La civic-tech : remède ultime contre le désengagement des citoyens ?
Alors que, partout en France, les jeunes actifs désertent les réunions municipales par manque de temps et d’envie, de nombreuses initiatives – les fameuses civic-tech – se développent pour refaçonner le fonctionnement de nos démocraties et redonner de la voix aux citoyens, le tout en s’appuyant sur les outils numériques. Parce que la réflexion sur la vie de la Cité est primordiale chez Nexity, nous nous sommes intéressés à ces entrepreneurs qui veulent révolutionner la démocratie numérique.
Derrière le néologisme de la civic-tech, un concept fort : celui d’utiliser la technologie pour faciliter le dialogue entre les citoyens et leurs élus et à l’échelle locale, inciter les habitants à s’investir dans la vie de leur commune. Pour ces nouveaux acteurs de la démocratie 2.0, les objectifs sont multiples : redonner de la voix aux citoyens, les inciter à prendre part aux décisions municipales, à donner leur avis et à partager leurs idées d’amélioration mais également permettre aux institutions d’optimiser leur communication. Depuis quelques temps, de nombreux entrepreneurs français, passionnés par les enjeux de la vie publique à l’ère du numérique, développent leur plateforme. Elles s’appellent Neocity, Vooter, City2Gether ou encore Fluicity et portent le mouvement civic-tech en proposant de nombreux services d’amélioration de la vie citoyenne. Éclairage.
Informer : le contenu au coeur des villes de demain
Qu’il s’agisse d’informer les habitants sur les actualités de la ville, ses événements, ses transports, ou de récupérer leur opinion sur tel ou tel sujet, ces applications permettent à de nombreuses villes de France de moderniser leur communication et de toucher les citoyens directement sur leur mobile, en leur proposant un contenu exclusif. C’est avec l’objectif de rapprocher les institutions de la ville de leurs citoyens que la startup Neocity est devenue l’une des startups référence pour les mairies. Elle leur offre une application sur-mesure, aux couleurs et à la charte de la ville, fournissant régulièrement aux habitants les informations essentielles de leur ville. Après avoir connu une crue record en 2016, la ville de Nemours s’est par exemple appuyée sur son application mobile officielle, développée par la startup, pour que ses habitants puissent recevoir en temps réel les différents appels à la mobilisation : barques, gilets de sauvetage, couvertures et vêtements secs destinés aux sinistrés. Avec une offre adaptée à chaque taille de mairie, Neocity pourrait bien généraliser la ville connectée, démocratiser son système, et révolutionner la communication des villes.
Partager : la ville, un espace partagé d’idéation
Mais le véritable point fort des startups de la civic-tech est le partage et le recueil des idées. Elles offrent aux citoyens une nouvelle façon de communiquer avec leurs élus : signaler en temps réel un dommage dans la ville (fuite d’eau, trou dans la chaussée…), exprimer ses doléances, ou proposer un projet. L’objectif ? Réinvestir le citoyen dans la vie de sa commune et lui donner une place à part entière dans les projets de développement.
On peut citer par exemple la startup Fluicity, qui travaille depuis plusieurs mois avec la ville de Vernon pour l’accompagner dans la mobilisation de ses habitants à s’exprimer sur des sujets concrets tels que l’état des routes, la pollution ou encore les chantiers de construction… Et Fluicity ne s’arrête pas là puisqu’elle permet aussi aux citoyens de donner leur avis via un “billet d’humeur” et de proposer des projets directement depuis leur mobile. Depuis le lancement de l’application dans la ville, la mairie a reçu de nombreuses propositions, aussi variées qu’un supermarché de produits en vrac, un marché estival nocturne ou un mur d’expression dédié au street-art. “L’opinion des habitants constitue la donnée la plus précieuse pour un maire. Avec Fluicity, ce dernier devient un véritable « CEO » de sa ville. Il prend des décisions rationnelles, basées sur des données statistiques et non plus sur de simples intuitions”, explique Julie de Pimodan, co-fondatrice de Fluicity dans article publié sur L’Express.
Décider : redonner sa place à la voix de ses habitants
Autre haut potentiel de la civic-tech : le sondage. Alors que les habitants sont peu investis dans les décisions prises par leur municipalité, les startups comme Neocity, Fluicity, et plus particulièrement Vooter se sont données pour ambition de réinvestir le citoyen dans le processus de décision grâce à des “e-sondages”, disponible directement sur l’application.
Vooter par exemple, est une application de consultation citoyenne destinée à faciliter la distribution de sondages et optimiser le taux de réponse. « La vie politique a besoin d’outils de retour citoyen et de décision pour les élus », souligne Stéphane Béquin, co-créateur de l’application dans un article du Monde. Ce type d’outil permet de recueillir l’avis des habitants, facilite les prises de décisions et permet aux maires d’être plus efficaces et de gagner du temps. Quant au citoyen, il peut mesurer beaucoup plus facilement l’impact de son avis sur les actions de la mairie et changer ainsi sa vision du pouvoir municipal. En activité depuis un an à Bougival, dans les Yvelines, l’application a permis à la ville de réaliser de nombreuses consultations. Le maire se félicite de l’augmentation du taux de réponse de 1 à 6%.
Utilisation des données et transparence, la Civic-Tech divise
Pour autant, la civic-tech soulève de nouvelles problématiques. Alors que les organismes privés prônent un logiciel propriétaire, garant de la rentabilité, d’autres considèrent qu’un logiciel open source est l’unique solution pour une transparence totale et une amélioration en continue. Se pose également la question du stockage des données et de leur accessibilité. Où sont-elles stockées et qui peut-y avoir accès ? Qu’adviendra-t-il si ces startups privées sont rachetées par de grands groupes, ou ferment leurs portes ? Comment garantir la transparence et la légitimité des données dans un tel contexte ? De nombreuses questions auxquelles les institutions et décideurs publics prêtent de plus en plus attention.
Pour aller plus loin, découvrez le reportage d’ARTE « Démocratie 2.0 » :