Les secrets de Ljubljana, capitale écologique qui mise sur la participation citoyenne
Depuis une quinzaine d’année, Ljubljana ne cesse de se transformer au profit d’un mode de vie plus écologique. Avec succès, puisque la ville transalpine a été élue capitale verte européenne 2016, couronnant une politique de durabilité initiée en 2007 par la municipalité. L’édile actuel, Zoran Janković, tout juste élu maire, avait alors présenté sa « Vision pour Ljubljana 2025 », avec l’ambition de faire de sa commune une capitale écologique, tout en insistant sur l’importance d’embarquer les habitants dans la démarche.
2400 projets verts en une quinzaine d’années pour devenir « capitale écologique »
À quelques années de son terme, cette politique a complétement changé le visage de la plus grande ville de Slovénie, comme en témoigne Ladeja Godina Košir, qui a suivi de près cette évolution en tant qu’habitante mais surtout comme fondatrice et directrice de Circular Change, un institut dédié à l’économie circulaire basé à Ljubljana. « La ville a subi une transformation systémique pour devenir lauréate du Prix européen de la Capitale verte en 2016. Depuis 16 ans, plus de 2400 projets ont été réalisés, marquant un engagement à long terme en faveur d’objectifs durables. Il y a eu un ensemble d’initiatives portant sur différents aspects de la transition verte : mobilité, progrès dans la gestion des déchets et des eaux usées, préservation et valorisation des espaces verts ».
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Impliquer les habitants dans les processus de décision
Le projet le plus emblématique de ce changement de visage est, à n’en pas douter, la piétonisation du centre-ville de Ljubljana. À la faveur d’une politique de mobilité innovante, la municipalité a fait le pari de se débarrasser progressivement des voitures. Et si « les habitants n’étaient pas en faveur du projet à l’origine », force est de reconnaitre que « les gens se sont ajustés à cette nouvelle réalité et en ont reconnu les bénéfices », selon Tomaž Gorenc, directeur de l’Institut de la santé et de l’environnement, un centre de recherche situé à Ljubljana. « Grâce à sa piétonisation, le centre est désormais beaucoup plus accueillant car il y a plus d’espace pour marcher et profiter de cette partie de la ville », explique-t-il. Soucieuse de susciter l’adhésion de ses citoyens, la capitale ne s’est pas contentée de mettre en place une politique contraignante. Tout en introduisant des restrictions, « d’autres nouvelles solutions durables pour la mobilité ont été développées, comme le service gratuit de navettes électriques Kavalir et le système de vélos en libre-service BicikeLJ », pointe Ladeja Godina Košir.
La municipalité fait d’ailleurs de la participation citoyenne l’un des points centraux de sa politique de durabilité. De nombreuses actions sont entreprises pour associer de manière concrète les habitants dans les processus de décision. « La ville de Ljubljana a beaucoup investi dans des campagnes de sensibilisation et dans le dialogue avec les citoyens », explique Ladeja Godina Košir. Les démarches de réflexion sur les politiques municipales « comprennent plusieurs activités intensives d’engagement des parties prenantes, parmi lesquelles des ateliers participatifs et des entretiens pour intégrer la société civile au processus de co-création. Leurs contributions ont été essentielles pour définir certains aspects de la vision et ont ensuite été transformées en plan d’action avec des indicateurs concrets de performance », appuie la directrice de Circular Change. Pour cette dernière, le soutien des habitants et leur participation à la construction des politiques publiques est une nécessité, et une condition nécessaire pour rendre accessibles et souhaitables des solutions durables. Dans cette lignée, des Citizens Labs sur les modes de vie durables ont été créés dans le cadre d’un projet Horizon Europe, et devraient aboutir à « des conseils concrets sur la façon d’améliorer son mode de vie de manière écologique, sans trop d’effort et de souffrance », se félicite Ladeja Godina Košir.
Concilier capitale écologique et capitale touristique
Pour autant, ces politiques de durabilité ne s’adressent pas qu’aux habitants de la capitale slovène. Elles sont également « compatibles avec une bonne situation économique », pour Tomaž Gorenc, dans un pays où le tourisme s’affirme comme une importante source de revenus. Pour le directeur de l’Institut de la santé et de l’environnement de Ljubljana, « les touristes aiment les destinations propres et authentiques. Enlever les voitures du centre-ville améliore la qualité de l’air pour les habitants et les visiteurs, et permet d’avoir des espaces publics de qualité et accessibles ». Un constat partagé par Ladeja Godina Košir, qui voit en ce « positionnement de destination verte un des principaux enjeux de Ljubljana et de la Slovénie ».
Petit à petit, la Slovénie tente donc de s’imposer « comme le pays où un mode de vie durable peut être expérimenté », estime la fondatrice de Circular Change. Preuve que la stratégie fonctionne, sa capitale est régulièrement récompensée pour son engagement en matière de développement durable. Elle est reconnue depuis trois ans comme une « Tree City » par les Nations Unies, fait partie du Top 100 des destinations vertes 2022 et appartient au Top 20 des villes favorisant la pratique du vélo d’après le Copenhagenize Index, s’imposant comme une capitale écologique et touristique incontournable. Et Ljubljana ne compte pas s’arrêter là. La ville fait partie de la mission européenne « 100 Villes zéro émission 2030 » et le plan « Ljubljana ville circulaire 2045 », suite de la « Vision pour Ljubljana 2025 » a récemment été introduit et devrait voir le jour d’ici peu.