Des zones rurales aux franges urbaines, quelles solutions contre les déserts médicaux ?
Les déserts médicaux concernent 80 % du territoire français. Si ce phénomène s’est longtemps cantonné aux zones rurales, il touche désormais également les franges des grandes agglomérations. Mais des solutions existent pour y remédier. Tour d’horizon.
À RETENIR
- Les déserts médicaux touchent désormais 80 % du territoire français, incluant les zones rurales mais aussi les franges urbaines comme la Seine-Saint-Denis, où 93 % de la surface est concernée. Les causes principales incluent le vieillissement des populations et des médecins, ainsi qu’une évolution des attentes professionnelles des praticiens.
- Parmi les initiatives, on note les médicobus itinérants (téléconsultations avec infirmiers) et les Maisons médicales digitales en zones prioritaires. La SNCF prévoit d’installer 300 espaces de télémédecine en gares d’ici 2028, tandis que des projets citoyens, comme à Toulouse, réclament la création de pôles de santé adaptés.
- Des réseaux comme Médecins Solidaires proposent aux praticiens de s’engager ponctuellement dans des zones sous-dotées. L’initiative a permis la création de centres de santé actifs presque toute l’année, avec pour ambition de développer 21 nouveaux sites d’ici trois ans.
- Les Maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP), promesse du président Macron, ont triplé depuis 2017, passant de 910 à plus de 2 500 en 2024. Ces structures regroupent diverses spécialités, répondent aux besoins locaux et facilitent la coordination entre professionnels de santé.
Un constat accablant. L’offre de soins libérale est insuffisante pour quelque 25,3 millions de patients en France selon l’UFC-Que Choisir, ce qui touche environ 80 % du territoire. Contrairement aux idées reçues, ces carences concernent de plus en plus les franges des grandes villes. Ainsi, la Seine-Saint-Denis connaît le triste record d’être le premier désert médical du pays, avec près de 93 % de sa surface désormais considérée comme telle par l’Agence régionale de santé d’Île-de-France. Les causes sont multiples.
La population française vieillit, tout comme celle des médecins, dont le nombre ne cesse de diminuer. Selon Gabriel du Passage, directeur des opérations au sein de l’association Médecins Solidaires, dont l’action vise à proposer une offre de soins dans ces zones qui en sont dépourvues, deux sujets majeurs amplifient cette pénurie : une probable surconsommation de soins des patients et un rapport différent au travail. « Aujourd’hui, les praticiens veulent un meilleur équilibre entre vie personnelle et professionnelle », constate-t-il. « Le médecin de campagne qui travaille 6 jours sur 7, c’est terminé ».
Il ne faut pas tout attendre des politiques publiques.
Gabriel du Passage
Selon lui, la solution ne peut pas uniquement passer par une augmentation du numerus clausus dans les universités. « Une hausse du nombre de médecins ne va pas arithmétiquement solutionner le problème », prévient-il. « Il faut davantage répartir les responsabilités des soins, et en déléguer certaines à d’autres professionnels de santé, aux infirmières en pratique avancée, par exemple, qui peuvent réaliser certaines prescriptions ». Autre solution, l’exercice de médecins étrangers sur le territoire : on les estimait à un peu plus de 10 % au 1er janvier 2021. L’UFC-Que Choisir préconise quant à elle de restreindre l’installation des professionnels dans les zones saturées.
Des initiatives locales
Bien que la réduction des inégalités territoriales en matière de santé incombe à l’État, les collectivités locales disposent également d’une certaine latitude pour agir.
La Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) est un réseau de professionnels de santé qui organisent les soins de proximité sur un territoire.
L’ARS de Nouvelle-Aquitaine a ainsi commencé une expérimentation dans le Lot-et-Garonne en déployant un médicobus itinérant, offrant des téléconsultations avec une infirmière sur place et un médecin à distance. Sur le même principe, la Seine-Saint-Denis a mis en test un bus dédié à la santé bucco-dentaire.
La télémédecine est un pilier sporadique certes, mais efficace. La cité Castellane de Marseille a ainsi édifié une Maison médicale digitale offrant aux habitants la possibilité d’accéder rapidement à des téléconsultations avec des médecins exerçant dans les environs.
Autre initiative d’ampleur : la SNCF va installer d’ici 2028 des espaces de télémédecine dans environ 300 gares situées dans des zones d’intervention prioritaires. Ils permettront de prendre en charge des patients via des téléconsultations, sous la supervision d’infirmiers et de médecins libéraux qui pourront y consacrer du temps.
Face à la désertification médicale dans le centre-ville de Toulouse, un collectif d’habitants se mobilise. Avec le départ de 13 médecins généralistes et deux dentistes non remplacés, ils réclament la création d’un pôle de santé dans le projet immobilier prévu sur le site de la cité administrative pour 2025. La zone fait d’ailleurs l’objet d’une Orientation d’aménagement et de programmation par la mairie de Toulouse, qui travaille en lien avec le Conseil départemental de l’ordre des médecins.
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Des « Médecins Solidaires » dans les plus petites villes
« Il ne faut pas tout attendre des politiques publiques », nuance néanmoins Gabriel du Passage. « Le système de santé est aujourd’hui malade, et sa guérison viendra d’initiatives de médecins, pas de l’État seul, et plus largement d’une union des forces et d’une meilleure coopération ».
Le collectif Médecins Solidaires, initié par le docteur Martial Jardel, propose aux généralistes qui le souhaitent d’exercer une semaine par an dans un cabinet situé dans une zone où l’offre de soins est insuffisante. La commune met à disposition un local et le matériel médical et le collectif se charge des frais annexes : administration, logements, transports et embauche de secrétaires médicales. Un premier test dans la Creuse ayant fait ses preuves, l’association en est à l’ouverture de son cinquième cabinet. Des centres de santé actifs 50 semaines sur 52, du lundi au samedi, et des médecins généralistes en provenance de toute la France. L’objectif étant d’ouvrir 21 centres dans les trois années à venir. « Il y a 80 000 généralistes en France. Si 10 % d’entre eux entraient dans notre collectif, nous ouvririons alors 150 centres de santé », avance-t-il.
Promesse électorale du président Macron : le nombre des centres et Maisons de santé pluriprofessionnels (MSP) a quasiment triplé sur le territoire français, passant de 910 établissements de ce type en 2017 à plus de 2 500 en 2024. Elles répondent ainsi aux attentes conjuguées des patients comme du personnel médical. Ces structures mutualisent les prestations de soins en regroupant en un même centre des équipes pluridisciplinaires.
Face à l’ambitieux objectif fixé par l’exécutif d’ouvrir 4 000 MSP d’ici 2027, le promoteur Nexity s’est positionné sur ce marché très porteur. Leur construction est finalement assez peu différente dans les réglementations de celle d’espaces classiques de bureaux, si ce n’est qu’elles se doivent d’être conformes aux établissements recevant du public (ERP). Les locaux techniques y sont, par ailleurs, plus vastes pour offrir un confort d’usage, et les flux techniques doivent également être maîtrisés, avec une accessibilité pour les ambulances notamment. Un produit de plus en plus incontournable dans le développement de nouveaux quartiers.