Publié le 20.02.25 - Temps de lecture : 3 minutes

La Salle à Manger : un restaurant solidaire au cœur de La Défense

À La Défense, un restaurant pas comme les autres a trouvé sa place au milieu des tours. À La Salle à Manger, salariés du quartier et personnes en grande précarité partagent la même table. Reportage sur place.

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À RETENIR

  • La Salle à Manger, située à La Défense, accueille aussi bien des salariés que des personnes en grande précarité, favorisant la mixité sociale grâce à une cuisine maison accessible à tous.
  • Les repas sont proposés à prix modéré (12-15 €) pour les travailleurs et à 1 € pour les bénéficiaires d’associations, permettant à des publics habituellement isolés de se rencontrer.
  • En plus de son rôle de restauration, l’établissement sert d’atelier chantier d’insertion (ACI), accompagnant les personnes éloignées de l’emploi vers des formations et un retour à l’activité.
  • Le restaurant lutte contre le gaspillage alimentaire grâce à une gestion optimisée des ressources et un modèle qui pourrait être adapté à d’autres territoires sous réserve de soutiens locaux.

Ce lundi de février, dehors, le ciel est gris, mais à l’intérieur, la salle déborde de vie. Dans ce restaurant pas comme les autres, on se retrouve, on échange et on partage bien plus qu’un repas. En plein cœur de La Défense, la Salle à Manger est un restaurant solidaire où la mixité sociale est une réalité quotidienne. Ici, les cadres des tours voisines côtoient des personnes en grande précarité autour d’une cuisine faite maison, accessible à tous. Fondé par Antoine De Tilly, le projet repose sur une économie sociale et solidaire, associant bénévoles, repas à prix modérés et insertion professionnelle. Une initiative qui prouve que La Défense est plus qu’un quartier d’affaires.

Un restaurant solidaire où tout le monde a sa place

Ici, pas de réservation. « Premier arrivé, premier servi », résume Stéphanie Etesse Taltasse, Directrice d’exploitation de la Salle à Manger. Ce qui frappe en entrant ? L’absence de distinction entre les clients. Car à cette table, les statuts s’effacent. D’un côté, des salariés en costume profitent d’un menu du jour à 12-15 euros. De l’autre, des personnes en précarité qui, grâce à une carte distribuée par des associations partenaires, peuvent déjeuner pour seulement 1 euro. Une initiative qui permet non seulement de répondre à une précarité alimentaire grandissante, mais aussi d’encourager les échanges « entre des publics qui, d’ordinaire, ne se croisent pas » poursuit la directrice.

Un projet né d’un constat alarmant

À l’origine de La Salle à Manger, il y a Antoine De Tilly, directeur de la Maison de l’Amitié, un accueil de jour pour les personnes sans domicile fixe du quartier. Son constat de départ : les personnes en grande précarité souffrent, d’isolement et de mal nutrition et la majorité des structures sociales ferment entre midi et 14 heures, laissant les bénéficiaires livrés à eux-mêmes pendant le déjeuner. « L’idée était de créer un lieu où ils pourraient se poser, manger correctement et garder un lien avec les travailleurs sociaux », explique Stéphanie Etesse Taltasse.

Grâce au soutien du diocèse de Nanterre, qui met les locaux à disposition pour un loyer modique, le projet voit le jour en novembre 2021. Rapidement, l’initiative prend de l’ampleur, attirant des bénévoles et séduisant des salariés du quartier.


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Un tremplin vers l’emploi pour les plus précaires

Mais La Salle à Manger ce n’est pas qu’un restaurant solidaire. C’est aussi un atelier chantier d’insertion (ACI), qui accompagne des personnes éloignées de l’emploi vers une réinsertion professionnelle. « L’idée, c’est de leur redonner confiance, de lever les freins administratifs et sociaux, et de leur permettre d’accéder à des formations qualifiantes », détaille Stéphanie Etesse Taltasse.

Une cuisine engagée et anti-gaspi

Au-delà de son rôle social, La Salle à Manger s’inscrit dans une démarche éco-responsable. Tous les plats sont préparés à partir de produits bruts, avec une carte qui change chaque jour en fonction des arrivages. « On travaille avec 70 % d’achats et 30 % de dons. L’idée, c’est de limiter le gaspillage et de valoriser chaque ingrédient », précise Stéphanie Etesse Taltasse.

Les restes alimentaires sont transformés en nouvelles recettes ou compostés sur un site dédié. Un modèle circulaire qui répond aux enjeux de durabilité tout en garantissant une cuisine de qualité.

À La Défense, un restaurant pas comme les autres a trouvé sa place au milieu des tours. À La Salle à Manger, salariés du quartier et personnes en grande précarité partagent la même table.

Un modèle à dupliquer ?

Trois ans après son ouverture, La Salle à Manger a trouvé son public. Avec une fréquentation quotidienne d’environ 100 couverts, dont 50 % de personnes en précarité, le pari de la mixité est réussi. Mais peut-on dupliquer ce modèle ailleurs ?

Pour Stéphanie, la réponse est oui, à condition de trouver des soutiens locaux et d’adapter le concept aux réalités de chaque territoire. « Notre force, c’est d’être implantés à La Défense, un lieu de passage où se croisent des populations très différentes. Mais il y a sûrement d’autres endroits où ce type d’initiative aurait du sens », conclut-elle.

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