Comment soutenir la création de lien social à l’échelle de la rue ?
Le confinement a révélé le besoin de créer des liens entre voisins et riverains. Comment favoriser l’interaction entre habitants dans l’espace public et privé pour maintenir le ciment social ?
En proposant des activités ludiques dédiées à tous dans les espaces publics
source : A l’adresse du jeu
L’espace public est souvent perçu comme un espace peu accueillant pour les enfants. Entre le bruit des voitures, l’étroitesse des trottoirs et les flux incessants de circulation, ils n’ont pas le loisir de pratiquer la ville comme ils le souhaitent. En quelques décennies, la rue est devenue un espace hostile et dangereux dans lequel ils ne peuvent plus évoluer en autonomie.
Et s’il était possible de transformer l’espaces urbain en zones de jeux dédiées à tous ? Que ce soit à l’aide de squares ou d’aires de jeux, ces parcelles permettent de sociabiliser les enfants mais aussi le ou les adultes qui l’accompagnent. Grâce à des infrastructures comme des balançoires ou des toboggans, il est possible de transformer la rue en terrain de jeu. Ces lieux clos et sécurisés offrent aux habitants un espace à l’abri du tumulte de la rue, pour se reposer, jouer ou flâner.
Pour redonner aux enfants toute leur place dans une ville pensée pour les adultes, il est également important de leur accorder des espaces ouverts sur la ville. C’est le but des kiosques en plein air par exemple. Installée place de la République au coeur de Paris, la ludothèque R’ de jeux propose de nombreuses activités gratuites aux joueurs de la capitale sur plus de 1000m2. Jeux de société, de construction, d’adresse, il y en a pour tous les goûts. A Nantes, l’initiative Rue aux enfants permet de fermer temporairement les rues à la circulation pour qu’ils puissent profiter des espaces généralement réservés à la voiture pour faire du vélo ou de la trottinette.
En accordant plus de place aux enfants, qui ont vu leur espace en ville se réduire, celle-ci peut devenir plus humaine, créative et joyeuse. Leur présence dans les rues doit devenir un indicateur essentiel du bien-être en zone urbaine.
En permettant aux riverains de s’investir dans des projets communs à long terme
La réalisation des potagers urbains permet de reconnecter les citadins au territoire mais aussi d’instaurer des moments d’échanges entre volontaires qui se retrouvent à intervalle régulier pour biner, désherber, planter et récolter leur cueillette. Le potager partagé offre une ambiance conviviale et une autre manière de concevoir le voisinage. Il est par ailleurs générateur d’échanges entre générations puisque cette activité s’adresse à la fois aux enfants, aux adultes qui souhaitent se détendre et aux retraités qui veulent transmettre leur savoir-faire.
A Montreuil, la résidence Villanova septième art propose, parmi ses nombreux espaces collectifs, des potagers partagés. Des parcelles sont ainsi réservées à la culture de légumes et de fleurs de saisons au sein de la résidence et les résidents sont libres de s’y retrouver quand ils le souhaitent. Installés sur les toits, les jardins partagés sont devenus de véritables lieux qui réunissent les voisins autour du jardinage mais aussi de la convivialité.
Les jardins partagés sont ainsi au cœur de certaines résidences séniors, notamment chez Domitys. Ils assurent un accès à la nature et du lien social entre résidents.
En offrant des lieux d’expression aux artistes locaux et en créant du lien par l’art
Les mairies ont la possibilité de développer les pratiques artistique de leurs administrés grâce à des gestes simples, comme la mise à disposition de murs de manière provisoire ou pérenne. Les artistes de rue peuvent ainsi exposer leurs oeuvres, souvent éphémères, à la vue de tous : touristes, passants et riverains. Grâce à leurs fresques parfois gigantesques, les rues sont transformées en musées auxquels tout le monde a accès. Cette action permet de dynamiser les activités artistiques des citadins mais aussi de donner de la visibilité à un quartier. Les peintures murales peuvent également redonner une nouvelle jeunesse à des quartiers d’habitation ayant vieilli.
En permettant les représentations artistiques (théâtre, festival…) dans les rues, certaines mairies contribuent à faire évoluer l’espace urbain et à proposer une nouvelle perception de la ville. Le public découvre la rue avec un regard nouveau. Les spectacles hors les murs permettent de retisser les liens entre habitants, qui s’approprient ainsi leurs rues, et à la ville de promouvoir ses talents et leurs pratiques artistiques.
Les lieux d’habitation privés peuvent également accueillir les oeuvres originales des artistes locaux dans les parties communes. C’est le cas de la résidence Emblématik à Aubervilliers, qui est associée au collectif d’artistes de rue Quai 36 qui a réalisé une gigantesque fresque colorée sur les palissades de chantier. Les murs du hall principal ont également été entièrement recouverts de végétaux par l’illustratrice à l’univers onirique Emmanuelle Rico Chastel. De quoi embellir le quotidien des habitants et répondre à la démarche du collectif de créer du lien social par l’art en le rendant accessible à tous.
En multipliant les espaces de rencontres pour renforcer les liens entre habitants
Grâce à des gestes simples, il est possible de modifier les comportements dans l’espace urbain. Installer des chaises dans les espaces publics qui le permettent comme les places, les parcs ou les berges, c’est transformer des lieux de passage en lieux de rencontre. A Bryant Park, aux Etats-Unis, leur installation a permis de faire baisser le taux de criminalité. Les habitants se sont emparés de ce mobilier et s’y installent désormais pour discuter ou déjeuner ensemble.
Cette pratique apparemment simple relève du “hacking social” qui consiste à détourner des éléments existants pour générer du lien social entre habitants. Cette expérimentation a permis de démontrer qu’un élément de mobilier urbain apparemment anodin peut réunir les citadins.
En donnant la parole aux usagers de la ville
Evénements d’information, comités consultatifs, conseil des jeunes, budget participatif… Tous ces outils permettent de mobiliser les habitants et de créer de la confiance entre les collectivités et leurs administrés. Car qui connaît mieux un quartier que ses riverains ? Pour en comprendre les difficultés, en percevoir les atouts et mieux saisir les attentes des citoyens, la politique de la ville peut s’appuyer sur ces instances de démocratie participative et locale. C’est en associant les citoyens à la vie démocratique de la commune que la mairie est en mesure de répondre à leurs attentes.
Preuve que la démocratie participative a le vent en poupe, les budgets participatifs se sont multipliés ces dernières années. Ce processus permet aux citoyens d’affecter une partie du budget d’investissement de leur collectivité territoriale aux projets qu’ils ont imaginés, proposés et votés. Alors qu’on en dénombrait 7 en 2014, il y en aurait aujourd’hui 140 selon la fondation Jean Jaurès.
source : Fondation Jean Jaurès
En favorisant les projets de logement qui proposent des espaces partagés au sein des immeubles
Pour recréer de la convivialité dans les immeubles et répondre aux nouveaux besoins de leurs habitants, les espaces mutualisés se multiplient dans l’immobilier neuf.
Salle de sport, buanderie, espace coworking, terrasse… Ces parties communes permettent d’instaurer des relations de voisinage basées sur le partage de lieux comme un bureau partagé pour les télétravailleurs ou des équipements habituellement privatifs comme dans la résidence Villanova Urbagreen à Romainville. Grâce à ces nouveaux espaces, il est à la fois possible d’organiser des activités communes et de faire de nouvelles rencontres à quelques mètres seulement de chez soi. Le pari est 100% gagnant pour les résidents puisque ces espaces partagés prolongent leur logement individuel, souvent de taille réduite, et permettent de bénéficier de nombreux services en plus. Le maire a la possibilité de choisir des promoteurs qui proposent ce modèle d’habitation synonyme de vivre ensemble et d’esprit de communauté.