Archipel : l’ancienne friche transformée en écoquartier qui réinvente la relation entre l’homme et la nature
Interview de M. Rodolphe THOMAS, maire d’Hérouville Saint-Clair, Vice-Président de la Communauté urbaine Caen la mer et de la Région Normandie.
Avec le projet Archipel, c’est une nouvelle étape qui s’ouvre dans l’histoire, par ailleurs singulière, du développement d’Hérouville Saint-Clair, quel sens revêt-elle selon vous pour le territoire et pour ses habitants ?
Rodolphe Thomas : Ce projet d’aménagement urbain marque une nouvelle étape dans le développement de la ville d’Hérouville Saint-Clair. Il mise d’abord sur les atouts de la nature, entre le canal et l’Orne, à 12 km de la mer, avec une identité spécifique quasi-insulaire qui proposera un lieu de vie agréable, un environnement naturel stimulant, proche de l’eau, où les futurs habitants pourront se promener et profiter des avantages offerts par la nature et les activités de loisirs, de détente et de restauration à proximité.
L’Archipel, nom donné à ce futur Ecoquartier, sera composé de 4 hameaux d’habitation qui comporteront chacun une identité à la fois spécifique et plurielle avec un lien immédiat avec l’eau et la nature, indispensables à l’épanouissement et aux besoins des habitants.
Notre ambition est de créer une alliance inédite entre la nature et l’architecture. Hérouville Saint-Clair s’est toujours démarquée par sa capacité à se transformer, à reconstruire la ville sur la ville, à innover sur le plan architectural et urbanistique. Nous y construirons des logements individuels, publics, privés, en accession sociale à la propriété, ainsi que des commerces, un hôtel et des équipements publics pour créer une nouvelle dynamique et une cohésion sociale forte autour du bien-vivre ensemble.
Notre réserve foncière étant aujourd’hui limitée, le développement d’Hérouville Saint-Clair passe par la reconquête des dents creuses, telles que les friches, pour construire de nouveaux logements, avec un accent sur la mixité sociale et fonctionnelle. Nous sommes animés par une volonté politique forte de préserver les terres agricoles et de promouvoir la biodiversité.
Sur un plan opérationnel, Archipel bénéficie du statut de Projet d’Intérêt Majeur (PIM), quelles conséquences ce statut emporte-t-il pour le projet ?
Rodolphe Thomas : Ce Projet d’Intérêt Majeur a permis à de nombreux partenaires, services de l’Etat et collectivités locales, de travailler ensemble, avec la SPLA Caen Presqu’île, pour accompagner les mutations urbaines de notre territoire en garantissant une coordination très forte entre les différents acteurs impliqués.
Il a permis de mobiliser des financements nationaux et européens pour faciliter la reconquête des friches urbaines ainsi que la dépollution du site et de construire des partenariats avec des acteurs majeurs comme l’Etablissement Public Foncier de la Région Normandie qui a mobilisé des outils de portage foncier et financier dans le cadre de l’aménagement urbain. Enfin, le PIM a permis de rationaliser les coûts d’investissement publics et de gérer des problématiques communes : gestion des sols, mobilités, stationnement.
Dans le projet d’aménagement de notre Presqu’île, Hérouville Saint-Clair a fait le choix de mettre en place sa propre ZAC communale, tout en restant partenaire du Projet d’Intérêt Majeur et de la SPLA Caen Presqu’ile.
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À l’heure où les grandes métropoles semblent perdre de leur attractivité au profit des villes de taille plus modeste, quelles retombées en attendez-vous pour votre ville et plus largement pour l’agglomération caennaise ?
Rodolphe Thomas : Ce nouveau quartier est une opportunité pour les nouveaux habitants de l’agglomération caennaise car il est au cœur du bassin de Caen qui est le poumon économique de la Communauté urbaine. Non seulement il permet de limiter l’étalement urbain de la Plaine de Caen et l’artificialisation des terres, conformément aux orientations de la loi Climat et Résilience, mais il permettra également aux futurs habitants de réduire les distances travail-domicile et les coûts liés à la facture énergétique. Le recyclage de friches industrielles représente une réelle opportunité de développement qui concilie enjeux d’habitats et enjeux écologiques.
Ce futur Ecoquartier Archipel sera exemplaire en matière d’économie sobre, verte, innovante et durable. A l’ère du changement climatique, il est important de construire des villes qui prennent en compte la lutte contre le réchauffement climatique qui intègre la réduction des gaz à effet de serre. Avec ce nouveau projet urbain, notre ambition est aussi d’accueillir de nouveaux habitants dans notre ville et à l’échelle de notre territoire, afin de renforcer notre attractivité économique et sociale.
En baptisant Archipel la reconversion de cette ancienne emprise industrielle de la Presqu’île hérouvillaise, vous avez souhaité mettre l’accent sur la relation entre la ville et son canal. Comment cette orientation se traduira-t-elle dans le projet et à plus long terme dans la vie du futur quartier ?
Rodolphe Thomas : Les quatre rives du Canal et de l’Orne sont une formidable opportunité pour permettre aux habitants de se réapproprier la nature et l’écosystème de la vallée de l’Orne. Il n’y a plus de ville durable sans espaces naturels ni espaces urbains résilients.
Derrière ce projet, il y a aussi la volonté de renouveler l’attractivité de la vallée de l’Orne et de créer de nouveaux liens urbains avec la commune de Colombelles, en offrant aux futurs habitants un cadre de vie inédit avec des espaces de récréation et de détente, créant un nouveau rapport de l’homme à la nature.
Le projet d’aménagement urbain du quartier Achipel tiendra compte de l’écosystème du lieu avec des jardins d’eaux qui accueilleront les eaux pluviales, en respectant la biodiversité des espaces et des espèces.
Dans ce projet urbain, nous donnerons la priorité aux transports collectifs et aux mobilités douces (vélos, piétons), avec à terme des transports en site propre et le développement de navettes fluviales innovantes pour traverser le canal et rejoindre la Presqu’île de Caen.