Les 4 choses que vous ne saviez pas sur la ville de demain
Dans quel état d’esprit les Français envisagent-ils la ville de demain ? Quel regard portent-ils aujourd’hui sur leurs lieux de vie ? Vers où leurs attentes pointent-elles ? Quels leviers proposent-ils d’actionner en priorité pour rendre les villes de demain plus désirables et mieux vivables ?
Dans un sondage BVA pour Milestone Systems intitulé « Les Français et la ville de demain » publié le 20 mai dernier, la société d’études et de conseil BVA lève le voile sur le rapport des Français à la ville de demain.
La ville de demain devra conjuguer respect de l’environnement et sécurité
Prégnance des valeurs environnementales, demande de renforcement de la sécurité ou encore polarisation géographique de l’opinion… Les résultats de l’étude sur la ville de demain renseignent en réalité sur l’état actuel de la société française, en confirmant un certain nombre de tendances sociales et culturelles déjà observées à plus grande échelle : la ville de demain est en ce sens le miroir des évolutions de la société.
Ainsi, avec respectivement 55% et 51% de plébiscite, l’environnement et la sécurité, deux thématiques arrivant régulièrement en tête des enquêtes d’opinion, apparaissent comme les deux enjeux prioritaires de la ville de demain aux yeux des Français.
Rêvant de villes plus vertes et plus sûres, les Français considèrent, en dépit du contexte de pandémie, comme moins prioritaires les enjeux de solidarité et de modernisation technologique des villes, obtenant respectivement 27% et 15% des suffrages.
Quand les préoccupations à l’égard de la ville révèlent les « fractures françaises »
Sur chacun des grands enjeux soumis à l’appréciation des Français, les résultats révèlent de profondes divergences. Si l’âge et la catégorie socio-professionnelle jouent évidemment un rôle prépondérant dans le rapport à des thématiques comme l’environnement, la sécurité ou encore la mobilité, une ligne de partage se dessine toutefois plus nettement en fonction du lieu de résidence, avec un seuil décisif à partir de 100 000 habitants marquant de fortes divergences en termes de vécu urbain.
En matière d’environnement, le bât blesse principalement dans les grandes villes, plus polluées et bétonnées que les zones rurales. Si près d’un Français sur 4 (37%) déplore la qualité mauvaise ou moyenne de l’environnement sur son lieu de vie, l’insatisfaction passe en effet du simple au triple selon que les répondants se situent en zone rurale (20%) ou dans l’agglomération parisienne (59%).
Côté mobilité, c’est en revanche dans les zones rurales, davantage à l’écart des flux de personnes et moins bien dotées en infrastructures, que l’insatisfaction culmine. Si 36% des Français se disent insatisfaits de leurs conditions de déplacement (état des routes, offre de transports, voies aménagées), c’est logiquement davantage dans les zones rurales (47%) que dans les grandes villes (31%) que se concentre l’insatisfaction.
Si la sécurité est également marquée par le clivage entre les grandes villes et les zones rurales, elle se démarque toutefois des autres thématiques par une perception élevée et homogène. Ainsi, près d’un Français sur deux (44%) affirme ressentir l’insécurité sur son lieu de vie. Alors que les zones rurales sont loin d’être épargnées par la prévalence du sentiment d’insécurité (33%), celui-ci reste à un point culminant dans les grandes villes, notamment dans l’agglomération parisienne (44%).
Si les Français disposaient d’une baguette magique…
Exprimant le souhait de villes plus vertes, plus axées sur la mobilité et plus sûres, quelles solutions les Français préconisent-ils pour rendre la ville de demain plus attrayante ?
Pour remédier à la dégradation perçue de l’environnement, ils proposent en premier lieu de préserver davantage les espaces naturels et de limiter l’étalement urbain (50%), notamment les retraités. Arrivent ensuite l’amélioration du tri des déchets (27%), particulièrement populaire parmi les jeunes et les diplômés, tandis que 26% plébiscitent le développement de transports alternatifs à la voiture.
Pour faire progresser les mobilités dans la ville de demain, les Français en appellent à l’intervention de la puissance publique au service d’un environnement de décision plus favorable aux mobilités douces. Préconisant en priorité l’amélioration de l’aménagement des espaces dédiés à chaque mode de déplacement (voiture, vélo, piétons) (46%), ils sont 30% à proposer d’améliorer les équipements de la ville (éclairage, largeur des trottoirs). Le développement de l’interconnexion entre les différents modes de transports arrive quant à lui en troisième position, gagnant nettement en popularité dans les villes de plus de 100 000 habitants.
Enfin, le fort sentiment d’insécurité régnant dans les villes incline les Français à considérer avec davantage de bienveillance les technologies de surveillance, à tel point que 74% d’entre eux portent un regard favorable sur l’installation de caméras de surveillance dans leur commune (84% chez les 65 ans et plus). 68% sont quant à eux favorables à l’implantation de caméras et de capteurs pour des raisons de mobilité et de sécurité (qualité de l’air, trafic, affluence). La ville de demain sera-t-elle pour autant celle de la sécurité à tout crin et du contrôle ?
Surveillance de l’espace public : jusqu’où les Français sont-ils prêts à aller ?
L’engouement pour l’implantation des technologies sécuritaires en ville ne doit pas en réalité masquer l’existence d’une forte barrière psychologique et culturelle à l’égard de l’exploitation des données personnelles.
Les Français éprouvent encore des doutes vis-à-vis de l’utilisation qui serait faite de leurs données personnelles. Cette défiance touche en priorité les acteurs privés, aux premiers rangs desquels les GAFAM et les entreprises privées, enregistrant seulement 14 et 19% de confiance. Les Français plébiscitent en revanche davantage les acteurs publics, État (33%) et collectivités locales (43%) en tête.
Ces réticences, pour le moment fortes, sont-elles vouées à évoluer ? Tout porte à y croire. Car les Français reconnaissent que leur confiance en l’exploitation de leurs données personnelles pourrait être restaurée à travers deux principaux leviers : de la transparence sur le stockage et l’utilisation des données personnelles (52%) ainsi qu’une communication permettant d’apporter de la clarté sur les bénéfices (39%).
Leurs réserves semblent donc pour l’heure davantage s’expliquer par un déficit d’information au sujet des enjeux liés aux données que par une opposition de principe. Les 65 ans et plus sont d’ailleurs les plus nombreux à attendre de la clarté sur les bénéfices qui en découleraient.
Pour plus d’informations : Sondage BVA pour Milestone Systems, 25/05/2021 https://www.bva-group.com/sondages/francais-ville-de-demain/