Ma commune est senior-friendly
La France de 2023 comptait 26 % de personnes de plus de 60 ans, soit un habitant sur quatre. En 2040, ce sera près d’un sur trois. Le vieillissement de la population française est un enjeu majeur pour la société, y compris pour les collectivités. Adapter les logements, faciliter la mobilité des plus âgés, rendre la ville sécurisée et bienveillante, autant de sujets à traiter pour améliorer la qualité de vie des seniors, autant de solutions qui profiteront à tous les âges. Comment rendre les quartiers et les villes “senior-friendly” ? Voici quelques réflexions pour accompagner nos seniors.
À RETENIR
- En France, les personnes de plus de 60 ans représentaient 26 % de la population en 2023 et devraient atteindre près d’un tiers en 2040, soulignant la nécessité d’adapter les infrastructures urbaines pour répondre à leurs besoins.
- Pour améliorer la qualité de vie des seniors, il est essentiel d’offrir des logements adaptés avec des installations facilitant la mobilité, des services de proximité, et un environnement urbain incluant des espaces verts et des zones piétonnes ombragées.
- Les collectivités jouent un rôle clé dans la simplification des services publics et dans la fourniture d’informations claires sur les services disponibles pour les aînés, avec des initiatives telles que le guide « Bien vieillir dans nos communes » et des fonds d’appui pour les territoires innovants seniors (FATIS).
- Des projets tels que des villages intergénérationnels et des habitats partagés entre jeunes et seniors sont mis en place pour renforcer le lien social et permettre une meilleure intégration des aînés, bénéficiant à la dynamique communautaire et à la qualité de vie urbaine.
De nombreuses solutions pour que les villes s’adaptent à tous, notamment aux seniors.
Logements adaptés, services de proximité, aménagement urbain, végétalisation, services publics simplifiés, communication, lutte contre l’isolement, financement, les solutions pour que nos villes deviennent des lieux accueillants et adaptés à tous, notamment aux plus âgés, sont nombreuses.
Côté logement, les seniors ont besoin de lieux d’habitation adaptés, qui répondent à leurs besoins spécifiques, équipés avec des ascenseurs ou des rampes d’accès pour faciliter leur mobilité et avec des espaces de vie qui minimisent les contraintes et simplifient leur vie quotidienne. À l’extérieur de chez eux, Pour leur confort, les collectivités doivent mettre en place des services publics de proximité et des transports en commun accessibles, et accompagner l’installation de centres de santé, de pharmacies, de commerces, autant d’implantations et de services qui changent le quotidien de nos aînés et qui peuvent être favorisées par les petites villes.
Repenser l’environnement urbain est aussi un gage d’amélioration du quotidien : prévoir des espaces verts, des bancs, des trottoirs larges, des zones piétonnes ombragées est essentiel pour le bien-être des seniors – et pas seulement eux – ; de même, la végétalisation des espaces publics, avec des toits végétaux, des parcs ou des jardins communautaires contribue également à créer un environnement qui améliore la qualité de vie des habitants.
Informer les résidents sur les services disponibles est primordial. La simplification administrative est une solution très efficace pour répondre aux demandes des citoyens âgés, les collectivités ont là aussi une carte à jouer pour rendre les services publics plus lisibles et plus accessibles. En les répertoriant tous dans un guide par exemple, comme le nouveau guide pratique “Bien vieillir dans nos communes” fruit d’un travail entre les huit centres communaux d’action sociale de la métropole de Brest, qui entend favoriser l’accès à l’information des seniors et de leurs proches. Enfin, les fonds d’appui pour les territoires innovants seniors (FATIS) permettent de soutenir des projets qui visent à améliorer la vie des aînés.
Le rôle des communes dans la qualité de vie, l’importance des seniors dans la qualité de ville.
Si nos communes ont un rôle important à jouer pour optimiser la qualité de vie de nos aînés, les seniors peuvent apporter une contribution essentielle pour nos villes. En effet, une ville qui a dessiné ou redessiné son aménagement urbain en pensant à ses aînés, est une ville qui offre un confort de vie à l’ensemble de la population. Les plus âgés nourrissent le collectif sur plusieurs plans, en jouant le rôle de mémoire par exemple, pour les seniors natifs qui sont de formidables témoins de son évolution. Dans un contexte plus pratique, ils peuvent faire évoluer la ville en la rendant plus accessible pour les personnes handicapées, ce qui profite à tous.
La question du lien social est essentielle. De nouveaux types d’habitats partagés voient le jour, des cafés sociaux créent du lien, des projets de tiers-lieux se multiplient, des coopératives fondent des immeubles intergénérationnels avec de nombreuses parties communes et une gestion démocratique qui se présente comme une alternative à la maison de retraite. Plus répandue, la cohabitation intergénérationnelle : de nombreuses associations mettent en relation des étudiants en manque de logement avec des personnes âgées isolées. Dès lors, une relation de partages et d’entraide se nouent entre les générations, une expérience très appréciée.
Un village intergénérationnel où jeunes et seniors cohabitent harmonieusement.
Imaginez l’expérience d’un immeuble intergénérationnel et transposez-la à l’échelle d’un village tout entier, vous êtes à Grand-Champ, dans le Morbihan. Un village intergénérationnel où jeunes et seniors cohabitent harmonieusement. Ce village géré par l’association Agora Service regroupe à la fois un Foyer de jeunes travailleurs (FJT) de 11 logements, une Maison des solidarités, 25 logements destinés aux seniors, une salle polyvalente et un hébergement touristique collectif de 40 couchages.
Des Foyers de Jeunes Travailleurs soutenus par les Caisses d’allocations familiales dans leurs missions d‘accompagnement des jeunes adultes dans leur parcours d‘insertion socioprofessionnelle. Par exemple, la contribution de la CAF du Morbihan apporte son a soutien à l’autonomie par une aide aux FJT qui développent un projet socio-éducatif de qualité en engageant une dimension intergénérationnelle.
« C’est intéressant de retrouver une qualité de vie, en créant une place de village. Si l’on veut laisser les personnes chez elles, il faut savoir créer du lien… Cela donne beaucoup d’espoir, et nous montre que lorsqu’il y a une volonté à la fois de la mairie et des acteurs locaux de monter un projet, cela nous ouvre un avenir intergénérationnel dynamique, et compétent », conclut Isabelle Sancerni, Présidente du Conseil d’administration de la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF) depuis 2018.
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« Villes amies des aînés » un réseau qui prépare aux défis de la longévité.
Comme la CNAF, l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) a démontré la sensibilité des administrations à l’endroit de l’intergénérationnel en créant le réseau mondial des Villes et communautés amies des aînés (2010) afin d’inciter les territoires à mieux s’adapter aux besoins des aînés, de façon à exploiter le potentiel que représentent les personnes âgées pour l’humanité.
Depuis 2012, le Réseau Francophone des Villes Amies des Aînés (RFVAA) s’attache à développer la démarche « Villes Amies des Aînés » au niveau francophone afin de mieux répondre au défi de la transition démographique et de mieux vivre dans nos territoires en appuyant le déploiement des politiques bienveillantes à l’égard des aînés et de tous les âges. Il faut apprendre à penser l’environnement social et l’environnement bâti en lien avec les spécificités des différentes générations, être mieux préparé aux défis de la longévité et être bénéficie de nombreux conseils pour structurer une ville dynamique et adaptée.
La création du Comité parisien de lutte contre l’isolement en novembre 2021 s’inscrit dans cette démarche. Il a pour vocation de lutter contre ces situations. Plus de la moitié des seniors parisiens vivent seuls. Si le risque d’isolement des plus de 75 ans, qui augmente depuis la crise sanitaire, représente une problématique sociale, la perte d’autonomie que provoque l’isolement devient un enjeu majeur de santé publique.
Anticiper le vieillissement et devenir des territoires du « bien vieillir » en France.
Les petites villes peuvent anticiper les phénomènes de gérontocroissance et le vieillissement de leur population résidente et s’y adapter, afin d’être des territoires du « bien vieillir », en France.
Le vieillissement de la population amène à repenser l’usage et la conception des bâtiments. Afin de répondre aux besoins spécifiques des personnes âgées, des solutions sont mises en œuvre pour proposer une gamme de logements alternatifs au domicile ou à l’hébergement en institution, avec l’ambition de répondre au mode de vie des seniors, de s’adapter au vieillissement, et d’anticiper voire de prévenir les difficultés liées à une éventuelle perte d’autonomie.
En 2060, une personne sur trois aura plus de 60 ans (INSEE). C’est pourquoi les communes qui s’investissent dès aujourd’hui dans le « senior-friendly » auront un temps d’avance quand le temps aura passé.