Crises sanitaires, confinements : comment peuvent s’adapter les villes ?
Comment limiter l’impact des villes sur le climat et l’environnement ? Comment s’assurer qu’elles vont pouvoir s’approvisionner en cas de perturbation majeure, comme un confinement ? Pour répondre à ces questions au cœur de l’actualité, Paris&Co, la Mission Résilience de la Ville de Paris et l’Agence Parisienne du Climat ont présenté à la fin du mois de septembre un guide à destination des acteurs de la ville. Grâce à des ateliers menés durant l’été avec une vingtaine d’acteurs de référence de l’immobilier et de l’aménagement (Gecina, Nexity, Grand Paris aménagement, la RIVP…), elles ont établi 10 règles à suivre pour rendre la ville plus résiliente.
La “résilience urbaine”, c’est la capacité des villes à faire face et à anticiper les difficultés auxquelles elles peuvent être confrontées quotidiennement ou ponctuellement : crise épidémique, conditions climatiques exceptionnelles, saturation des transports en commun, densité urbaine trop importante… Pour garantir leur pérennité, les acteurs de l’urbanisme et de l’aménagement doivent réfléchir à leur adaptation, voire à leur transformation sur le long terme. Afin de les aider à adopter une démarche résiliente dans leurs projets urbains, Ville Durable, la plateforme d’innovation de l’agence de développement économique de Paris et de la métropole (Paris&Co) a mis au point grâce à des ateliers collectifs qui se sont tenus au cours de l’été une grille de 10 critères. Cet outil simplifié qui ne se veut pas exhaustif peut être utilisé comme une check-list comportant 4 thématiques fortes : méthodologie, environnement, social et économie.
Première case à cocher pour faire évoluer la méthodologie d’aménagement et de construction : la robustesse des fonctions essentielles. En cas de catastrophe naturelle ou de crise sanitaire, le projet doit pouvoir assurer la continuité de ses services vitaux. La question de l’autonomie des ressources (alimentaires, énergétiques…) doit donc être placée en son centre. Priorité est également donnée à la question de la démocratie participative : les citoyens et les usagers doivent pouvoir s’exprimer pour devenir parties prenantes.
Pour que le projet soit capable de s’adapter au changement, il doit comporter une part évolutive : modulable, recyclable, démontable… C’est à cette condition qu’il sera possible de l’adapter aux usages de demain et de limiter son impact sur l’environnement. Enfin, il est primordial d’être capable de s’évaluer pour se corriger et s’améliorer. Le fonctionnement apprenant est le dernier point de méthodologie à adopter.
Un projet résilient est un projet qui limite son impact environnemental et son corollaire, le réchauffement climatique. Il doit être à la fois sobre en ressources et en énergie et respectueux de la biodiversité locale et du cycle de l’eau. Son équilibre repose sur sa capacité à valoriser et revitaliser l’existant.
Le volet social s’appuie sur deux recommandations : la première consiste à renforcer les liens de solidarité et de coopération au sein des grandes villes pour venir en aide aux plus vulnérables. L’objectif est d’assurer un accès universel au logement notamment, et à l’ensemble des services urbains. La seconde repose sur le fait de changer les comportements des citadins en encourageant les agissements plus vertueux.
Enfin, les deux derniers critères concernent les modèles économiques préconisés. Un projet sera résilient s’il est pensé localement selon les spécificités (culturelles, sociales, économiques…) des territoires et s’il s’appuie sur les filières locales pour la création de nouveaux emplois. L’ancrage territorial est bien l’une des composantes essentielles des projets résilients. La pérennité du modèle économique repose par ailleurs sur la capacité des acteurs à anticiper les coûts de la conception jusqu’à la maintenance des projets (entretien des espaces végétalisés dans les programmes…).
Ces pistes de réflexion permettront d’accompagner les concepteurs et les aménageurs de la ville vers une démarche plus résiliente. La ville pourra ainsi s’adapter aux besoins de tous et devenir plus accueillante.