrégat recyclé. C’est une tendance de fond qui va prendre le pas sur tout le reste », conclut Barbara Descottes.

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