Comment faire revenir la biodiversité en ville ?
De plus en plus de projets d’aménagement et d’urbanisme intègrent l’enjeu de la biodiversité dès leur conception. Cette démarche répond non seulement à l’impératif de développement durable, mais permet également de lutter plus efficacement contre les effets du changement climatique et d’offrir aux habitants une plus grande qualité de vie. Pour être efficace, cette démarche repose sur des recettes éprouvées : voici quatre façons de faire rimer ville et biodiversité.
Prendre en compte la biodiversité dès la conception des projets d’aménagement
Dans le futur Village des athlètes des Jeux de Paris, véritable laboratoire en termes d’innovations durables pour la ville, la stratégie d’aménagement paysager a été pensée à l’échelle des trois communes du territoire (Saint-Denis, Saint-Ouen et L’Ile-Saint-Denis).
Elle s’est déployée en trois temps :
- Une étude géologique du socle du périmètre du futur projet a d’abord été lancée pour comprendre la structure spécifique des coteaux de la Seine.
- Un état des lieux de la végétation locale présente sur le site (ormes, chênes, frênes, herbacées…) a ensuite été réalisé.
- La plantation de nombreux arbres jeunes et issus du bassin parisien a, enfin, été programmée.
Le futur village répondra à son cahier des charges environnemental initial : adaptation climatique, protection et développement de la biodiversité, respect du territoire par le recours à des espèces locales.
Cette meilleure prise en compte de la biodiversité en amont des projets est en passe de devenir un standard en matière d’aménagement urbain. De plus en plus d’opérateurs immobiliers conçoivent désormais leurs interventions à l’aune de critères de biodiversité : quotas de végétalisation, de pleine terre, gestion “zéro phyto”, création de continuités écologiques, ou encore action de sensibilisation des usagers via la création de parcours et d’espaces nature partagés…
Renaturer les sols artificialisés
Avec la renaturation des sols, un espace urbanisé, comme un territoire ou un quartier, peut être reconverti en surface de pleine terre. Le bitume cédant ainsi du terrain à la nature, la qualité de vie offerte aux habitants du quartier progresse considérablement. Mais la renaturation a surtout le mérite de permettre au sol de retrouver ses fonctions naturelles, comme l’infiltration des eaux de pluie, un enjeu déterminant pour répondre efficacement aux effets du changement climatique.
“Sur l’ensemble du Lot du Village des Athlètes opéré par Nexity, nous avons ainsi remis en pleine terre plus de 20% de l’espace total constructible. Ce sont des surfaces que nous rendons à l’écosystème, à la nature. Les projets immobiliers sont d’une grande complexité. Pour réussir ce type d’opération de renaturation, il faut pouvoir compter sur la mobilisation de tous les acteurs du projet, du plus grand au plus petit, des institutions publiques aux opérateurs privés, c’est un challenge collectif !” explique Mathieu Delorme, architecte chez Ateliers Georges Paysage.
Une approche complexe, mais qui présente d’innombrables bénéfices pour le territoire et semble faire son chemin parmi les acteurs de la ville : les exemples récents sont nombreux, comme à Toulouse, dans le cadre du réaménagement du quartier Jolimont.
“La renaturation favorise la lutte contre les îlots de chaleur urbains tout en atténuant la pollution de l’air, améliorant ainsi la qualité de vie en ville. Elle permet également de réduire les risques d’inondations grâce à une meilleure absorption des eaux pluviales. C’est enfin un support de biodiversité, encourageant la création d’écosystèmes au service des habitants qui profitent des services écosystémiques rendus par la nature”, explique Valentin Cavaillet de Natura City, qui accompagne les collectivités dans leurs projets de requalification urbaine à l’aune de la renaturation.
Préserver le patrimoine naturel existant
La prise de conscience environnementale fait de la préservation du patrimoine naturel des villes un enjeu essentiel aux yeux des citadins, de plus en plus soucieux du sort des sites naturels d’exception situés au cœur des villes.
Nexity Villes & Projets a placé cette attente au cœur du projet d’aménagement du site Renault-TRW à Saint-Jean-de-la-Ruelle, dans l’agglomération orléanaise. L’ancien site industriel, implanté dans le cadre exceptionnel des bords de Loire, site classé au patrimoine mondial de l’Unesco, fait l’objet d’une reconversion : la friche industrielle est en passe de céder la place à un quartier mixte regroupant près de 400 logements, un hôtel et des commerces en pied d’immeuble.
Dès la conception, le projet s’est efforcé de préserver les qualités naturelles du site, son paysage mais aussi sa biodiversité.
Restaurer des milieux naturels pour offrir des écosystèmes aux espèces animales et végétales
Pour réintroduire efficacement la nature en ville, les opérateurs urbains doivent également avoir la possibilité de réhabiliter et de restaurer des milieux naturels, dans le cadre de projets comportant des « zones de compensation écologique », mécanismes visant à contrebalancer les conséquences d’une opération de construction sur la biodiversité locale.
Dans le cas de la ZAC Berliet de Saint-Priest (69), l’étude d’aménagement en 2010 avait en effet révélé la présence d’espèces protégées d’amphibiens et d’avifaune. Deux zones naturelles ont donc été réalisées par Nexity Villes & Projets – pour un total de près de 13 hectares – afin de préserver les écosystèmes. Conçues pour répondre parfaitement au mode de vie de ces espèces, ces zones de compensation écologique se composent d’une variété d’éléments naturels, tels que des haies vives, des bosquets proposant des essences végétales à baies, des mares plus ou moins profondes ou encore des aires de galets propices au repos des amphibiens.
Dix ans après l’aménagement de la ZAC, les études de suivi du projet démontrent la bonne adaptation de la faune locale à ces nouveaux espaces, en témoigne la nidification de couples d’oiseaux sur le site.
Métropole de Bordeaux : 50 000 nouveaux logements, 50 000 ha de nature
Poursuivant un objectif de « zéro artificialisation nette », la métropole bordelaise souhaite renforcer la place accordée à la nature sur son territoire via une démarche baptisée « 50 000 logements, 55 000 hectares pour la nature ». Cette ambition impose aux élus de résoudre une délicate équation : répondre massivement à la demande de logements accessibles à tous sur le territoire, sans pour autant urbaniser de nouveaux espaces. « Une des voies consiste à reconstruire la ville sur elle-même, à densifier, explique Andréa Kiss, Vice-présidente en charge des espaces publics, de la voirie et du Fonds d’Intérêt Communal chez Bordeaux Métropole. Tout en gardant bien sûr le maximum de surface en pleine terre, en végétalisant des toitures et en débitumant là où c’est possible. Le PLU est aussi un outil fondamental à cet égard : on peut changer des zonages pour basculer des terrains à urbaniser en zone agricole ou naturelle. » Autres pistes envisagées : s’engager pour la renaturation du territoire en éliminant les îlots de chaleur et en végétalisation massivement. Symbole de cet engagement, Bordeaux Métropole s’est fixé pour objectif de planter au cours des prochaines années un million d’arbres sur son territoire. Dans l’espace public, cette opération pourrait concerner les nombreuses placettes, carrefours giratoires ou avenues. Elle pourrait également favoriser la création de micro-forêts dans différentes zones du territoire.