Quand l’aménagement de l’espace urbain sauve des vies
Redécouverte lors de l’épidémie de Covid, la valeur des espaces verts en ville suscite aujourd’hui un intérêt accru.
À RETENIR :
- En 2023, les espaces verts urbains ont sauvé environ 22.000 vies et prévenu plus de 275.000 pathologies, notamment le diabète et des troubles mentaux, démontrant leur impact crucial sur la santé des citadins.
- Les bénéfices économiques de la végétalisation des villes en France sont estimés à 2,3 milliards d’euros en 2023, grâce à la réduction des dépenses de santé et des pertes de production, avec un retour de 0,70 euro par euro investi.
- Les villes françaises offrent en moyenne 50 m² d’espaces verts par habitant, bien au-dessus des 10 m² recommandés par l’OMS, répondant à une forte demande des citoyens pour contrer le changement climatique.
- La végétalisation urbaine doit être planifiée en fonction des besoins locaux et des contraintes techniques, avec des priorités sur les zones déficitaires en végétation et les populations vulnérables, grâce à des outils comme ceux développés par le Cerema.
Redécouverte lors de l’épidémie de Covid, la valeur des espaces verts en ville suscite aujourd’hui un intérêt accru. On connaissait la contribution des rues arborées, parcs, jardins ou terrasses végétalisées à la lutte contre le phénomène des îlots de chaleur ou leur rôle dans la qualité de vie en ville. Une étude publiée en juin dernier par le cabinet Asterès pour l’Union nationale des entreprises du paysage révèle aujourd’hui l’ampleur de leur impact sur la santé des citadins. Un seul chiffre, 22.000 vies sauvées en 2023 grâce aux espaces verts en ville, suffit à résumer l’enjeu, à la fois environnemental et sanitaire.
Les impacts sanitaires et économiques positifs de la végétation en ville
Mais comment mesure-t-on l’impact sanitaire d’un square ou d’un parc public ? L’étude Asterès s’est appuyée d’une part sur l’analyse de plus de 70 études et rapports internationaux sur le sujet et d’autre part sur la modélisation de 72 zones urbaines en France. Les espaces verts représentent 34% de la surface totale de ces zones, où vit un tiers de la population française. Conclusion : stress, asthme infantile, diabète, ou encore santé mentale… l’accès à un jardin, un parc ou un square permet d’éviter un grand nombre de pathologies et de risques. Les espaces de nature en ville ont ainsi prévenu plus de 275.000 pathologies, dont 145.000 cas de diabète chez les seniors, ou encore évité 95.000 prescriptions d’anti-dépresseurs chez les moins de 65 ans.
Au-delà des effets sur la santé, les auteurs de l’étude se sont attachés à chiffrer l’impact économique de la nature en ville. Ils estiment à au moins 2,3 milliards d’euros la valeur créée en 2023, avec plus de 520 millions d’euros de dépenses de santé et de pertes de production évitées, auxquelles s’ajoutent 1 million d’euros lié à la prise en charge de l’asthme infantile ou encore 1 million d’euros à celle des patients souffrant des fortes chaleur. Formulé autrement, la végétalisation n’est pas un coût mais un investissement : chaque euro dépensé dans les espaces verts générant 0,70 euros de valeur sanitaire et environnementale pour la collectivité.
Les villes françaises offrent en moyenne cinq fois plus que les 10 m2 d’espaces verts préconisés par l’OMS.
Aujourd’hui, selon le Palmarès 2023 des villes les plus vertes de France établi par l’Observatoire des villes vertes, les villes françaises offrent 50 m2 en moyenne d’espaces verts par personne à leurs habitants. Moins que la moyenne européenne mais cinq fois plus que les 10 m2 préconisés par l’Organisation Mondiale de la Santé. Nombreuses à conjuguer aménagements urbains et végétalisation, les collectivités savent qu’en prenant soin de la santé de leurs administrés, elles répondent à une attente forte : dans une enquête Harris interactive réalisée début janvier 2024, 89% des répondants plaçaient d’ailleurs le développement de la végétation en ville en haut de la liste des solutions pour répondre aux enjeux du changement climatique.
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Végétaliser est un geste d’aménagement urbain qui tient compte des besoins, des possibilités et des contraintes
Planter des arbres, végétaliser les toitures, aménager des espaces verts, la végétalisation des villes répond à la fois aux attentes de la populations mais aussi à des enjeux spécifiquement urbains tels que la gestion des eaux pluviales (elle contribue à réduire le volume des eaux urbaines de ruissellement et participe ainsi à la limitation des inondations), le rafraîchissement lors d’épisodes de chaleur, l’amélioration du cadre de vie…
La végétalisation urbaine passe par l’identification des espaces où il est à la fois possible et utile de planter.
Encore faut-il, dans un contexte de changement climatique, s’adapter aux différentes contraintes urbaines et identifier les sites à végétaliser. Pour aider les élus et les services techniques, le Cerema a ainsi développé une approche complémentaire pour identifier les secteurs prioritaires nécessitant une végétalisation, c’est-à-dire des espaces où il est à la fois possible et utile de planter.
Il recommande de considérer en priorité les espaces déficitaires en végétation, évalués à partir d’une cartographie des arbres et arbustes (interprétation des données LiDAR fournies par l’IGN), ainsi que les fonciers publics et les secteurs de projet de la collectivité.
Il faut par ailleurs tenir compte de la répartition spatiale des habitants sur la commune, en particulier les populations pouvant prioritairement bénéficier de ces espaces tels que les personnes âgées, jeunes enfants, ménages à faible revenu, et évidemment des différentes contraintes techniques (bâti, voirie, réseaux…) impactant les possibilités de plantation.
