Jeux de Paris : comment mettre l’excellence environnementale au cœur des grands événements ?
Comment allier évènementiel et environnement ? L’excellence environnementale, affichée comme un objectif structurant pour les Jeux de Paris, se traduit dans l’organisation de l’évènement et la conception des infrastructures. Forte de cette démarche, cette édition pourrait fixer des attendus pérennes et réplicables à celles qui la suivront.
Une empreinte carbone à la hauteur de leur taille
Le monde du sport n’échappe pas aux conséquences du dérèglement climatique. Georgina Grenon, Directrice de l’Excellence Environnementale de Paris 2024 confiait, dans le cadre d’une interview pour Terres de Jeux, que “la pratique du sport est menacée comme toutes les activités humaines” par le changement climatique, l’érosion de la biodiversité et la pollution.
Or, les derniers Jeux, organisés à Londres et Rio, se sont révélés particulièrement polluants. Ces derniers ont émis 3,6 millions de tonnes de CO2 et 17 000 tonnes de déchets. L’empreinte carbone des Jeux de Tokyo, qui se sont tenus en 2020 sans spectateurs, ont émis 2,4 millions de tonnes de CO2. Le modèle traditionnel d’organisation n’apparaît que peu compatible avec la sobriété et les engagements de la France sur le climat. En effet, ces grands évènements sportifs planétaires sont à l’origine de consommation de ressources matérielles et de nouvelles infrastructures carbonophages.
Partant de ce constat, le Comité d’organisation parisien s’est adossé à un Comité de transformation écologique, composé de neuf experts, pour prendre en charge la stratégie climatique et environnementale de l’évènement.
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Des engagements environnementaux ambitieux
La stratégie climat du Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (COJO), adoptée en 2021, implique la réduction de moitié des émissions carbones liées aux Jeux, par rapport aux éditions précédentes. Aussi, les jeux fonctionneront sur la base de 100 % d’énergie renouvelable. La SOLIDEO, en charge de la livraison des ouvrages, s’est d’ailleurs engagée à livrer des jeux exemplaires, dont les infrastructures reposent à 95% sur les ouvrages existantes. Une telle démarche, fondée sur une valorisation de l’ancien, permet d’éviter les émissions carbone afférents à la construction. Par ailleurs, la compacité des sites de compétition, dont l’immense majorité se situe à moins de 10 km du Village des Athlètes, limitera les déplacements polluants.
L’autre pilier de la stratégie environnementale, présentée par le Comité, repose sur une surcompensation des émissions de CO2 émises par l’évènement, de quoi en faire les premiers Jeux à contribution positive pour le climat et respectueux de l’Accord de Paris.
Des projets urbains à l’image de la stratégie
Quand les compétitions ne se tiendront pas autour des monuments emblématiques du patrimoine architectural français, elles prendront place dans de nouveaux ouvrages, actuellement en cours de construction : le Village des Athlètes et le Centre aquatique. Ces deux complexes affichent un bilan carbone contenu, selon les ambitions partagées par Paris 2024 et la SOLIDEO en matière d’excellence environnementale.
D’une part, les 330 000 m2 du Village seront convertis en logements et bureaux à l’issue des jeu, dans le cadre du plan Héritage et Durabilité du comité organisateur. Situé à cheval sur les communes de l’Île-Saint-Denis et Saint-Ouen, le village conçu notamment par l’architecte Dominique Perrault présente une adaptabilité notable à l’intensification du réchauffement climatique. Par exemple, les toitures et la végétation sont destinées à accueillir la biodiversité et les espaces publics comportent des îlots de fraîcheur propices au confort thermique en été.
D’autre part, le futur Centre Aquatique, qui sera livré face au Stade de France, est conçu à partir de matériaux biosourcés et comprendra 4 680 m2 de panneaux photovoltaïques. Par ailleurs, 8,5 tonnes de déchets plastiques seront recyclés pour fabriquer les sièges des gradins, qui pourront accueillir 6 000 personnes. Outre sa conception, l’usage du bâtiment se révèlera en ligne avec les exigences environnementales du comité : 90% des besoins de chauffage de la structure seront couverts par des énergies renouvelables ou de récupération. À cet égard, la modularité des bassins et la forme concave du bâtiment permettent d’en limiter la consommation énergétique.