À Pékin, une cour d’école pensée pour embellir la vie d’une maison de retraite
À Pékin, l’agence d’architecture MAD a rénové le toit d’une école maternelle située en face d’une résidence pour seniors. Le but : offrir aux enfants un espace de jeu et contribuer à “l’éthique intergénérationnelle” du vivre-ensemble.
La place des enfants dans la ville reste trop souvent un impensé de l’aménagement des espaces urbains. Pourtant, ce thème est crucial : en s’y attaquant, on s’intéresse de fait à l’apaisement des rues, au vivre-ensemble, à la promotion du jeu et du sport, autant de sujets centraux dans la réflexion sur ce que devront être demain nos villes. Aujourd’hui, la pollution et l’insécurité des rues relèguent de fait le jeu au domaine privé, c’est-à-dire – le plus souvent – en intérieur. À Pékin, les niveaux de particules fines atteignent parfois 20 fois les quantités maximales recommandées par les instances sanitaires internationales.
Enfance et liberté
L’agence MAD Architects a livré en 2020 un projet de cour d’école unique en son genre. Sur le site d’une ancienne cour Siheyuan vieille de 300 ans, l’architecte Ma Yansong invente un terrain de jeu aux allures quasi « martiennes » à destination de 400 enfants, âgés de 2 à 6 ans.
Sans dénaturer le patrimoine architectural traditionnel du site, ce nouveau toit flottant projette l’école qu’il abrite vers la modernité. Les couleurs chaudes et les formes rondes tranchent avec l’architecture du vieux Pékin, dominée par les briques bleues et les tuiles grises des hutongs, ces quartiers traditionnels aux ruelles étroites.
Des couleurs chaudes ? Elles ne doivent rien au hasard. Le design doit à la fois inciter au jeu et au mouvement physique, tout en recréant un petit univers propice à laisser courir l’imagination des enfants. “Un jardin d’enfants ne doit pas forcément offrir de matériels ou d’installations complexes, mais il doit toujours permettre aux enfants de ressentir la liberté et l’amour – quelque chose qui les conduise vers des possibilités infinies » explique Ma Yansong, l’architecte en charge du projet, célèbre pour la réalisation en 2012 des Absolute Towers au Canada.
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Renouer avec la nature
Le dénominateur commun de tous les projets de l’architecte se lit très explicitement dans le design du YueChang Courtyard : travailler les formes organiques pour stimuler le lien sensible qui relie l’homme à la nature. Les formes douces du terrain de jeu ménagent une place pour les arbres, autour desquels le projet s’est construit. Les cours intérieures reflètent une vision orientale de la nature : elle devient le sujet principal du projet, et l’architecture se structure autour d’elle pour la sublimer.
Réconcilier les générations, le cœur sensible du vivre-ensemble
Au-delà du lien des enfants à la nature, l’architecture de Ma Yansong ambitionne de renforcer le lien des enfants à leurs aînés, leurs voisins directs. Un immeuble de logements pour seniors s’élève en effet en face de l’école maternelle. Le commanditaire du projet, YueCheng Education Group, entreprend de mêler au sein d’une même institution l’éducation préscolaire et les soins aux personnes âgées dans une éthique “d’intégration intergénérationnelle”.
Ce lien social se traduit dans l’architecture : l’école maternelle, moderne, dialogue avec l’environnement construit, plus traditionnel. Ainsi, chaque jour, les personnes âgées profitent de la promiscuité avec l’école d’où s’échappent régulièrement les rires des enfants. Depuis les balcons, les résidents seniors ont vu sur la cour et peuvent s’attarder à regarder les enfants jouer.
En somme, Ma Yansong propose de ménager une place à la vulnérabilité dans nos villes en attaquant la question du vivre ensemble par les deux extrémités de la vie.
