Découverte de la résidence « Blason », ancienne caserne transformée en quartier intergénérationnel, solidaire et culturel, au Havre.
Publié le 06.09.22 - Temps de lecture : 3 minutes

Au Havre, la Résidence Blason, une ancienne caserne de pompiers devient un quartier culturel, intergénérationnel et solidaire

Construite en 1920, l’ancienne caserne des pompiers de la ville du Havre est un véritable monument. Après le départ des gardiens du feu en 2014, la ville a souhaité lui donner une nouvelle vie. Découverte de la résidence « Blason », un quartier intergénérationnel, solidaire et culturel.

« L’ancienne caserne des pompiers est un fleuron du Havre et, du fait de son histoire pendant la Seconde Guerre mondiale, l’un des plus anciens monuments de la ville. Les somptueux casques de pierre en mémoire des gardiens du feu à l’entrée du bâtiment, l’horloge restée intacte, sont des symboles à jamais gravés dans son histoire », confie avec émotion Jean Amoyal, architecte du projet qui se souvient encore avec nostalgie de son service militaire dans le corps des sapeurs-pompiers de Paris. « Ce projet est un projet de cœur pour moi en souvenir de la caserne Champerret que j’ai bien connue », poursuit-il. Après le départ des pompiers en 2014, la ville du Havre a lancé un appel à projets « dans un quartier qui avait besoin d’être redynamisé par de la mixité et de nouveaux équipements », ajoute Jean Amoyal du groupe Franc Architectures.

 


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« Pas d’intergénérationnel sans espaces communs »

Dès 2018, les travaux de réhabilitation du site ont pu être lancés pour transformer le bâtiment en quartier à dominante résidentielle où « l’intergénérationnel est au cœur du projet », témoigne Éric Vialatel, président des Maisons de Marianne, des lieux de vie « où des jeunes vivent aux côtés de personnes âgées dans la convivialité et la solidarité ». « Ici, c’est davantage un “village de Marianne” avec beaucoup d’espaces et d’animations ouvertes au public grâce à une grande cour intérieure et une galerie d’art qui occupe tout le rez-de-chaussée ». « On ne peut pas faire d’intergénérationnel sans espaces communs », poursuit Jean Amoyal, « c’est pourquoi la programmation comprend 8 logements locatifs intermédiaires, 32 logements en accession à la propriété, majoritairement pour des jeunes actifs et des familles, 81 logements pour des seniors et une galerie d’art ouverte au grand public où tous les habitants de la résidence pourront se retrouver et rencontrer les visiteurs extérieurs ».

« L’intergénérationnel n’est pas une science spontanée », explique Éric Vialatel, « ce sont les loyers attractifs des logements qui font venir les jeunes, la présence et le dévouement des jeunes qui font venir les personnes âgées. Ces dernières gardent parfois les enfants des familles quand les familles doivent faire des courses ou participer à l’entretien des appartements des seniors ». Pour Jean-Malo Percevaux, directeur général de Nexity Normandie, « l’accession à la propriété permet d’ancrer les familles dans le projet sur le long terme et de créer une forme de stabilité auprès des personnes âgées, c’est en quelque sorte une forme d’assurance d’un lien social et solidaire créé dans la durée ».

Vue de la cour de la résidence Blason construite dans l'ancienne caserne de pompiers au Havre

« La culture est un pilier du projet et la fenêtre vers le quartier »

« Je suis un passionné de photographie et d’art contemporain, c’est pour cela que beaucoup de projets sur lesquels je travaille comportent une dimension culturelle », détaille Éric Vialatel, qui déplace une partie de sa collection personnelle dans l’exposition de la galerie du Blason. Quelques grands noms comme Robert Doisneau, Bernard Plossu, Robert Mapplethorpe ou encore Paolo Roversi sont exposés pour le plus grand bonheur des visiteurs, qu’ils soient esthètes ou néophytes. « La culture est un pilier du projet, mais surtout une fenêtre vers le quartier, créant une forme de porosité avec la ville pour inviter les passants à découvrir le bâtiment, à s’installer en terrasse et ainsi à créer de la vie dans la résidence », explique Jean Amoyal.

Les œuvres d’art et photographies prendront place là où les camions de pompiers ont occupé les lieux pendant près de cent ans en bénéficiant de ces grands espaces de garages, lumineux et avec une belle hauteur sous plafond. « On a voulu garder l’essence architecturale de ces espaces pour préserver l’historique du site, les visiteurs viendront tout autant pour les expositions que pour découvrir un lieu aussi emblématique que méconnu du grand public », ajoute Jean Amoyal. Inaugurée par Édouard Philippe, maire du Havre, fin avril, la galerie contribuera également au rayonnement culturel de la ville qui ne cesse d’attirer artistes et touristes des Docks au Musée André Malraux. Et ce pour le plus grand bonheur de nos aînés qui retrouvent vie et convivialité au plus près de chez eux.


Premier adjoint au maire du Havre, Florent Saint-Martin revient sur les ambitions nourries par la municipalité et les habitants pour la réhabilitation de cette ancienne caserne, avec un quadruple défi à relever : urbanistique, patrimonial, social et intergénérationnel.

« Il s’agit d’un enjeu très important pour la ville, car la réhabilitation de cette caserne s’inscrit dans une dynamique de renouvellement urbain qui a déjà 10 ans : une large concertation sur le quartier Danton a été lancée en 2011 par Édouard Philippe, et elle a servi de matrice pour toutes les concertations organisées au Havre par la suite.

La sauvegarde du patrimoine était aussi en jeu à travers cette caserne, qui est un bâtiment emblématique pour de nombreux Havrais, où beaucoup de familles de pompiers ont habité. Il s’agit d’une des plus belles réalisations de logement social de la Normandie, du point de vue de la qualité des logements, des espaces intérieurs, de la rénovation et des performances énergétiques.

Pour développer ce programme de logement intergénérationnel, le bailleur a tenu à intégrer à la vie du lieu les compétences des Maisons de Marianne. Présentes dans la caserne par le biais d’un représentant installé dans un local dédié à l’entrée de la résidence, qui explique à chaque nouvel arrivant les démarches permettant aux occupants d’échanger des services, du temps, des compétences. Des animations et des permanences se tiennent ainsi tous les jours. Chaque habitant y a été sensibilisé au moment de se voir attribuer un logement. Nous avons par ailleurs veillé à travers ces choix d’attribution à respecter un équilibre et une diversité générationnelle entre les futurs occupants ».

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