L’Épopée marseillaise, l’incroyable transformation de l’ancien site Ricard à Marseille

Dans le quartier Sainte-Marthe, au nord de Marseille, le premier village d’innovation éducative de France ouvrira bientôt ses portes au grand public. Porté par des acteurs locaux et de l’économie sociale et solidaire, l’Épopée, veut permettre à chacun de vivre « sa propre épopée » en révélant ses talents.

Lieu d’apprentissage et de jeux, espaces de co-working, logements, restauration, espace évènementiel… Ici, tout sert un même objectif : apprendre en s’épanouissant. On comprend mieux le choix de l’ancien site Ricard, qui s’est imposé pour perpétuer le dynamisme et le talent de Paul Ricard. Au commencement de cette épopée, la start-up associative Synergie Family, travaille depuis 2014 afin de créer des expériences éducatives et de développer des parcours de réussite, notamment au sein des quartiers nord de Marseille. Une activité qui a connu une croissance fulgurante, la structure passant en quelques années de deux bénévoles à 530 salariés. Un dynamisme qui a poussé les fondateurs à aller encore plus loin : réunir toutes leurs compétences au sein d’un même lieu.

En mars 2020, alors que la France et le monde entier s’apprêtent à se confiner pour faire face à l’épidémie de Covid-19, les fondateurs du projet Synergie Family cherchent à mobiliser des premiers partenaires. Archipel&Co (cabinet de conseil) est l’un d’eux, et Margault Phélip, manager-associé se souvient : « Synergie Family, startup de l’innovation éducative, cherchait 1 000m² pour leurs bureaux. Ils ont entendu parler du site Ricard (12 000m²) qui les a beaucoup inspirés. C’est ce qui les a décidés à s’associer avec des partenaires pour monter un projet à la hauteur de cet emplacement plein de promesses. C’était un pari fou de monter un projet aussi rapidement dans ce contexte mais c’était aussi très enthousiasmant ».

Très vite, les partenaires affluent pour rejoindre Synergie Family : d’abord la plateforme d’e-sport MCES et le réseau d’artisans du fer et du bois Make ICI, puis Archipel&Co mais aussi plus de 250 structures qui répondent à l’appel à manifestations d’intérêt (AMI).

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Paul Ricard, une philosophie tournée vers le développement des talents

Sur ce site d’embouteillage des premières bouteilles de Ricard, l’inspiration de son créateur Paul Ricard est complètement ancrée dans les murs. « Quand nous avons visité le lieu, on nous a offert l’autobiographie du fondateur, intitulée La passion de créer et ce livre a beaucoup influencé le projet. Paul Ricard y raconte son instinct de créateur-né, qui lui a permis sa formidable réussite en tant que chef d’entreprise. C’est ce qui a motivé le choix de ce nom, l’Épopée. L’ADN de ce projet, c’est l’expression des talents dans un lieu où tout est possible » nous explique Margault Phélip.

Ce dynamisme a d’ailleurs attiré les collectivités, de la ville de Marseille à la métropole jusqu’à la région. Plusieurs ministres sont venus visiter ce lieu, pour l’instant unique en France. Autant de marques d’intérêt qui ont convaincu Synergie Family d’envisager plusieurs autres projets similaires, tandis qu’« Impact Studio », le collectif qui fédère les experts qui ont contribué à créer l’Épopée, propose son assistance à maîtrise d’ouvrage à d’autres porteurs de projets de lieux hors-du-commun.

Transformer le temps périscolaire en un temps apprenant et ludique

« Il y a trois lieux d’apprentissage chez l’enfant : l’école, la famille et le périscolaire. La plupart du temps, le temps périscolaire est un temps de garde et d’attente. La volonté de l’Épopée et de Synergie Family, c’est de transformer le temps périscolaire en un temps apprenant et ludique », nous explique Pierre-François Duwat, directeur général de l’Épopée.

Mais comment faire ? L’Épopée est construite autour de cinq grandes « bulles » programmatiques qui s’entremêlent et se complètent. La première, sur laquelle s’appuie une grande partie du modèle économique, est la location de bureaux (environ 4 500 m²) dans un grand espace de co-working où les structures communiquent. Vient ensuite la restauration dont aura la charge Meet MyMamma, une association qui source les talents des mères dans les quartiers pour les former au métier de traiteur. La troisième bulle est constituée d’un grand campus de formation ouvert à tous, avec un bâtiment encore en cours de construction. La quatrième bulle, qui sera terminée en 2023, proposera une programmation culture et médias avec notamment un plateau TV, un studio radio, un label musical et un studio photo. Enfin, l’ancienne usine Ricard accueille la structure artistique Artagon, spécialisée dans les métiers de l’art ainsi qu’une ressourcerie. Une programmation extrêmement riche qui sera complétée par des logements rénovés, à disposition des personnes en résidence ou des personnes venant suivre une formation.

Des perspectives qui réjouissent Pierre-François Duwat, « l’Épopée accueillera dès cet été le grand public, enfants comme adultes, particuliers comme entreprises ou associations ». « Nous pensons que l’Épopée, un projet à la croisée du jeu, de l’éducation et de l’innovation permettra des synergies nouvelles et des innovations profondes dans le monde de l’éducation et de l’apprentissage. », poursuit-il.

Du modèle économique à l’insertion urbaine, l’efficacité comme mot d’ordre

Mais pour que ce projet incroyable soit possible, il était à la fois nécessaire de créer un modèle économiquement solide et d’inscrire le lieu dans son écosystème urbain, le quartier de Sainte-Marthe. Dès février 2021, les premiers espaces de co-working sont loués et occupent 70 à 80 % de l’espace. L’équipe de l’Épopée finalisera l’achat du lieu la même année, un achat possible grâce à l’engagement de nombreux investisseurs, convaincus de la pertinence de la démarche : l’ANRU, la Banque des Territoires et NovESS, un fond dédié à l’économie sociale et solidaire.
De par sa localisation dans les quartiers Nord de Marseille, l’ouverture de l’Epopée permet « d’attirer des gens du centre-ville de Marseille tout en ayant un lien très fort avec les associations, les commerçants et les habitants du quartier. Par exemple, on accueille un petit marché qui ne trouvait plus de lieu et auprès duquel les habitants du quartier viennent se ravitailler » détaille Margault Phélip.