Mobilités douces en France : à mi-mandat, quel bilan pour les villes ?
Le printemps 2023 représente un point d’étape important pour les communes françaises : il correspond à la moitié des mandats municipaux en cours, démarrés peu après la promulgation de la loi d’orientation des mobilités. Parmi les responsabilités de ces collectivités locales, le transport constitue un morceau de choix. À mi-parcours, où en sont les projets visant notamment à améliorer les mobilités douces en France ? Tour d’horizon des tendances et projets, trois ans après les dernières élections municipales.
Il serait tentant de commencer cet aperçu des initiatives françaises en matière de mobilités douces par un focus sur la capitale. Mais trêve de parisianisme, même si on ne pourra évidemment pas éviter la métropole, hôte des Jeux Olympiques en 2024 et démarrons plutôt cet aperçu hexagonal par… la campagne de Haute-Marne.
Nous l’évoquions en février dernier, ce département rural du Grand Est ambitionne de se désenclaver. Des élus ont opté pour une solution déjà testée dans le Jura : remplacer des bus qui tournaient à vide par des transports à la demande qui font le plein. Jusqu’à la veille de leur trajet, les habitants peuvent réserver un véhicule reliant des communes isolées et faiblement peuplées. Résultat : en quelques années, les 15 lignes de bus ont été remplacées par 15 véhicules légers de 5 à 9 places plus économes en carburant et plus adaptés aux habitants.
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Projets d’ampleur à Paris
Quittons le calme haut-marnais pour la ruche parisienne. Extension de la ligne de métro automatique 14, ouverture de la nouvelle ligne de tramway 59, réaménagement post-Covid de la rue de Rivoli adapté aux vélos, gratuité des transports pour les moins de 18 ans, etc. : depuis 2020, la ville de Paris et la région Île-de-France ont confirmé leur engagement en matière des mobilités décarbonées.
Avec 8,5 millions de voyageurs qui empruntent quotidiennement les transports en commun franciliens, l’extension du réseau s’avère indispensable pour répondre aux besoins des habitants. Le Grand Paris Express, projet porté conjointement par l’État et les collectivités qui verra la prolongation de lignes existantes et la construction de nouvelles lignes de métro automatique, sera achevé à l’horizon 2030.
À terme, une spécificité locale, le RER (pour réseau express régional) ne sera a priori plus réservé à la région la plus peuplée du pays : des RER métropolitains annoncés par le gouvernement devraient être déployés dans les prochaines années autour d’une douzaine de grandes villes, comme Strasbourg, Bordeaux ou Grenoble.
Le vélo boosté par le Covid
Grâce au développement de sa location en libre-service, l’usage du vélo pour aller travailler en milieu urbain a augmenté au cours des dernières années, même s’il reste fortement minoritaire. En 2020 et 2021, en raison de la crainte de la promiscuité dans les transports collectifs, la crise sanitaire a accéléré ce changement de pratique. Comme le rappelle l’Insee, les compteurs automatiques de vélos installés par certaines collectivités ont mesuré une augmentation tous types de trajets confondus.
Les villes disposent de plusieurs leviers pour favoriser la pratique du vélo sur leur territoire. On peut évidemment citer la multiplication des pistes cyclables comme à Paris où 50 km de nouvelles pistes ont vu le jour à la suite du confinement. Les communes peuvent également revaloriser la prime à l’achat d’un vélo à assistance électrique (VAE) : à Lyon, celle-ci est passée de 100 à 500 euros. D’autres villes, comme Mérignac, ont mis en place un service de prêt de vélos électriques gratuit, tandis que sa voisine bordelaise a proposé des parkings vélo temporaires.
Ces initiatives permettent aux communes volontaristes de se démarquer. En août 2022, l’assureur en ligne français Luko a ainsi publié un baromètre de 90 villes dans le monde les plus favorables au vélo. Les villes de Strasbourg (11e), Bordeaux (12e), Nice (27e), Nantes (28e) et Paris (32e) figurent dans le top 50 du classement établi à partir de nombreuses données (accidents, état des voies cyclables, météo, etc.).
La gratuité des transports s’étend aux métropoles
Ces dernières années, près d’une quarantaine de collectivités ont opté pour la gratuité totale dans leur réseau de transports publics, y compris des agglomérations de plus de 100 000 habitants comme Dunkerque, Niort, Aubagne et Calais. De plus grandes agglomérations comme Nantes, Strasbourg ou Rouen, ont opté pour des dispositifs partiels : gratuité pour les jeunes ou les plus âgés, ou seulement les week-ends, ou en cas de pollution, etc.
Le 21 décembre 2023, Montpellier Méditerranée Métropole, qui regroupe 31 communes, deviendra la première métropole française à mettre en œuvre la gratuité des transports pour tous. Près de 500 000 habitants seront concernés par ce libre accès à bord des bus et tramways du réseau métropolitain. La collectivité locale justifie cette mesure vertueuse par quatre objectifs : mettre en œuvre la transition écologique, renforcer le pouvoir d’achat des familles, soutenir le commerce de proximité et mieux redistribuer l’impôt des Montpelliérains.
La ville du sud de la France s’inscrit dans les pas de Dunkerque, une communauté urbaine de 200 000 habitants qui a mis fin aux tickets de bus en 2018. L’exemple de la ville du Nord est clairement assumé par la métropole de l’Hérault qui précise sur son site que “près d’un an après la mise en place de la gratuité [à Dunkerque], 48 % des nouveaux usagers du bus viennent de la voiture”.