BIM : la maquette numérique qui signe la révolution du bâtiment

BIM. Derrière ces trois lettres, une révolution numérique – voire un big bang – pour le monde du BTP. Le BIM, pour “Building Information Modeling – en français “modélisation des données du bâtiment” – redéfinit en profondeur la manière de concevoir, construire, exploiter et maintenir la performance des bâtiments. Partagée sur une plateforme collaborative, cette maquette numérique 3D permet ainsi d’accroître la qualité des ouvrages et de faire baisser leurs coûts de construction et d’exploitation-maintenance.

Lancé officiellement en février 2015, le Plan de Transition Numérique dans le Bâtiment (PTNB) affiche déjà des résultats très encourageants pour le BIM. Dans la seconde édition de son baromètre, il révèle que 35% des professionnels déclarent désormais utiliser le BIM dans leurs opérations. C’est 8 points de plus qu’en mars dernier. Déjà obligatoire dans un certain nombre de pays comme le Royaume-Uni, les Pays-Bas, le Danemark, la Finlande et la Norvège, elle le sera en France en 2017 pour tous les marchés publics.

Au-delà de faire évoluer nos modes de travail, le BIM va véritablement révolutionner notre métier et surtout notre façon de concevoir nos opérations de bureaux et de logements ”

Bruno Corinti, Président de l’immobilier résidentiel et tertiaire de Nexity.

Le BIM repose sur la modélisation 3D du bâtiment – véritable jumeau numérique – qui englobe toutes ses caractéristiques physiques, techniques et fonctionnelles. Cette maquette virtuelle va permettre d’effectuer des analyses et des simulations (énergétiques, calculs structurels, détections des conflits, etc) mais aussi des contrôles (respect des normes, du budget, etc) et des visualisations. Le BIM assure ainsi une conception de meilleure qualité et la détection des problèmes avant la mise en chantier.

Un outil incontournable pour favoriser les échanges et minimiser les erreurs de conception

Mais bien plus qu’un logiciel, le BIM implique un ensemble de méthodes de travail utilisées tout au long de la conception, de la construction et de l’utilisation d’un bâtiment, par toutes les parties prenantes d’un projet. Le BIM permet ainsi de définir précisément le rôle de chaque intervenant et ce, à chaque étape du chantier.

Auparavant, l’utilisation de plans 2D en phase de conception pouvait engendrer des conflits entre les nombreux corps de métier du bâtiment, engendrant surcoûts et pertes de temps. Car pour toute intervention sur le projet, c’est chaque document qu’il fallait modifier, entraînant un nombre souvent impressionnant de versions et pouvant parfois entraîner une rupture dans la chaîne d’informations. Avec le BIM, tout est simplifié. Le travail entre maître d’œuvre et maître d’ouvrage devient collaboratif : le logiciel informe tous les interlocuteurs en temps réel des modifications effectuées par les uns et les autres, assurant la cohérence des informations et permettant d’avoir une vision à la fois globale et détaillée d’un projet.

Toujours d’après l’étude du PTNB, le BIM est une véritable source de valeur ajoutée pour les professionnels du BTP qui sont plus de la moitié à trouver qu’il favorise les échanges entre les acteurs et permet de minimiser les erreurs de conception. Pour plus d’un tiers d’entre eux, il permet aussi d’améliorer la qualité des ouvrages.

Néanmoins, des freins subsistent à son utilisation. Plus d’un tiers des professionnels pointent en effet un manque de compétences internes, le coût d’investissement du logiciel mais aussi le manque de standardisation.

Il est crucial que les pouvoirs publics renforcent leur mobilisation sur ce sujet pour soutenir et accélérer la digitalisation de la filière. Il y va de la performance de nos ouvrages et de l’attractivité de notre patrimoine bâti et d’infrastructures ”

Nicolas Jachiet, président de Syntec-Ingénierie

En ce sens, Syntec-Ingénierie propose au candidats à la présidentielle et aux législatives d’accélérer la mise en œuvre du BIM au travers de l’adoption d’obligations réglementaires échelonnées dans le temps et par taille d’ouvrages à partir de 2020 pour les ouvrages publics.

Il est certain que le BIM n’en est encore qu’à ses balbutiements mais il bouleverse déjà sensiblement la manière de travailler des promoteurs immobiliers et de leurs partenaires. L’enjeu crucial désormais : former tous les acteurs concernés, ce qui ne représente pas un investissement moindre mais qui n’en demeure pas moins indispensable pour réussir cette transformation.