De l’espace et de la nature pour tous, une utopie ?
La crise sanitaire a révélé l’urgence écologique… Tout en renforçant le rêve de la maison individuelle. Est-il possible de préserver le foncier tout en répondant aux besoins de logement ?
On est dans une situation schizophrénique, Maire (UDI) de Mennecy, en grande couronne parisienne, et Vice-Président en charge de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Aménagement de la Région Ile-de-France, Jean-Philippe Dugoin-Clément le reconnaît, les rêves pavillonnaires nés du confinement et le possible exode de citadins vers la périphérie des grandes agglomérations pourraient bien, et rapidement, se percuter avec la lutte désormais engagée par les pouvoirs publics contre l’étalement urbain. En cause, l’urgence à freiner l’artificialisation des sols à l’heure de la lutte contre le changement climatique, celle à protéger la biodiversité d’une nouvelle érosion mais aussi le besoin de préserver la capacité agricole de ces territoires, dans un moment où les circuits courts ont par ailleurs le vent en poupe.
Reconquête urbaine
Plutôt qu’à son étalement, la priorité est donc à la transformation de la Ville sur elle-même, et selon l’élu francilien, a la reconquête des friches et autres délaissés qui parsèment nos agglomérations. L’idée n’est en elle-même pas nouvelle. Pour répondre à la demande de nouveaux logements et à l’instar de sa commune de Mennecy, nombre de villes se sont, de longue date, engagées dans la requalification de friches en quartiers d’habitation et c’est, pour ce qui la concerne, dès novembre dernier que la Région Ile-de-France a lancé une initiative destinée à recenser l’ensemble des friches de son territoire pour, à terme, appuyer leur mutation. La crise du Covid et le nouveau rapport au logement qui pourrait en découler chez les urbains viennent cependant changer la donne pour offrir une seconde jeunesse à ce réaménagement de la Ville sur elle-même. A l’’image du « tiers-demandeur » pour les anciens sites industriels, les outils juridiques existent déjà et il y a fort à parier qu’ils bénéficieront à leur tour d’une mise en lumière plus vive au cours des mois à venir.
Désartificialiser les sols
Mais il ne s’agit pas simplement de « boucher les trous » du tissu urbain en accolant des logements à d’autres logements. Le réaménagement de la Ville sur elle-même c’est aussi l’opportunité d’une autre reconquête, celle de nouveaux espaces verts et de de nature en Ville. Indispensable pour lutter contre les îlots de chaleur en période de canicule, la renaturation des sols participe aussi, toutes saisons confondues, à l’amélioration de la qualité de vie des urbains, au point de constituer une recommandation formelle de l’OMS [1]. Là encore, il s’agit d’un mouvement déjà engagé et, comme le soulignait en avril dernier l’Institut Paris Région dans ses Ateliers du Zéro artificialisation nette [2] les initiatives pullulent à l’heure actuelle pour témoigner de la possibilité de revenir sur la bétonisation de sites urbains, qu’il s’agisse d’un retour à la pleine terre voire même d’un retour à l’état naturel initial. Comme le souligne Jean-Philippe Dugoin-Clément, ce sont ainsi 500 hectares d’espaces verts qui ont été recréés en Ile-de-France depuis 2016. Forts des attentes exprimées par les urbains à l’issue du confinement, c’est désormais aux acteurs de la Ville qu’il revient de prolonger ce mouvement pour réconcilier durablement Ville et qualité de vie.
Construire autrement
Remettre de la nature en Ville, c’est aussi le choix qu’a fait le groupe Nexity à travers son initiative , une série d’engagements destinés à concilier production de logements neufs et préservation de la nature. Sur l’ensemble de ses opérations engagées à partir du printemps 2020, Nexity s’est ainsi engagé à, notamment, maximiser le recours à la pleine terre, à limiter l’imperméabilisation des sols, à constituer partout où cela est possible des continuités écologiques ainsi qu’à favoriser les essences indigènes dans la constitution de ses espaces verts. Un engagement qui trouve du reste son prolongement après la livraison des futurs bâtiments, le recours à des produits phytosanitaires pour l’entretien des espaces verts étant, à titre d’exemple, exclu.
Remettre de la nature en Ville, ce n’est désormais plus une option pour les acteurs du logement et de l’immobilier. Certains poussent cette conviction jusqu’à s’astreindre à un cahier des charges pour toute nouvelle construction à venir. C’est notamment le cas de Nexity [3], qui s’emploie à augmenter la présence de nature de tous les projets depuis le printemps 2020, via l’augmentation de la plantation d’arbres, la présence de pleine terre, la création de continuités écologiques, à faire usage du zéro phyto, notamment, dans le cadre de sa démarche « Redonnons sa place à la nature ».
[1] https://www.euro.who.int/en/health-topics/environment-and-health/urban-health/publications/2016/urban-green-spaces-and-health-a-review-of-evidence-2016
[2] https://www.institutparisregion.fr/environnement/zero-artificialisation-nette-en-ile-de-france.html
[3] Naturellement !, série d’engagements concernant toutes les opérations de logement depuis avril 2020.