Publié le 21.08.17 - Temps de lecture : 3 minutes

Qucit : des algorithmes pour mieux anticiper les comportements urbains

Qucit – pour Quantified Cities – utilise les données et l’intelligence artificielle pour rendre les villes plus intelligentes et plus agréables à vivre. Lauréate du prix de la mobilité Le Monde Smart Cities en 2016, la startup girondine a tout d’abord développé ses applications prédictives pour les trajets en vélo avant de les déployer à toutes les formes de mobilité. Elle est aujourd’hui capable de mesurer l’impact des aménagements urbains sur les émotions ressenties par les piétons.

Non, il n’est nul besoin de s’implanter à Paris pour réussir et viser grand lorsqu’on est une startup. Qucit, lancée en 2014 à Bordeaux et installée depuis 2015 à Bègles, doit avant tout son impulsion aux aspirations de son fondateur Raphaël Cherrier, diplômé de Normale Sup et docteur en physique théorique. Il déclare dans un article du Guide du Big Data avoir créé Qucit pour deux raisons principales : “d’une part, la volonté de mathématiser le monde et de comprendre les principes fondamentaux qui régissent l’univers ; d’autre part la protection de l’environnement et notamment l’envie de participer à la création de villes plus durables, plus écologiques avec moins de gaspillage des ressources naturelles”.

L’histoire commence avec le VCub, le vélo en libre-service lancé par Bordeaux en 2010. Raphaël en est un fervent adepte et y voit là une première opportunité pour développer sa solution. En s’appuyant sur un jeu de données que lui confie Keolis, l’exploitant du VCub, Raphaël Cherrier conçoit une première application, BikePredict. Entièrement gratuite, elle promet à ses utilisateurs de prévoir jusqu’à 45 minutes à l’avance les stations où il est sûr de trouver un vélo ou une borne disponible. Elle permet aussi d’optimiser leur réassortiment voire même de le planifier, en fonction de données de plus en plus précises et variées.

Selon son fondateur, l’application est fiable à plus de 90% et fonctionne maintenant dans de nombreuses villes françaises (Marseille, Dijon, Lille, Lorient, Lyon, Paris, Nancy…). Elle commence même à se développer à l’étranger avec de premières applications à Londres.

Mathématiser toutes les formes de mobilité

Qucit a décliné cette application pour le stationnement de voitures avec ParkPredict, en fonction à Bordeaux et à Dijon. Elle permet d’optimiser la gestion de parcs pour les automobilistes qui cherchent à se garer. « À Paris, seulement 10 % des automobilistes paient leur place de stationnement. Le fait de devoir payer sa place de stationnement est aussi un enjeu de mobilité », explique Raphaël Cherrier dans un article de La Tribune. La startup a aussi élargi ses activités vers les transports en commun pour prévoir les taux de fréquentation du réseau de Keolis à Bordeaux. Des outils seront prochainement proposés pour l’usager et les transporteurs.

Mais ce n’est pas tout : la jeune société s’est aussi lancée sur les autoroutes avec Egis. Son objectif : améliorer les temps d’intervention des équipes de la société en cas d’accidents en tenant compte de nombreux paramètres tels que le trafic, les périodes de pointe, les congés ou encore la météo.

Façonner la ville en fonction des émotions des citadins

Enfin, Qucit a aussi lancé ComfortPredict, un outil permettant de mesurer l’impact des aménagements réalisés par les villes sur les émotions des piétons. Plusieurs critères peuvent être ainsi analysés comme le confort, le stress, le sentiment de sécurité ou encore la désorientation. La startup est capable d’en dégager les causes précises afin de permettre à la ville de trouver des solutions concrètes.

Ce projet lui a valu d’être l’un des six lauréats du programme DataCity lancés par la Ville de Paris et Numa en 2016. Aux côtés de la société Cisco, Qucit a ainsi pu expérimenter sa solution sur la place de la Nation à Paris en équipant la zone de capteurs, agrégeant l’ensemble des données statistiques (densité de maison, localisation des routes, position d’un arbre), dynamiques (évènement, météo) issues de capteurs (bruit, pollution, flux piétons). L’expérimentation a aussi fait l’objet d’un sondage de 2000 personnes sur la place. Elle a permis de conforter ou de modifier des choix d’aménagement définis par les experts métiers de la Ville de Paris, afin qu’ils soient en adéquation avec les besoins des usagers. ComfortPredict trouve aussi ses applications en gare et a été décliné en collaboration avec SNCF dans le cadre d’un projet pilote dans celle de Aix-TGV.

Vous l’aurez compris, Qucit a le vent en poupe et ne compte pas s’arrêter là. Elle devrait certainement porter son effectif à 45 ou 50 personnes d’ici 2018 contre 15 aujourd’hui. Et si elle a bien sûr pour objectif de consolider ses solutions existantes, elle travaille déjà sur la congestion des transports en commun et imagine déjà comment elle peut optimiser les fonctions de la ville, comme la logistique avec les poubelles ou encore la livraison de colis.

Pour accompagner cette réflexion de la Cité du Futur, Nexity sera présent à la prochaine Maddy Keynote organisée par le média Maddyness, et qui se tiendra le 1er février 2018 au CENTQUATRE.

Envies de ville : des solutions pour nos territoires

Envies de ville, plateforme de solutions pour nos territoires, propose aux collectivités et à tous les acteurs de la ville des réponses concrètes et inspirantes, à la fois durables, responsables et à l’écoute de l’ensemble des citoyens. Chaque semaine, Envies de ville donne la parole à des experts, rencontre des élus et décideurs du territoire autour des enjeux clés liés à l’aménagement et à l’avenir de la ville, afin d’offrir des solutions à tous ceux qui “font” l’espace urbain : décideurs politiques, urbanistes, étudiant, citoyens…

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