Publié le 27.04.21 - Temps de lecture : 4 minutes

Crise sanitaire : que peut la ville pour les étudiants ?

Universités fermées, isolement social, précarité croissante… Les étudiants sont loin d’être épargnés par la crise de la Covid-19. Alors que de nombreuses enquêtes alarment les décideurs sur la précarité et les difficultés psychiques des étudiants, des initiatives solidaires se déploient partout sur le territoire. Associations, acteurs privés et collectivités innovent alors ensemble pour se mettre au service des jeunes les plus sévèrement impactés. Quelles dynamiques sont mises en place ? Comment les acteurs privés et publics de la fabrique urbaine peuvent-ils se mobiliser ? Et de quelle manière pérenniser ces actions solidaires ? 


Des Kapseurs animent des temps de jeux dans leur quartier ©️Lucille Labarbarie

Depuis déjà plus d’un an, la crise sanitaire de la Covid-19 frappe durement l’ensemble de la société. Les étudiants n’échappent pas à la situation et sont durement touchés par les mesures sanitaires mises en place par le pouvoir exécutif. Pour une population fragile, sans revenus financiers fixes, l’enchaînement des confinements a entraîné la fermeture des universités et favorisé l’isolement social. Une situation qui a rendu les conditions de vie des 2,6 millions d’étudiants français particulièrement difficiles, comme le souligne l’Observatoire de la vie étudiante lors d’une enquête réalisée en été 2020.

Services publics, associations, entreprises ou encore collectivités se sont mobilisés collectivement par la mise en place d’actions de solidarité pour venir en aide aux étudiants les plus en difficulté. Distributions d’aides alimentaires, réduction des prix des menus de restaurants, prêt de matériel informatique ou encore aides psychologiques ont été proposés au public étudiant tout au long de l’année 2020 et perdurent encore en ce début d’année 2021.

Ce mouvement de solidarité ne s’est pas seulement limité aux sphères de l’accompagnement social ou universitaire puisque les acteurs de la fabrique urbaine ont également cherché à soutenir la jeunesse. Que ce soit dans l’urgence ou sur le plus long terme, focus sur ces acteurs impliqués qui font de la solidarité envers les étudiants une priorité.

Penser des formes de vie étudiante résilientes

“La vie en communauté a aidé nos étudiants pendant les périodes de confinements successifs, ils se sont sentis moins seuls et ont pu continuer à venir en aide aux autres” souligne Camille Duboisset, Développeuse colocation KAPS au sein de l’AFEV. Créée en 1991 par des étudiants, l’AFEV a pour ambition de rapprocher les étudiants des quartiers politique de la ville situés souvent à proximité des campus. Aujourd’hui, ce sont près de 10 000 bénévoles qui œuvrent dans les trois principales missions de l’association : le mentorat d’élèves en difficulté sociale issus des quartiers populaires, l’accueil de volontaires en service civique, ou encore les KAPS, colocations à projets solidaires.

Ces dernières sont mises en place dans des quartiers politique de la ville et proposent à des étudiants des appartements en colocation au sein du parc de logement social, auquel est rattaché un projet social d’engagement solidaire au sein du quartier. Organisation d’événements solidaires et conviviaux, animation pour les enfants, aides aux personnes en difficulté… Chacun est libre de s’investir comme il le souhaite dans son environnement proche tout en étant accompagné dans leur engagement par les équipes de l’AFEV. Une nouvelle forme d’habitat alliant colocation et solidarité qui a largement aidé les Kapseurs et Kapseuses (noms donnés aux étudiants en colocation) durant cette période de crise sanitaire.

L’association a d’ailleurs effectué une enquête auprès de ses bénévoles, afin de prendre connaissance de leurs conditions de vie durant les confinements. Celle-ci a révélé que, pour 76% des Kapseurs, la vie en collocation et leurs engagements ont permis de les aider à surmonter plus sereinement les périodes de confinement. Un résultat que Camille Duboisset explique : “ L’isolement social a été évité pour une très grande majorité de nos kapseurs. Cela leur a permis de se soutenir mutuellement, mais également de se sentir utile et de donner un sens à leur rôle à jouer dans cette période où beaucoup se sont sentis inutiles”. Une nouvelle manière de venir en aide aux étudiants, qui par la suite participeront aussi à une nouvelle chaîne de solidarité.

La période de crise aura mis en exergue les nombreuses difficultés auxquelles se confronte aujourd’hui la jeunesse. Des solutions sont d’ores et déjà mises en place et certains acteurs de la fabrique urbaine s’investissent dans l’urgence, mais aussi sur du long terme, pour créer des lieux de vie qui permettront demain aux étudiants de pouvoir s’épanouir au maximum : de la résidence multiservices, aux colocations à projets solidaires, la vie en communauté semble être plébiscitée comme premier échelon de solidarité. Peu à peu, de nouveaux modèles urbains se dessinent, s’ajustent et se diversifient pour les étudiants.

Les acteurs de la fabrique urbaine innovent pour soutenir les étudiants

Conscients des enjeux auxquels fait face ce public, certains acteurs privés de la fabrique urbaine se sont mobilisés pour leur apporter une aide adaptée dans cette période difficile. C’est le cas des équipes de Nexity Studéa, filiale Nexity, exploitant de résidence pour étudiants, qui dès octobre 2018 a renforcé ses dispositifs d’écoute et d’entraide – mis en place depuis octobre 2018 et renforcés depuis la crise sanitaire – pour favoriser le bien-être de leurs résidents étudiants. Nexity Studéa propose désormais à l’ensemble des résidents des consultations psychologiques en ligne grâce à son partenaire Apsytude.

La période de crise actuelle ayant accru les difficultés psychologiques des étudiants, ce sont aujourd’hui près de 15 000 locataires des résidences Studéa qui ont accès à ce dispositif.

Pour pallier l’isolement social et d’autres difficultés directement liées aux confinements, l’application Studéa s’est diversifiée en relayant l’ensemble des offres proposées par différents partenaires : de la gestion du budget par la Macif aux entraînements sportifs en live sur Trainme, l’application offre aujourd’hui un panel étendu de ressources permettant de soulager le quotidien des étudiants résidents. En parallèle, Nexity Studéa propose également des accompagnements scolaires aux résidents volontaires grâce à des abonnements gratuits à la plateforme Nomad+. Un dispositif qui permet l’accès à la première bibliothèque éducative digitale, ainsi qu’à des parcours d’apprentissages personnalisés. Plus que des exploitants de résidence service, les équipes de Nexity Studéa ont donc fait évoluer leur rôle, pour accompagner au mieux leurs résidents au vu des circonstances actuelles.

Derrière la détresse financière et psychologique des étudiants, une question perdure néanmoins : comment penser des lieux de vie qui faciliteront leur bien-être physique et mental à long terme, tout en leur garantissant l’accès au logement et le succès de leurs études ?

 

Envies de ville : des solutions pour nos territoires

Envies de ville, plateforme de solutions pour nos territoires, propose aux collectivités et à tous les acteurs de la ville des réponses concrètes et inspirantes, à la fois durables, responsables et à l’écoute de l’ensemble des citoyens. Chaque semaine, Envies de ville donne la parole à des experts, rencontre des élus et décideurs du territoire autour des enjeux clés liés à l’aménagement et à l’avenir de la ville, afin d’offrir des solutions à tous ceux qui “font” l’espace urbain : décideurs politiques, urbanistes, étudiant, citoyens…

✉️ Je m’inscris à la newsletter