CIM : une maquette numérique pour dessiner la ville de demain
Considéré comme une véritable révolution numérique, le BIM (Building Information Modeling) modifie en profondeur la manière dont sont conçus et construit les bâtiments d’aujourd’hui. Sa déclinaison urbaine, le CIM, pourrait bien quant à elle redéfinir les contours des villes de demain. Alors que les projets de smart cities se multiplient, le « City Information Modeling » ouvre en effet de nouvelles perspectives pour l’organisation et la gestion des territoires, notamment en ce qui concerne le développement durable urbain.
Urbanisme 2.0
Le CIM – City Information Modeling – est une maquette numérique à l’échelle d’un quartier ou d’un territoire donné. Là où le BIM permettait de modéliser un ouvrage de construction en 3D, le CIM offre quant à lui la possibilité de modéliser un espace urbain dans son entier, en intégrant toutes les informations qui le composent (voiries, eau, énergies, télécommunications, éclairages, bâtiments, végétaux, mobilier, gestion des déchets, trames vertes et bleues, données de l’INSEE…)
Il permet d’avoir une meilleure compréhension des projets d’urbanisme en facilitant leur visualisation et en simulant leur performance, aussi bien durant les phases de conception et de construction que pendant la phase d’exploitation. En d’autres termes, le CIM, aussi appelé City-BIM ou BIM multi-échelle, permet de réunir l’ensemble des données nécessaires au bon déroulement d’un projet urbain, en tenant compte des caractéristiques et des contraintes inhérentes à chaque métier impliqué et représenté.
De ce fait, il contribue à simplifier grandement la prise de décision, la collaboration et la communication entre acteurs (architectes, paysagistes, ingénieurs, maîtres d’ouvrage…) et utilisateurs (riverains, habitants…), notamment durant l’étape cruciale de concertation publique.
En association avec l’Internet des objets (Internet of Things – IoT), le CIM peut incontestablement modifier en profondeur la vie urbaine et apporter des éléments de réponse intéressants aux enjeux majeurs que représentent la concentration de la population dans les grandes villes et la maîtrise de la consommation énergétique. Alors que le concept de smart city – ou ville intelligente – a le vent en poupe, le CIM apparaît comme une solution solide pour participer à son essor.
Le CIM, « modalité de fabrication de la ville de demain » ?
De nombreuses attentes pèsent sur le CIM, tant le potentiel de cet outil est grand. « Déployer les projets en CIM » fait d’ailleurs partie des pistes d’actions suggérées par Réana Tahéraly dans son rapport intitulé « Pour une stratégie d’innovation urbaine de Grand Paris Aménagement – la ville de demain, maintenant ou jamais ? », remis au directeur général de GPA, Thierry Lajoie, le 23 janvier 2019. La cheffe de cabinet, rappelant que le CIM peut être un réel outil de concertation avec les habitants d’un quartier, souligne l’importance de prendre des engagements à 5 ans qui toucheront « les modalités de la fabrication, les usages et le modèle de l’aménageur de la ville de demain ».
Des démarches qui se multiplient
Plusieurs démarches de CIM sont actuellement en cours de déploiement en France. Le projet de renouvellement Charenton-Bercy vise à créer un quartier alliant qualité de vie et rayonnement urbain. L’opération Les Horizons à Courcouronnes a quant à elle une ambition claire : dessiner un quartier au service du territoire et des usagers tout en étant exemplaire en termes de développement durable. On peut citer également le Triangle de l’Échat à Créteil – une ZAC créée en juillet 2017 où Grand Paris Aménagement réalise une opération dans le cadre du plan de mobilisation pour le logement – ou encore le futur écoquartier « Les Fabriques » à Marseille qui s’inscrit dans le cadre de l’Opération d’Intérêt National (OIN) portée par Euroméditerranée.
Enfin, il apparaît indispensable de mentionner le cas d’un aménagement en BIM-CIM à Paris La Défense. Grâce à un partenariat R&D avec le CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment), le confort des usagers a pu être restitué et scénarisé virtuellement dans une approche globale et la performance de l’aménagement a pu être simulée selon plusieurs critères (aéraulique, acoustique, éclairage public, environnement, reflet solaire, éblouissement).
Si l’intérêt du CIM dans les nouveaux projets d’aménagement urbain apparaît incontestable, les regards commencent déjà à se tourner vers le TIM (Town Information Modeling). Cette maquette numérique, dont le rôle est de mettre en réseau différents CIM, pourrait en effet permettre l’accès à une dimension supplémentaire en matière d’innovation urbaine…