Piste de ski, ombrières, financement participatif… comment la ville s’approprie les modes de production d’énergie verte
Pour intégrer les infrastructures dans le paysage urbain et les faire accepter par la population, certaines collectivités rivalisent d’imagination. Petit tour d’horizon des solutions.
C’est un véritable plébiscite. Une étude Elabe menée fin 2021 pour Les Échos, Radio Classique et l’Institut Montaigne révèle que 82 % des Français considèrent les énergies renouvelables comme étant l’avenir. Mais attention ! Ce soutien massif ne vaut pas non plus blanc-seing pour les édiles souhaitant développer la production d’énergie dans leurs villes.
En effet, les énergies renouvelables peuvent être victimes du syndrome « Nimby », acronyme de Not In My Backyard (« pas dans mon jardin »). Autrement dit, malgré une forte adhésion théorique, le particulier ne souhaite pas forcément voir pousser une éolienne à cinquante mètres de sa maison ou des panneaux solaires recouvrir la belle toiture de son voisin. Ainsi, la production d’énergie en ville doit être préparée avec minutie.
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Intégrer les énergies dans le paysage urbain
Afin de ne pas empiéter sur les réserves foncières toujours plus restreintes des villes, il parait important que les unités de production d’énergie ne grignotent pas les surfaces bâtissables. C’est ainsi que le Syndicat Départemental d’Énergie de la Haute-Garonne (SDEHG) propose d’installer des ombrières photovoltaïques sur les parkings, afin d’apporter à la fois de la fraîcheur dans les véhicules et de l’énergie propre aux bâtiments communaux attenants, sans occuper trop d’espace au sol. Un bon exemple d’intégration urbaine réussie.
Même les infrastructures plus massives peuvent venir s’insérer dans l’existant, ainsi les pales d’éoliennes au Danemark. Ces pièces longilignes de plusieurs dizaines de mètres de long, difficiles à recycler en raison de la résine qui agglomèrent les fibres de carbone et de verre qui la composent, peuvent connaître une seconde vie. Des entreprises comme Superuse Studios ou Rewind Netword découpent les pales et les aménagent pour en faire des parcs de jeux pour enfants, des bancs publics ou même…des garages à vélos. Une bonne manière aussi de rappeler au quotidien les enjeux et les défis de la production d’énergie verte, ainsi que de l’économie circulaire.
Enfin, certaines unités de production d’énergie en ville ne peuvent, en raison de leur taille, se combiner au bâti existant. Mais rien n’empêche alors de les concevoir pour qu’elles deviennent elles-mêmes un lieu de vie, accessible à la population. L’usine CopenHill, sise dans la capitale danoise, en offre un exemple éclatant. Cette centrale fournit de l’électricité à partir de 400 000 tonnes de déchets produits par la ville. De quoi rebuter à première vu les visiteurs, sauf que ceux-ci affluent sur le site. Pourquoi ? Parce que cette infrastructure, conçue par le cabinet d’architecte Bjarke Ingels Group comme un hybride urbain, abrite également un grand parc de 10 000 m² sur son toit, un sentier de randonnée, plusieurs cafés, le plus haut mur d’escalade au monde et même…une piste de ski !
Associer les habitants à la production d’énergie en ville
Faire participer les habitants est également un bon moyen de s’approprier la production d’énergie dans les villes. Par exemple, afin de rendre concret son engagement auprès des citoyens, la mairie d’Échirolles, en Isère, a installé dans le hall accueillant le public un écran qui donne en temps réel la production d’énergie verte issue des panneaux solaires sur le toit du bâtiment, et la part que représente cette production dans la consommation de la mairie. Une manière d’inviter, par l’exemple, les habitants à investir également pour favoriser l’autoconsommation énergétique.
La participation financière est également un bon levier d’action. Plus au sud, dans la Drôme, la petite commune de Saint-Julien-en-Quint a incité ses administrés à investir à hauteur de 10 % dans les 160 m2 de panneaux photovoltaïques occupant la toiture d’un bâtiment. L’énergie verte ainsi produite est ensuite revendue aux habitants regroupés au sein de l’Association Communale de production d’énergie verte (ACOPREV) à un prix avantageux, non soumis aux variations du marché. Les particuliers voient ainsi leur facture d’électricité réduite à la fin du mois, tout en ayant le sentiment de contribuer à la transition écologique. Un exemple qui illustre parfaitement la nécessité de rendre la production d’énergie en ville concrète et utile pour ses habitants.