Les leçons urbaines du « Village des athlètes »
Inauguré le 29 février, le Village des athlètes et para-athlètes a été érigé avec en tête un défi majeur, celui de garantir une accessibilité universelle.
- Le Village des athlètes et para-athlètes, inauguré le 29 février, vise une accessibilité universelle, essentiel pour 10% des usagers, utile pour 40% et confortable pour tous.
- L’accessibilité universelle implique des logements sans ressaut, exigeant des solutions techniques complexes et coûteuses, encore non régulées par la législation actuelle.
- Quatre artistes ont contribué en créant des œuvres interactives sollicitant les sens, telles que des parcours sonores et des sculptures tactiles, pour enrichir l’expérience des usagers.
- Le Village des athlètes a permis d’avancer la réglementation sur les handicaps au-delà des normes PMR, incluant des zones de repos et des espaces adaptés aux différents types de handicaps, avec une ambition de Nexity de généraliser ces pratiques dans leurs futurs projets.
« Ce qui est indispensable pour 10 % des usagers est utile à 40 % d’entre eux et confortable pour tous », telle est la devise que la SOLIDEO a demandé aux concepteurs du Village des athlètes de respecter tout au long de la construction du lieu. Objectif : parvenir à l’accessibilité universelle. Un défi que le groupement Nexity-Eiffage Immobilier-CDC Habitat avec le Groupe Groupama, investisseur, et en partenariat avec le groupe EDF, a décidé de relever sur l’îlot E du Village des athlètes : les Belvédères. Un secteur qui accueillera à lui seul environ 2 500 athlètes cet été.
L’accessibilité universelle, un défi complexe
« Cela semble simple de prime abord, mais en réalité, ça ne l’est pas », prévient Élodie Benoît, directrice générale Villes et Projets au sein de Nexity Transformation des territoires. En effet, garantir l’accessibilité universelle signifie offrir un accès à tous, pour tous. Une telle accessibilité ne doit exclure personne, ce qui nécessite de prendre en compte tous les besoins. Comment rendre les logements accessibles à tous ? En concevant notamment des logements sans ressaut, c’est-à-dire sans différence de niveau telle qu’une marche ou un rebord de receveur de douche. « C’est une réglementation qui n’existe pas encore, ce qui nous a amenés à nous poser de nombreuses questions : par exemple, intégrer des espaces extérieurs sans ressaut est extrêmement compliqué » en matière de technicité, mais aussi de coût, détaille Élodie Benoît.
L’accessibilité universelle est également présente dans la démarche artistique du Village des athlètes. Le groupement a collaboré avec quatre artistes dont la mission était de créer des œuvres sollicitant l’un des cinq sens. Parmi eux, la designer Nadine Schultz a mis en place des parcours sonores dans les espaces extérieurs. Elle a notamment installé des fontaines polyphoniques dans une des aires de jeux d’enfants. Sous l’action manuelle, l’eau coule et selon le réceptacle dans lequel elle atterrit, elle émet un son différent. La designer a également conçu le radeau des vents, un principe de tiges métalliques qui, sous l’effet du vent, s’entrechoquent et créent un son. Ceci permet de s’orienter et de se repérer autrement que par la vue. Autre sens travaillé, le toucher. Le duo d’artistes Hippolyte Hentgen a réalisé des œuvres d’art en forme de pochoirs posés sur les banches de béton en bas-relief. Des pochoirs en forme d’ode à la nature. Pour la vue, une fresque a été réalisée dans le bâtiment de coliving, propriété de Groupama Immobilier : une galerie de personnages représentant différents handicaps. « Une galerie porteuse de sens et d’inclusion », commente Élodie Benoît.
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L’accessibilité universelle, la nécessité d’aller au-delà de la norme
« La phase d’accueil des para-athlètes du Village est une véritable opportunité pour faire avancer la réglementation française. En France, nous respectons la norme PMR (personnes à mobilité réduite), qui s’adresse principalement aux handicaps moteurs, mais nous intégrons peu les autres handicaps, visuels, auditifs, cognitifs, les handicaps invisibles », explique la directrice générale de Nexity Villes et Projets. Le Village des athlètes a ainsi été l’occasion de contribuer à façonner la réglementation de demain. Pour y parvenir, Nexity a pu compter sur l’aide d’entreprises comme Mengrov, spécialisée dans le design sociétal. Mengrov a réalisé de nombreux entretiens avec des personnes touchées de près ou de loin par les handicaps, proposant ensuite des solutions aux concepteurs du Village des athlètes lors d’ateliers. Au cours de ces entretiens, les équipes de l’entreprise spécialisée ont notamment interrogé Maxime Thomas, pongiste handisport français. « Médaillé de bronze individuel aux Jeux paralympiques de Rio, il nous a raconté à quel point il était épuisé quand il arrivait pour réaliser les compétitions tant le parcours pour y parvenir n’était pas assez adapté aux différents handicaps », se souvient Céline Varenne Souchon, présidente de Mengrov. C’est ainsi qu’est née l’idée de concevoir des zones « refuges » au sein du Village des athlètes. « Une zone pour s’isoler de l’agitation afin de se reposer », poursuit-elle. Une idée retenue par Nexity avec la création d’espaces de repos dans les espaces communs du quartier des Belvédères.
Une accessibilité universelle que Nexity espère déployer de plus en plus dans ces projets futurs. « Nous avons mis en place une charte répertoriant les bonnes pratiques pour prendre en compte l’accessibilité universelle dans la conception des espaces communs », précise Élodie Benoît.
« Nous sommes désormais des ambassadeurs de l’accessibilité universelle. Il est de notre responsabilité de rappeler qu’elle doit être prise en considération, que nous devons nous adapter et que nous ne pouvons plus faire comme avant », conclut-elle.
Paris 2024 : le design actif sous les projecteurs
Habiller et embellir l’espace public pour inciter les Français à bouger, tel est l’enjeu du design actif qui a été propulsé sur le devant de la scène par Paris 2024. Ce dernier consiste en effet à aménager les espaces publics et les bâtiments afin d’inciter à l’activité physique et sportive, qu’il s’agisse de rendre ludique l’activité sportive ou de favoriser l’usage des escaliers plutôt que de l’ascenseur. Né en Amérique du Nord dans les années 1980, le concept se développe en France. Dans le cadre d’un partenariat avec le programme « Action Cœur de Ville » de l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), six villes pilotes ont notamment été choisies pour être les démonstratrices du design actif en France.