À Romainville, la première cité maraîchère sort de terre
Alors que le dernier troupeau de vaches quittait les terres de Romainville en 1964, la municipalité renoue aujourd’hui avec son passé agricole en construisant une cité maraîchère au coeur du quartier Marcel Cachin.
Face à la crise écologique actuelle et des citoyens de plus en plus préoccupés par leur alimentation et leur santé, la tendance est à la réhabilitation de l’agriculture en ville. Trop longtemps considérés comme adversaires, ville et campagne cohabitent désormais à nouveau, intégrant une vision plus responsable, pédagogique et collective.
Un véritable “laboratoire vivant” pour l’agriculture urbaine
Au coeur de cette reconquête agricole, la ville de Romainville située dans le département de la Seine-Saint-Denis est aujourd’hui sur le devant de la scène. Cette ville de 25 000 habitants vient en effet d’annoncer la construction de la première cité urbaine et verticale de France. Avec plus de 1000m2 de surface exploitable pour l’agriculture urbaine, répartis sur deux tours dont la plus haute fera 24 mètres, la cité de Romainville s’articulera autour de trois axes.
Tout d’abord, l’exploitation maraîchère : les deux tours constitueront en effet des espaces dédiés à la culture de fruits et légumes. Les auteurs du projet promettent d’ailleurs une récolte pouvant aller jusqu’à douze tonnes par jour, soit l’équivalent de la consommation journalière en fruits et légumes de 200 familles. Un défi ambitieux rendu possible grâce à des méthodes d’exploitation innovantes : carottes, tomates et autres fruits et légumes pousseront en effet selon une technique de culture hors-sol aussi appelée hydroponie ou hydroculture. Jadis utilisée par les Aztèques, la culture hors sol consiste à cultiver des végétaux dans des substrats issus à 100% de produits organiques, sans pesticides, sans engrais chimique, sans chauffage ni lumière artificielle.
Si l’objectif n’est évidemment pas de nourrir toute la commune, “l’idée, c’est qu’une partie de la production soit réservée à des petits budgets” précise Yann Fradin, Directeur Général de l’association Espaces et également futur gestionnaire de la cité maraîchère de Romainville dans un article paru sur le parisien.fr.
La cité maraîchère de Romainville projette en effet de proposer des produits frais et à prix réduits pour les petites bourses. Les habitants du quartier pourront ainsi venir acheter leurs fruits et légumes aux pieds des serres mais aussi les déguster directement à la cantine-café située au rez-de-chaussé. Car en plus de proposer des produits en circuit très court, la cité de Romainville ouvrira également ses portes à différents espaces de vente, de restauration et d’évènementiel.
La cité abritera enfin un centre de sensibilisation et de formation à l’agriculture urbaine, ouvert aux professionnels et aux particuliers ainsi qu’un espace dédié aux enfants. L’un des objectifs majeurs de ce “laboratoire vivant” est effectivement de créer des rencontres, du lien social entre les habitants et de les sensibiliser dès le plus jeune âge aux enjeux de l’agriculture. Des ateliers de sensibilisation et des formations seront ainsi proposés pour les établissements scolaires comme pour le grand public tout au long de l’année.
D’autres initiatives fleurissent partout en France
Si la cité maraîchère de Romainville est une première, d’autres acteurs partout en France investissent d’ores et déjà les toits de quartiers, les sous-sols des immeubles ou animent des fermes périurbaines. Toujours en Île-de-France, une ferme écologique éphémère s’est par exemple installée pendant plus d’un an le long du canal de l’Ourcq à Bobigny. Subventionnée par Est Ensemble – l’un des quatre établissements publics territoriaux de Seine Saint Denis – cette ferme a rapidement revêtu plusieurs formes : ruches, hôtel à insectes, houblonnière, poulailler, forêt mobile de plantes sauvages, légumes anciens cultivés dans la paille ou encore herbier médicinal, les productions étaient en effet diverses et variées. À cela venait s’ajouter une multitudes d’évènements : ateliers de jardinages, brunchs, concerts, etc.
Si on s’éloigne maintenant de la capitale, à Nantes ou encore à Lyon, une multitudes de lieux de production, de recherche, de commercialisation, de sensibilisation aux enjeux agricoles sortent également de terre.
À Nantes par exemple, le potager de la Cantine a été inauguré début mai. Conçu par l’agriculteur Olivier Durand, l’architecte Etienne Péneau et le Patron de la Cantine Philippe Clément, ce potager d’un nouveau genre vise à “transformer l’hostilité urbaine en île végétale au coeur de la ville”. Avec 900m2 d’emprise au sol, 650m2 de surfaces cultivées et 2 230 palettes transformées en bacs et plateforme, le potager nantais offre au grand public une vaste quantité de fruits, légumes et autres herbes aromatiques. Pensé également comme un outil pédagogique, ce potager défend la volonté de “nourrir les foules et non les quelques privilégiés gastronomes”. À la Cantine, tous les légumes sont donc proposés autour d’un menu affiché à 10€ le midi et 13€ le soir.
Le paysage change mais les objectifs restent les mêmes aux abords du périphérique de Lyon. Dans la petite ville d’Écully, s’étendent sur 8 hectares de terres, des arbres, herbes et légumes biologiques. Plusieurs acteurs se partagent les lieux, notamment la ferme de l’Abbé Rozier qui cultive les sols et propose à la vente ses produits bio ou encore la serre-pilote conçue par Refarmers.
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