Des villages sur les toits : à Rotterdam, une nouvelle façon d’habiter
Et si on habitait les toits ? À Rotterdam, c’est possible. L’association Dakdorpen, soutenue par la municipalité, donne une nouvelle vie aux toits des bâtiments de la ville en les rendant plus écologiques et en y installant des « tiny houses », des petites maisons accessibles et de qualité. Cette nouvelle forme de développement urbain représente une solution originale pour répondre à la fois aux enjeux climatiques et à la crise du logement.
« La cinquième façade, une véritable nouvelle couche pour les villes »
La densification est souvent mentionnée, en France comme à l’étranger, comme un moyen efficace pour lutter contre l’artificialisation des sols, l’étalement urbain et augmenter l’offre de logements dans les centres urbains. La notion pose cependant toujours le même problème : densifier oui, mais où et comment ? Les « rooftop villages » de Rotterdam nous permettent de prendre de la hauteur.
Entre limitation de l’empreinte au sol, affranchissement des travaux de fondations et diversification de l’offre de logements : les avantages de ces petites habitations de 20 à 50 m2 bâties sur les toits sont nombreux. Cela est d’autant plus le cas à Rotterdam dans un contexte de pénurie exacerbée de logements couplée d’une difficulté généralisée d’accession à la propriété.
Les toits représentent une « véritable nouvelle couche pour les villes », estime Renée Miles Rooijmans, urbaniste anthropologue et membre de l’association Dakdorpen. Bienvenue dans la « 5e façade », qui change nos perspectives de l’habitat et nous permet de voir la ville sous un autre angle.
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« Lors du lancement de l’initiative, on se demandait quel genre de public allait être intéressé par les tiny houses sur les toits et nous sommes agréablement surpris par la diversité des populations concernés », précise Renée Miles Rooijmans. Couples de trentenaires ressentant le besoin de changer de vie, familles ayant du mal à trouver un logement proche de leur lieu de travail, retraités cherchant une vie plus simple et proche des commodités… les types de personnes intéressées par le dispositif sont variées. D’après Renée Miles Rooijmans, « les rooftops villages répondent à une diversité de besoins ».
Habiter les toits, une solution d’avenir pérenne ?
En plus de leurs vertus urbanistiques et sociétales, les « rooftops villages » peuvent aussi se targuer d’avoir de nombreux mérites environnementaux : végétalisation des toitures, rafraîchissement des bâtiments et des villes, amélioration de la biodiversité, de la rétention d’eau, baisse de l’emprise au sol, constructions bas carbone… Autant d’éléments qui en font une solution intelligente pour pallier au réchauffement de nos villes.
Renée Miles Rooijmans détaille le modèle économique : « là où le verdissement simple des toitures ne conduit à aucun retour sur investissement, le fait de proposer des petites maisons à louer ou à revendre peut constituer un intérêt à investir plus marquant pour les propriétaires des immeubles ». L’association Dakdorpen travaille ainsi de concert avec les investisseurs afin de les encourager à financer ce type de projets mais aussi avec la municipalité afin d’obtenir plus facilement les autorisations d’urbanisme requises. De nouveaux modèles pourraient également être imaginés, avec des propriétaires qui possèderaient uniquement les toits et non pas le reste du bâtiment.
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Pour pouvoir développer et diffuser la solution : l’enjeu est de la faire connaître et de donner envie au grand public. Quoi de mieux pour cela que le déroulement du festival « Rotterdamse Daken Dagen » (les journées du toit) qui a lieu ce mois de juin à Rotterdam. Grâce à des passerelles mises en place par l’agence d’architecture MVRDV, les habitants ont la possibilité de se déplacer sur les toits des bâtiments. De cette manière, ils peuvent profiter de la vue mais aussi d’événements festifs avec de la musique, des stands de boissons et de nourriture.
« Il s’agit de donner une autre expérience de la ville aux habitants, et de leur permettre de la percevoir d’un autre niveau. Le pouvoir des toits réside dans le fait de donner le sentiment aux habitants qu’ils font partie de la ville, qu’ils sont dans le paysage : c’est presque spirituel » précise Renée Miles Rooijmans.
Demain, habiter les toits sera donc peut-être une nouvelle norme, qui ira dans le sens de la construction de villes plus denses, acceptables et résilientes.