La concertation, comment ça marche ? L’exemple de Toulouse-Jolimont
À Toulouse, dans le quartier Jolimont, les habitants sont invités à participer au réaménagement de leur cadre de vie.
Pas de projet urbain sans concertation. Qu’elle relève, selon l’ampleur ou la nature du projet, d’une obligation légale, de la volonté de la collectivité territoriale compétente ou de celle du porteur du projet lui-même, la concertation s’est désormais imposée comme une étape incontournable de la fabrique de la Ville. Et pour cause, si elle est encore parfois vécue par certains acteurs comme un passage obligé, elle constitue aussi, dans une société de plus en plus pénétrée par les principes de la démocratie participative, le gage de l’acceptabilité à terme du projet par les populations concernées, et donc, au final, de son succès.
Encore faut-il pour cela jouer le jeu vraiment, c’est-à-dire à la fois se donner les moyens de toucher et d’impliquer un grand nombre d’habitants dans cet exercice parfois périlleux, mais aussi traduire en actes les opinions et les souhaits qui y auront été exprimés. Dans cette optique, nombre de projets font à l’heure actuelle l’objet d’expériences innovantes visant à une meilleure association des habitants aux évolutions futures de leur cadre de vie.
C’est le cas notamment à Jolimont, une station de métro de l’agglomération toulousaine, mise sous les projecteurs par « Dessine-moi Toulouse », l’appel à projets urbains innovants lancé en mai 2018 par Toulouse Métropole.
Station aérienne d’un réseau de métro qui n’en compte que deux, Jolimont en constituait également, jusqu’à 2003 et le prolongement de la ligne A, l’un des terminus. A ses pieds, un parking relais encore largement utilisé, témoigne de l’ancienne vocation d’un site lui-même au cœur d’un quartier à l’aube d’une série de transformations profondes, qu’il s’agisse du projet Guillaumet, c’est-à-dire la reconversion en quartier d’habitation de l’ancien Centre d’essais aéronautiques de Toulouse, ou encore de l’installation au sein de l’immeuble historique Latécoère d’une Cité administrative et de ses 1350 salariés.
L’opportunité donc, pour ce lieu de passage comme pour ses abords de prendre une nouvelle dimension, avec, pour les porteurs du projet lauréat (Nexity, Engie Aire Nouvelle et Architectes Singuliers), un parti-pris, celui d’utiliser les ressorts de la concertation pour ancrer davantage Jolimont dans la vie sociale du quartier et l’imaginaire de ses habitants.
En écoutant les habitants à l’heure de la conception du projet d’abord. Accompagnée par Architectes In VIvo, agence toulousaine spécialisée dans la participation, l’équipe du projet a d’abord cherché à multiplier les rencontres et le dialogue avec les habitants : meet-up, micro-trottoirs et échanges spontanés ont ainsi permis d’identifier certaines attentes fortes, la volonté de retrouver des espaces publics végétaux et celle de voir s’impulser une nouvelle dynamique autour d’une place de quartier vivante et bordée de commerces.
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En mettant la co-construction au cœur de la transformation de Jolimont ensuite. Premier équipement du projet My Jolimont, une Station Citoyenne matérialisera cet engagement pour « devenir un centre névralgique d’où les énergies entrent et ressortent ». Un lieu qui sera ouvert au quotidien, où Architectes In Vivo assurera du reste une permanence hebdomadaire, qui accueillera des ateliers de co-construction et de co-conception ainsi qu’un espace d’exposition et de sensibilisations aux futures évolutions urbaines.
Un lieu d’accueil donc, qui contribuera à la vitalité du quartier en collaboration avec les acteurs locaux (Chouette Coop, Partageons les Jardins, la maison de retraite, la résidence Ô Jeunes, le centre social Jolimont), permettra une pédagogie exigeante quant aux travaux engagés et où se décidera aussi une partie de la nouvelle identité du site et de ses abords. Les espaces publics feront ainsi l’objet d’une concertation innovante, suivant en cela la méthodologie du « faire-ensemble » : jeunes et actifs seront ainsi invités à prototyper certains aménagements urbains, qu’il s’agisse du mobilier de repos et de rencontre ou encore du potager, lors de chantiers participatifs.
Le pari de My Jolimont, c’est au final celui d’une nouvelle manière de faire la Ville où la co-construction prolonge les effets de la concertation pour permettre à la participation citoyenne de prendre tout son sens. Une innovation aujourd’hui et demain peut-être le nouveau standard.