Yann Galut : « Faire de Bourges une destination majeure pour un tourisme culturel et nature de qualité »

Yann Galut, Maire de Bourges (Cher)

Maire de Bourges (Cher) depuis 2020, Yann Galut a porté le projet de devenir « Capitale européenne de la culture ». Un succès puisque cette ville de 66.000 habitants sera le centre de l’Europe de la culture en 2028. Quels sont les ingrédients de ce succès ? À quoi ressemblera « Bourges 2028 » ? Quel en sera l’héritage ? Interview.

Qu’est-ce que cela signifie pour une ville d’être « Capitale européenne de la culture » ?

Yann Galut : Être la Capitale européenne de la culture est une révolution pour Bourges, car nous étions en compétition avec trois grandes métropoles régionales françaises (Montpellier, Rouen et Clermont-Ferrand) déjà bien établies, qui bénéficiaient déjà d’une véritable visibilité et attractivité. Notre désignation est exceptionnelle, surtout pour une ville de moins de 100.000 habitants, elle fait de Bourges le symbole des villes à taille humaine, boostant considérablement notre notoriété et attractivité. Cela signifie également que Bourges représentera la France sur la scène culturelle européenne en 2028, ce qui est une opportunité extraordinaire, d’autant plus que nous sommes seulement la cinquième ville française à obtenir ce titre. La désignation d’une ville française ne se produisant que tous les 14 ans, cet honneur impactera Bourges pendant près de deux décennies.

Bourges était le candidat « petit poucet » : qu’est-ce qui a fait la différence selon vous ?

Yann Galut : Notre différence résidait d’abord dans notre ambition de devenir un modèle culturel pour les villes de moins de 100.000 habitants, là où les typologies des trois autres villes se ressemblaient beaucoup. La crise du COVID-19 a également favorisé les villes à taille humaine, alors que les métropoles captaient davantage la lumière au cours des années précédentes. Ensuite, notre projet misait sur le développement durable, proposant une alternative au voyage en avion. Nous avons tissé un réseau à travers l’Europe, composé de trains de nuit enrichis d’offres artistiques, incluant de la musique et du théâtre. Ces trains feront halte dans des lieux d’exposition uniques, invitant les voyageurs à explorer Bourges et au-delà, englobant toutes les villes et communautés partenaires de notre candidature. Nous invitons les Européens à s’octroyer un séjour d’une semaine, dix ou même quinze jours pour découvrir Bourges, Blois, et la région du Berry, s’imprégner de la majesté des châteaux de la Loire et parcourir la Loire à vélo. Bourges se présente non seulement comme une destination finale mais aussi comme un point de départ ou une étape-clé pour ceux qui souhaitent explorer nos villes partenaires dans l’esprit du slow tourisme. Notre démarche vise un bilan carbone considérablement réduit par rapport aux autres capitales européennes, encourageant les visiteurs à repenser leur manière de voyager, dans l’optique d’une expérience plus riche et respectueuse de l’environnement. Enfin, nous avons mis l’artiste au cœur de notre candidature. Je veux faire de Bourges la Villa Médicis d’Europe, en créant une cité européenne des artistes à Bourges, pour qu’ils y viennent en résidence, se former, bénéficier de projets et budgets européens, s’informer sur leurs droits ou trouver de l’aide pour la traduction de leurs œuvres. On s’intéressera à leur santé, à leur logement, à leur vieillissement. On veut être un centre de ressources pour eux.

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Comment Bourges, son territoire et ses habitants vont vivre cette année 2028 extraordinaire ?

Yann Galut : L’année 2028 sera marquée par une effervescence culturelle, semblable à un « Printemps de Bourges » prolongé toute l’année. Bourges c’est aussi la présence de la première friche d’art contemporain en France, de la première maison de culture ouverte en 1968 et sa cathédrale, parmi les plus belles du pays. Ces atouts ont joué un rôle clé dans notre candidature et soulignent l’importance d’impliquer la population dans un projet d’une telle envergure. L’année 2028 se transformera en une longue célébration du Printemps de Bourges, marquée par une effervescence culturelle inédite. La ville s’animera d’une multitude d’activités : des centaines d’événements culturels, des concerts majeurs, des expositions d’envergure nationale, du théâtre de rue, ainsi qu’un grand carnaval impliquant tous les quartiers et de nombreuses autres initiatives locales. Pour engager pleinement la communauté, jusqu’à 200 appels à projets seront lancés, soutenus financièrement par la municipalité, l’agglomération, le département, et la région. Cette démarche vise à encourager chaque habitant et chaque structure culturelle à prendre part à cette aventure. Notre ambition va au-delà de la présentation de grands noms européens ; nous souhaitons que tout le territoire s’implique et vive pleinement cette année exceptionnelle de 2028.

Quel est l’impact attendu pour votre ville et pour votre territoire ? Et quel sera l’héritage de Bourges 2028 ?

Yann Galut : Des centaines d’événements labellisés Bourges 2028 se tiendront à travers toute la région, dans les villes et les communautés qui ont soutenu notre candidature. Ce partenariat a été essentiel : sans la région, Bourges n’aurait pas remporté cette distinction. L’initiative Bourges 2028 se veut une véritable mobilisation territoriale, embrassant aussi bien la ville et l’agglomération que le département dans son ensemble. Nous sommes honorés d’être reconnus comme la candidature de la ruralité, ce qui signifie que des événements liés à Bourges 2028 auront lieu dans des endroits aussi divers que Sancerre, Saint-Amand-Montrond, Aubigny-sur-Nère, ainsi que dans des villages de potiers renommés à travers l’Europe. Allant au-delà des frontières de notre région, nous avons constitué un réseau de villes de moins de 100.000 habitants à travers l’Europe, intégrant des villes de festivals comme Avignon et Angoulême dans notre candidature. Cela nous permettra d’organiser des événements spéciaux tels que Avignon-Bourges 2028, Châteauroux-Bourges 2028, et Issoudun-Bourges 2028, profitant ainsi de la dynamique culturelle de Bourges pour rayonner bien au-delà de nos frontières régionales.

Une dernière question : vous aurez réussi si… ?

Yann Galut : Nous aurons réussi si Bourges devient une destination majeure pour un tourisme culturel et nature de qualité, reconnue pour sa qualité de vie. Le succès se mesurera aussi à l’implication de toute la population dans ce projet, sans perdre nos valeurs de proximité et d’empathie. Notre but n’est pas de transformer Bourges en un parc d’attractions culturel, mais de la faire reconnaître pour sa proposition touristique et culturelle unique.