Animations sur la place centrale d’Astaffort lors du festival ‘Pas Pareil’ © Crédit photo : Photo J.-L. D
Publié le 16.11.21 - Temps de lecture : 3 minutes

À Rennes comme à Astaffort, quand les habitants « se redécouvrent » grâce au handicap

700 000 Français ont une forme reconnue de handicap mental et 12 millions sont porteurs d’un handicap physique, une différence qui ne se voit pas toujours et qui n’est pas, si elle a pu l’être, un obstacle à l’inclusion dans la vie publique. La preuve à Astaffort (Lot-et-Garonne) où la communauté de l’Arche en Agenais organise le festival « Pas Pareil », à Rennes ou encore sur les Champs-Élysées où sont situés des enseignes Café Joyeux, cafés qui forment et emploient des serveurs et cuisiniers porteurs d’un handicap mental ou cognitif.

Tous les habitants d’une ville ou d’un village ne se ressemblent pas et heureusement. La différence cultive les échanges et favorise la création d’initiatives de partage et de convivialité au niveau local. À Astaffort près d’Agen, l’association de l’Arche accueille près de 30 personnes adultes ayant un handicap mental. Depuis sa création en 1999, cet établissement médico-social agréé par le Conseil Général du Lot-et-Garonne s’est inscrit dans une démarche d’ouverture avec le petit village de 2 000 habitants avec quatre foyers de vie, un centre d’activités et des échanges permanents avec les acteurs locaux (ville, artisans et commerçants, associations…). « Toute la démarche d’inclusion est de permettre aux personnes d’être pleinement considérées comme citoyennes, de créer des choses ensemble » témoigne Nicolas Lopin, directeur de la communauté de l’Arche en Agenais. « Au bout de 20 ans d’existence et de vie commune avec les habitants d’Astaffort, nous avions envie de créer un grand festival pour réunir toutes ces personnes. » Le festival « Pas Pareil » est né et a rassemblé 1 500 festivaliers en juin 2019. « Les habitants d’Astaffort étaient présents en grand nombre, cet événement m’a démontré que des personnes de tous horizons sont capables de partager pleinement des moments de joie et de fête » se souvient une bénévole de l’événement. Théâtre, cirque, concerts, jeux adaptés et autres animations avaient animé la journée des participants.

Les personnes les plus vulnérables ont cette incroyable faculté de fédérer autour d’elles.

Un succès pour la communauté de l’Arche et pour la commune d’Astaffort qui ont fédéré les acteurs locaux autour d’un moment de fête et de partage. Même constat à Rennes où les huit équipiers du Café Joyeux (NDLR : les personnes avec un handicap mental qui travaillent dans le café-restaurant) ont amené beaucoup de joie au quartier et à ses commerçants. Yann Bucaille, fondateur de Café Joyeux raconte une anecdote qui montre toute l’importance qu’ont pris les équipiers dans le cœur de leurs voisins. « L’un de nos équipiers, Vianney, arrive tous les jours une demi-heure ou une heure en avance pour venir dire bonjour à tous les commerçants du quartier. Pour lui, c’est nécessaire, sinon il est stressé. Et ensuite il se met devant le café et reste jusqu’à l’ouverture. L’autre jour il était en vacances, tous les commerçants se sont inquiétés et sont venus demander de ses nouvelles, alors qu’au début, ils le trouvaient bizarre ! Aujourd’hui ils prennent soin de lui. Je suis persuadé que les personnes vulnérables, dès l’instant où on leur laisse une petite place, rassemblent, fédèrent ! Nos équipiers joyeux ont la capacité – malgré les crises de larmes, les colères – à être très attachants. ».


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L'équipe du Café Joyeux sur les Champs Elysées © Crédit photo : Café Joyeux

© Crédit photo : Café Joyeux

 

Alors comment réussir ces démarches d’inclusion dans les villes ? « Le plus important c’est la posture » assure Nicolas Lopin, puis ajoute « quand une collectivité ou une association dit « on va faire », c’est souvent dans le « pour » et pas dans le « avec », le danger c’est de ne pas laisser faire ». Pour lui, « en tant que responsable du monde associatif, et c’est de même pour les élus, l’une des missions est de favoriser l’unité, c’est pourquoi il faut favoriser le fait que les personnes soient au cœur du projet en étant actrices ». En sortant des logiques de performance traditionnelle, des associations comme l’Arche à Astaffort ou de véritables entreprises solidaires comme Café Joyeux prennent vie avec les personnes les plus vulnérables comme piliers des organisations.

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