Éco-pâturage urbain : une pratique qui séduit les collectivités
Face aux enjeux écologiques et au désir grandissant des citadins de renouer avec la nature, de plus en plus de collectivités se lancent dans l’éco-pâturage urbain. En remplaçant les machines par des animaux, cette mesure écologique pourrait-elle représenter une alternative durable à l’utilisation d’équipements mécaniques ?
L’éco-pâturage, c’est quoi ?
La loi Labbé interdit les collectivités locales d’utiliser des herbicides dans les lieux publics depuis le 1er janvier 2017. Pour faire disparaître les mauvaises herbes et limiter la pousse, de nombreuses communes se mettent ainsi à « engager » des animaux. C’est ce qu’on appelle l’éco-pâturage.
Cette pratique consiste à faire paître des animaux herbivores, qu’il s’agisse de vaches, moutons, ânes, etc. Elle intervient comme une méthode alternative à l’entretien mécanique des espaces paysagers clos, en milieux urbains et périurbains, pour notamment faire disparaître des mauvaises herbes ou limiter la pousse.
Aujourd’hui, environ 500 collectivités (et organismes privés) utilisent cette méthode d’entretien de leurs espaces paysagers à l’aide d’herbivores : ovins, caprins, bovins, ânes, voire lamas.
Dieppe : l’éco-pâturage à grande échelle
Dans la région de Dieppe, en Seine-Maritime, un projet de grande envergure a vu le jour grâce à la collaboration d’un bailleur social et d’une association spécialisée dans la gestion éco-responsable des espaces verts. C’est ainsi une soixantaine de bovins et de caprins qui paissent sur pas moins de 5 hectares répartis en 13 sites. Les associations de quartiers se sont ensuite emparées de l’engouement autour du bétail pour organiser des journées de sensibilisation et de tonte, notamment auprès des plus jeunes, fascinés par des animaux qu’ils ne voient encore que trop rarement en ville.
Les actions pédagogiques ou de médiations sociales permettent ainsi aux communes de créer de l’emploi, de l’attractivité et de promouvoir le vivre ensemble. En plus de minimiser l’utilisation de pesticides ou de produits phytosanitaires nocifs pour la santé des citoyens ou de la nature elle-même, le recours à l’éco-pâturage permet de participer à la croissance verte dans le cadre d’une transition énergétique à grande échelle. “Il faut continuer à végétaliser la ville tout en portant une réflexion autour des espèces qu’on plante”, nous déclarait il y a quelques mois l’écologue Philippe Clergeau, avant d’ajouter : “la nature en ville doit inclure les plantes mais aussi les animaux.”
Quels bénéfices ?
L’éco-pâturage possède de multiples avantages sur le plan écologique et social dans l’entretien des espaces verts, parmi lesquels :
- Développer la biodiversité dans des espaces publics ou privés.
- Participer à la diminution de l’impact environnemental, dans une démarche de réduction de carbone, du zéro traitement, zéro déchet, zéro bruit, fertilisation naturelle.
- Être vecteur de lien social entre les hommes et la nature.
- Limiter et éviter les accidents de travail puisque ce sont des animaux qui participent.
- Permettre d’éviter des nuisances sonores ou l’utilisation de produits phytosanitaires comme les pesticides.
Vers une nouvelle anthropologie ?
L’éco-pâturage plonge ses racines dans une anthropologie écologique portée par de nombreux chercheurs. La construction de l’écologie comme discipline scientifique dans les universités ainsi que dans les grandes écoles du paysage et de l’agronomie permet ainsi à tout un courant de pensée de circuler au plus près des élus et des grandes entreprises. Ce bouillonnement intellectuel entraîne l’élaboration de nouvelles idées architecturales ainsi qu’une nouvelle conception de l’espace urbain.
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En témoigne l’émergence des pratiques alternatives que représentent l’éco-pâturage, le cradle-to-cradle, l’architecture durable ou encore l’architecture biomimétique qui fait la part belle aux matériaux naturels. Une nouvelle conception de la ville qui permet de soutenir la biodiversité dans notre écosystème urbain.