La smart city doit participer à l’effort d’économie et d’écologie de tous les territoires
Villes « smart », « intelligentes » ou « connectées » … quelle que soit la dénomination, deux constats s’imposent : les outils du numérique sont un levier d’action et de performance considérable dans une optique de développement durable, et ils ne sont surtout pas la propriété exclusive des grandes métropoles !
Les nouvelles technologies du numérique ont bouleversé nos modes de vie et participent depuis quelques années à l’amélioration de la conception et de la gestion des villes. Si les grandes métropoles ont été les premières à franchir le pas de la smart city, les initiatives n’ont cessé de se multiplier partout sur le territoire, avec des outils et des approches adaptés aux besoins du terrain. Mobilités, voiries, réseaux et infrastructures sont autant de sujets complexes et consommateurs de ressources que de préoccupations pour les élus et les services des collectivités. En Bourgogne-Franche-Comté par exemple, Dijon Métropole a initié un programme ambitieux en 2019, mutualisé à l’ensemble des 23 communes du territoire pour optimiser les équipements urbains et faciliter la gestion de l’espace public.
Des maquettes numériques pour concevoir les usages de demain
« Pour le territoire métropolitain de Dijon, les questions d’infrastructures, de mobilité, de sécurité sur la voie publique et de management des crises, d’éclairage public ont été intégrées dans une même structure alors qu’elles étaient auparavant séparées » témoigne Denis Hameau, délégué métropolitain en charge du projet OnDijon, métropole intelligente et connectée. C’est à partir de cette approche qu’on peut « imaginer des nouveaux usages et des nouveaux services ». Derrière ces outils qui facilitent la gestion quotidienne de la ville, permettent de réduire et d’optimiser les consommations, l’enjeu est de redonner aux élus la possibilité de prendre les bonnes décisions, au bon moment, avec les bonnes informations. Exemple de la société Bionatics, créée en 2001, qui « simplifie la modélisation du territoire pour créer des maquettes numériques en 3D qui permettent de représenter les états passés, présents d’un espace et de visualiser des aménagements futurs » explique Stéphane Gourgout, co-fondateur de l’entreprise. Et d’ajouter : « au-delà de l’opération d’aménagement, c’est l’ensemble du cycle de vie d’un projet, ses coûts et son impact bioclimatique qui sont rendus visibles, ce qui permet d’évaluer son intégration aux mutations de la ville et de le présenter à l’ensemble des parties prenantes ».
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La smart city pour des villes plus sobres et moins carbonées
Couper automatiquement des éclairages à partir d’une certaine heure, repérer automatiquement des fuites sur les réseaux, mesurer l’impact d’une opération sur les ilots de chaleur ou encore identifier les postes prioritaires de travaux de rénovation énergétique, autant d’actions rendues possible par un bon usage des données, souvent gratuites, accessibles et exploitables. « Durabilité, éthique et sobriété sont les piliers de la smart city qui ne doit surtout pas se traduire par une course à l’armement technologique », au contraire « la smart city doit faire preuve de frugalité, de simplicité, pour embarquer tous les territoires et devenir « smart territory » » assure Joël Reboul, Vice-Président « Territoires intelligents » de Bionatics. Une bonne nouvelle pour les villes petites et moyennes qui n’ont pas les moyens ni le même niveau de connectivité que les grandes métropoles. À Baume-les-Dames dans le Doubs (5 000 habitants), la ville s’est dotée d’un logiciel d’hypervision du territoire pour intégrer et monitorer l’ensemble de ses équipements et infrastructures (localisations, contrats, maintenances, travaux…), le tout sans objets connectés. « Peu importe la taille et le niveau d’équipement des villes, toutes peuvent avoir accès au meilleur niveau d’information et de performance avec une triple économie : temps, argent, impact environnemental » témoigne Damien Couval, co-fondateur de la solution Hyvilo, utilisée à Baume-les-Dames. Données, outils et intelligence collective pourraient bel et bien s’affirmer comme un trio gagnant dans la chasse aux dépenses inutiles et aux émissions carbone des villes, quelle que soit leur taille et leur géographie.
3 questions à Denis Hameau – Conseiller de Dijon Métropole en charge du projet OnDijon
Que signifie « smart city » pour vous ?
Denis Hameau : La smart city c’est avant tout un concept. Nous avons une vision, une vision politique qui inclut l’écologie, le lien social, le développement durable et au centre de tout, la capacité à innover avec cette vision forte et publique de la politique. D’un côté un leadership public fort et de l’autre côté, le meilleur de l’innovation privée. Cette combinaison est un attelage puissant. En adoptant une logique transversale de coordination, on crée de nouveaux services internes, permettant eux-mêmes d’identifier des pistes d’économies qui nourrissent le modèle. C’est un cercle vertueux.
C’est réservé aux grandes métropoles ?
DH : Non ce n’est pas réservé aux grandes métropoles, c’est réservé à ceux qui ont envie de la faire. Il faut évidemment travailler avec d’autres villes. Au sein de la métropole de Dijon, nous avons travaillé à l’échelle des 23 communes pour pouvoir par exemple passer de 15 000 mâts d’éclairage public à 34 000 ce qui nous permet d’en rénover beaucoup plus et d’aller chercher 65 % d’économie d’énergie.
Un exemple d’innovation lié au choix de la ville digitale ?
DH : Nous sommes en train de mobiliser les données en lien avec la biodiversité et l’environnement avec l’idée de créer un data challenge pour imaginer, à partir de nos équipements d’éclairage public, de nouveaux moyens de créer des économies et de mieux respecter la biodiversité. Plutôt que d’éclairer tout le temps, on peut sans aucun doute éclairer moins la nuit pour limiter les nuisances sur la biodiversité, et par exemple, faire en sorte que les insectes ne soient pas détruits ou brûlés par les lampes.