Ces villes qui innovent pour contrer la pandémie
La crise liée au COVID-19 a fait entrer les villes dans l’ère de la résilience. Une situation sanitaire et économique sans précédent, qui engendre toutefois une éclosion de pratiques innovantes.
Les défis que nos métropoles doivent affronter sont déjà majeurs : écologiques, sociétaux, économiques. Le mode de vie urbain se voit chamboulé et les pratiques sanitaires deviennent le centre des préoccupations. Et ce pour une longue période. Mais à l’orée d’une sortie de crise et du déconfinement à venir, la ville d’après se dessine, avec une conscience écologique accrue et une solidarité décuplée. Partout, des pratiques innovantes pour affronter la pandémie sont apparues et nos espaces urbains se transforment. En voici quelques exemples.
Bratislava, masques et cartoons
En Slovaquie, les réactions et mesures face à la crise du coronavirus ont été promptes. Dès la fin mars, le port du masque est devenu obligatoire dans tout le pays, et ce pour chaque sortie. A Bratislava, la capitale, des masques chirurgicaux sont disponibles dans des distributeurs automatiques. Dans les transports, le contact est minimisé grâce à la quasi-totale automatisation des systèmes d’ouverture et fermeture des portes. Pour aider les seniors, population la plus touchée par la crise sanitaire, une ligne téléphonique totalement gratuite a été mise en place : elle permet de livrer nourriture, médicaments et de maintenir le lien social avec les aînés de la ville slovaque. Après la fermeture des écoles, un soutien psychologique a été déployé pour les parents qui doivent affronter le défi de l’école à la maison et pour les enfants qui se trouvent confrontés à un mode de vie reclus, difficile à supporter. Toute la communication liée à la crise est réunie sur un seul site. Un célèbre dessinateur s’attelle à mettre en images les gestes barrières et le maire de la ville répond aux questions des habitants sur un Facebook Live, plusieurs fois par semaine.
Grenoble, festival en ligne et invention médicale
C’est un immense élan de solidarité qui s’est emparé de la ville de Grenoble. Après les mesures annoncées par le gouvernement à la mi-mars, la « capitale des Alpes » a lancé la plateforme d’entraide « Grenoble Voisins Voisines », qui place la solidarité numérique au centre de son action. Comme dans de nombreuses villes françaises, la garde des enfants du personnel soignant, policiers, gendarmes et pompiers est évidemment assurée. La ville veut aussi promouvoir une culture à la portée de tous. On peut suivre sur Facebook le festival en ligne, gratuit et quotidien, nommé « Fête comme chez vous ». Une initiative qui permet de faire circuler les œuvres de la Numothèque, les archives des rencontres du Cinéma de Montagne et du Festival de Court Métrage. Une innovation dans le secteur médical vient aussi des Alpes : des chercheurs grenoblois ont inventé un bulle pour transporter les malades afin de limiter la propagation du virus. Enfin, comme le rapporte La Tribune, un collectif composé de chercheurs et d’industriels s’est réuni pour collecter et distribuer des masques stockés. Aussi, ces équipes ont lancé des recherches pour la production de masse de nouveaux prototypes de masques, grâce à l’impression 3D.
San José (CALIFORNIE), un soutien indéfectible aux sans-abris
Pour les sans-abris, la crise sanitaire liée au coronavirus est un fardeau de plus à porter. Rapidement, la ville a agi pour venir en aide au plus de 6000 sans-abris de la cité californienne. Stations pour lavage de mains, toilettes mobiles et sources d’eau ont été installées dans des camps regroupant des personnes sans domicile fixe. Aussi, une voiture de l’équipe « WeHOPE » parcourt ces camps pour alerter sur les dangers du virus et livrer de la nourriture. Afin de reloger les sans-abris, un plan de 17 million de dollars a été voté par le comté pour installer plus de 500 maisons préfabriquées. Certaines toilettes des parcs de la ville restent ouvertes uniquement pour ces personnes en grande difficulté. La ville californienne défend aussi ardemment l’accès à la culture et à l’information pour tous, grâce au site de la mairie, régulièrement actualisé et extrêmement fourni.
Bogotá, pistes cyclables et roulement pour droit de sortie
En confinement total depuis le 11 mars, la capitale colombienne, avec la maire Claudia López à sa tête, tente d’endiguer la pandémie de coronavirus, avec des mesures exceptionnelles. D’abord, le système « pico y placa » (qui signifie littéralement « pointe et plaque ») qui restreint la circulation en fonction des plaques d’immatriculation pour atténuer la congestion du trafic a été maintenu. Mais c’est l’adaptation de cette méthode au droit de sortie pendant le confinement qui a surpris. Pour limiter l’affluence dans les rues et les commerces, les femmes sont autorisées à sortir lors des jours pairs et les hommes lors des jours impairs. Une mesure jugée efficace mais polémique : en effet, la division en fonction du genre apparaît comme problématique pour la communauté transgenre. Claudia López, première maire homosexuelle déclarée en Colombie a réagi en instaurant une ligne téléphonique antidiscrimination pour aider les victimes de la communauté LGBTI à porter plainte en cas d’agression.
Outre cette décision, la maire de Bogotá a accentué sa politique visant à rendre la ville plus accessible aux vélos : elle a ordonné la création de 76 kilomètres de pistes cyclables sur des axes précédemment réservés à la circulation automobile. Pionnière dans le monde, la ville compte environ 550 kilomètres de pistes cyclables. Pour faire face aux pénuries, la maire a annoncé une alliance entre les services de santé publics et privés, pour subvenir au besoin de matériel médical, gels hydroalcooliques et masques.
Mayence au soutien du commerce local
Maintenir les commerces en vie, c’est un des objectifs principaux de la ville de Mayence. Startup Blink qui fournit une carte de l’écosystème de startups les plus innovantes lors de la crise du coronavirus plébiscite Mainz Leibe, plateforme particulièrement efficace pour soutenir les commerces locaux et circuits courts, qui vend des vouchers pour préparer l’après-confinement et la réouverture des entreprises, hôtels, bars et restaurants.