Seine : le pari logistique du Havre, Rouen et Paris
La vallée de la Seine concentre 50 % du fret fluvial national. Un chiffre appelé à progresser dans les années à venir alors que Le Havre, Rouen et Paris se mobilisent pour lever les freins qui entravent le développement de la logistique sur le fleuve. Explications.
« Le fluvial est une véritable source de croissance pour notre territoire ». L’assertion émane du gouvernement suite à la signature en avril dernier du Contrat d’Objectifs et de Performance (COP) avec Voies Navigables de France (VNF). « Sans créer de nouvelles infrastructures, certains axes comme la Seine (…) ont la capacité d’accueillir jusqu’à 4 fois plus de trafic », ajoute la puissance publique.
Si la vallée de la Seine concentre la moitié du fret fluvial français, l’ensemble des biens et marchandises qui transitent dans son périmètre sont en effet transportés à 85 % par la route. Partageant la même ambition avec l’État, Le Havre, Rouen et Paris travaillent main dans la main depuis des mois afin de rééquilibrer les modes de transport. « Alors que la compétition internationale ne se fait plus entre ports mais entre territoires portuaires, Haropa a été créé l’été dernier pour mener un travail de corridor sur les questions portuaires et les trois places métropolitaines de l’axe Seine ont décidé de mener une action conjointe et intégrée », détaille Simon du Moulin de Labarthète, directeur général de l’agence d’urbanisme du Havre (AURH).
L’intégration de la voie d’eau à la commande publique
Concrètement, Paris, Rouen et le Havre intégreront dans les cahiers des charges qui leur sont propres de nouveaux critères de notation pour augmenter les flux logistiques sur la voie d’eau. En parallèle, les trois collectivités entendent renforcer « l’effet réseau » entre acteurs économiques. Cela passera notamment par l’organisation en octobre 2022 de « Riverdating » au Havre, une convention d’affaire d’envergure européenne doublée d’une opération de valorisation des métiers du fluvial.
« Cette stratégie étant déployée pour réduire l’empreinte environnementale de la logistique tout en générant de l’activité économique, les acteurs privés sont associés à la démarche, rappelle Simon du Moulin de Labarthète. Par exemple, ils ont été consultés en amont et pendant la journée du 31 mai qui a réuni les maires de Paris, Rouen et Le Havre Anne Hidalgo, Nicolas Mayer-Rossignol et Édouard Philippe ainsi que le président de la Métropole du Grand Paris Patrick Ollier. »
Un AMI en préparation
Les élus ont également convenu de lancer au premier trimestre 2022 un appel à manifestation d’intérêt pour identifier des lieux et proposer des moyens innovants permettant de desservir la voie d’eau à Paris, Rouen et Le Havre. « Nous observons régulièrement des situations de conflit d’usages, explique le directeur général de l’AURH. La logistique fluviale a besoin de foncier bien localisé pour se développer. Nous sommes convaincus qu’il est possible d’imaginer des utilisations hybrides. » Dernier pan de la stratégie annoncée le 31 mai, un accompagnement sera mis en place pour donner accès aux péniches à des carburants moins polluants, à de l’énergie électrique, voire à de l’hydrogène. « Des mesures d’accompagnement complémentaires de l’État seront nécessaires, les collectivités ne peuvent pas résoudre seules le sujet de l’empreinte environnementale du fret fluvial », précise Simon du Moulin de Labarthète.
Avant de conclure : « Les collectivités partenaires de cette démarche espèrent être rejointes rapidement par d’autres collectivités de l’axe Seine pour donner encore plus d’impact à la démarche. » Et devenir un cas d’école à l’échelle continentale alors que la Commission européenne a présenté en juin dernier un plan pour développer le transport de marchandises par voies navigables.
Crédits photographiques : ©AURH