Contre le bruit, les solutions des villes françaises
Les collectivités avaient jusqu’au 18 juillet 2024 pour se mettre en conformité avec la directive européenne “Bruit” qui vise à lutter contre les nuisances sonores, véritable problème de santé publique. Si de nombreuses collectivités agissent déjà, toutes n’ont pas été au rendez-vous de cette échéance.
Un aéroport, une voie routière ou ferroviaire ou tout simplement une forte densité urbaine : ces infrastructures ou environnements, tous générateurs de nuisances sonores importantes, impactent lourdement la qualité de vie et la santé. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, le bruit est le second facteur environnemental, après la pollution atmosphérique, qui provoque le plus de dommages sanitaires en Europe. Décès prématurés, cardiopathies, troubles chroniques du sommeil sont les principaux impacts pointés par la Commission européenne. Pour mieux protéger les citoyens de ces risques, la directive européenne ‘Bruit’ impose donc aux collectivités d’établir un diagnostic et d’élaborer un Plan de Prévention du Bruit dans l’Environnement. Objectif : éviter, prévenir ou réduire les nuisances sonores en pilotant mieux ce sujet de santé publique.
Suivre les évolutions des secteurs sensibles
Comment les villes se sont elles emparées du sujet ? Dans la métropole d’Aix-Marseille-Provence, 5% de la population, soit 99 000 habitants, est exposée à un dépassement des valeurs réglementaires en matière de bruit, dans des secteurs qui comptent par ailleurs 160 établissements de santé et d’éducation. Pour mieux suivre les évolutions sur des secteurs sensibles, la métropole s’est engagée dans une démarche volontaire de création d‘un Observatoire de l’environnement sonore. Cet outil lui permet aussi de mieux comprendre ce qui gêne les habitants et de préserver les zones calmes tout en valorisant les paysages sonores emblématiques du territoire comme le Parc Saint Mitre à Aix-en-Provence.
Marier rénovation thermique et acoustique
La communauté urbaine de Dunkerque quant à elle choisi d’aborder le sujet sous l’angle de la rénovation des logements. Pour les habitations se trouvant en zone de dépassement des seuils sonores admis (identifiées sur la base de l’analyse des cartes de bruit stratégiques) elle a mis en place la dispositif Éco-bruit. Grâce à ce dispositif, elle aide les propriétaires occupants qui se sont lancés dans des travaux de rénovation thermique à financer aussi l’isolation acoustique de leur logement, à travers le remplacement des ouvertures (portes, fenêtres, entrées d’air).
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Cibler les infrastructures de transports
En Ile-de-France, c’est la densité des infrastructures de transport qui est au cœur des préoccupations : 40.000 kilomètres de routes, 1.800 kilomètres de voies ferrées, 3 aéroports internationaux et 25 aérodromes font perdre en moyenne à chaque Francilien 9,3 mois de vie en bonne santé, selon l’Ademe. Les moyens de lutte contre le bruit varient selon chaque mode de transport : murs antibruit, traitements de ponts métalliques, systèmes de réduction de bruit de freinage pour le ferroviaire, ouvrages antibruit et enduits phoniques pour la route ou encore capteurs sonores et respect des mesures de couvre-feu pour l’aérien.
Si la prise de conscience est réelle, le nombre de collectivités impliquées reste insuffisant : en juillet dernier, la Commission européenne a saisi la Cour de justice européenne d’un recours contre la France pour défaut d’adoption de l’ensemble des plans d’action contre le bruit exigés par la directive Bruit. A cette date, 84 plans d’action faisaient toujours défaut – 19 pour les agglomérations et 65 pour les grands axes routiers.