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Publié le 15.09.22 - Temps de lecture : 2 minutes

Hausse des températures : comment Paris peut devenir une véritable capitale écologique

Polytechnicien et ingénieur des Mines, Franck Lirzin a été directeur exécutif résidentiel au sein du groupe Gecina entre 2017 et 2022. En juin dernier, il a publié Paris face au changement climatique aux éditions de l’Aube. Dans cet ouvrage, ce dirigeant rappelle l’urgence d’adapter Paris à son futur climat, plus sec et plus chaud, afin de créer une véritable capitale écologique.

L’été 2022 a été marqué par plusieurs vagues de chaleur, et les 40 degrés ont été dépassés à Paris. Est-ce un avant-goût de ce qui attend la capitale en 2050 ?

Franck Lirzin : Cela pourrait hélas arriver avant 2050, car certains météorologues craignent une accélération par rapport aux prévisions initiales. Comme toutes les villes du monde, Paris subit les conséquences du changement climatique, qui se manifeste par des épisodes caniculaires plus tôt dans l’année, plus intenses et plus longs. D’une dizaine de jours en 2019, ces périodes pourraient s’étaler sur deux ou trois semaines à l’avenir. Le climat de la ville serait alors plus proche de Marseille ou de certaines villes espagnoles.

Dès la fin du printemps, de très fortes chaleurs rendront certaines rues invivables, avec des formations d’îlots de chaleur occasionnant une différence de 8 degrés entre le centre de Paris et sa lointaine banlieue. En juillet, j’ai mesuré la température sur le sol rue de Rivoli : elle atteignait 50 degrés sur le bitume ! Au niveau de la façade de bâtiments, les relevés allaient de 40 à 50 degrés, qui sont déjà des températures extrêmes. On peut les supporter aujourd’hui grâce à l’inertie thermique, qui restitue de nuit la chaleur accumulée le jour, mais cela ne suffira pas en cas de canicule prolongée. Certains bâtiments pourraient alors être déclarés inhabitables en juillet-août, car trop dangereux pour la santé humaine.


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Quelles spécificités de la capitale française compliquent son adaptation au réchauffement climatique ?

Franck Lirzin : Paris est très minérale, noire par le bitume et ses toits en zinc. Les boulevards haussmanniens, exposés au soleil, sont propices à chauffer, avec une largeur des sols suffisante pour capter la chaleur mais insuffisante pour permettre une ventilation optimale. Mais le pire reste les bâtiments des années 60 et 70 comme on en trouve dans les secteurs Pasteur ou Montparnasse, avec leurs façades en simple vitrage, aucune protection et des appartements non-traversants. Par ailleurs, 80 % de Paris a été construit avant les premières réglementations thermiques qui étaient surtout axées autour des risques de froid l’hiver, et non de chaleur l’été.

La ville a-t-elle des atouts dans cette lutte contre le réchauffement ?

Franck Lirzin : Il y a beaucoup de choses à envisager autour de l’eau, qu’il s’agisse de cours d’eau enfouis à faire réapparaître, de fontaines, d’accès simplifié à la Seine… Paris dispose également d’un grand réseau de froid urbain qui achemine de l’eau glacée vers certains grands bâtiments pour les rafraîchir. C’est une alternative aux climatiseurs individuels dont la généralisation serait extrêmement mauvaise pour le climat.

Il y a également un gros enjeu autour de la végétalisation, qui permet par l’évapotranspiration d’évacuer la chaleur de la ville vers l’atmosphère et de rafraîchir les rues. Il convient de multiplier les espèces pour créer des écosystèmes, et de mieux traiter les plantes : voir des arbres avec les pieds dans le béton, rachitiques par rapport à ceux qui grandissent dans les parcs, ça fait mal au cœur ! Il faut un changement de mentalité dans l’imbrication entre bâti et végétaux. Tout cela relève de l’aménagement du territoire qui nécessite de la pédagogie et l’implication des habitants. Le défi, c’est d’aborder ce sujet par l’angle de la résilience collective et de la solidarité, pas uniquement de manière individuelle et incitative.

Quelles initiatives de grandes villes étrangères contre le réchauffement pourraient inspirer Paris ?

Franck Lirzin : On peut citer le complexe Bosco Verticale (“forêt verticale”) conçu par l’architecte Stefano Boeri à Milan. Les deux tours d’habitations hébergent sur leurs façades des arbres (l’équivalent de 20 000 m²), et sont entourées d’un parc planté. L’ensemble reste frais, y compris lors de fortes chaleurs comme on peut en connaître en Lombardie.

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