Élue « conseillère déléguée à la Transition inclusive et au bonheur » en mars 2020 à Arras, Éléonore Laloux est la première conseillère municipale porteuse d’une trisomie. Récemment distinguée chevalier de l'Ordre du mérite par Sophie Cluzel, la secrétaire d'État chargée des personnes handicapées, l’élue de 36 ans a démontré par ses actions combien les personnes en situation de handicap mental sont capables d’apporter aux collectivités. © DR : Ville d’Arras
Publié le 17.11.21 - Temps de lecture : 3 minutes

Arras, Paris, Boulogne-Billancourt, Seine-Saint-Denis : leur stratégie d’inclusion des personnes en situation de handicap

Des conseils locaux à l’espace public, la question du handicap est tout sauf à la marge des politiques publiques menées par les villes. Tiers-lieux dédiés, espaces d’inclusion, aménagements en faveur de l’accessibilité… À Paris, Arras ou en Seine-Saint-Denis, des initiatives locales ont émergé et font figure d’exemples pour mieux intégrer les plus vulnérables dans l’espace public et la vie citoyenne.

Élue « conseillère déléguée à la Transition inclusive et au bonheur » en mars 2020 à Arras, Éléonore Laloux est la première conseillère municipale porteuse d’une trisomie. Récemment distinguée chevalier de l’Ordre du mérite par Sophie Cluzel, la secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, l’élue de 36 ans a démontré par ses actions combien les personnes en situation de handicap mental sont capables d’apporter aux collectivités, avec détermination et un regard nouveau sur la ville. La commune du Pas-de-Calais compte désormais dix jeux adaptés pour enfants en situation de handicap dans ses quartiers, la première salle de change de la ville (un espace de 12 m2 permettant à une personne et deux accompagnants d’aller aux toilettes, avec WC, lavabo, lève-personne…) a été installée dans l’hôtel de ville, des plaques de rues inclusives ont été posées à hauteur de vue d’une personne en fauteuil, de manière régulière, sur les différentes rues et place retenues. Autant d’actions que de révolutions pour celles et ceux qui font l’expérience du handicap au quotidien, accompagnant ou accompagné.

L’inclusion est une stratégie de terrain

À Arras, la distinction reçue par Éléonore Laloux est un aboutissement pour la ville et l’équipe municipale conduite par Frédéric Leturque depuis 2014. Dès son élection, le maire a mis en place des outils pour penser sa politique à destination des personnes handicapées avec la création de commissions thématiques animées par des élus chevronnés.

Cette logique d’inclusion dans les groupes de réflexion des villes se développe comme à Boulogne-Billancourt où un conseil local du handicap a été lancé en 2020, avec pour but de faire remonter les besoins des personnes handicapées et de leurs soignants sur le territoire. Une méthode qui part du terrain et des retours d’expérience pour penser et adapter les services publics et les évènements municipaux à tous les publics. Comment ? En créant trois collèges de travail : l’un composé d’auto-représentants (personnes en situation de handicap et personnes de leur entourage proche), le second de professionnels du champ du handicap et le dernier de bénévoles du monde associatif œuvrant pour des personnes en situation de handicap. Cet organe de démocratie participative permettra de formuler des propositions concrètes au conseil municipal de la ville pour créer des lieux, des événements et des services plus inclusifs.


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Accessibilité, accompagnement, visibilité : les trois clés vers l’autonomie

En participant à réduire les fractures qui peuvent exister entre les personnes en situation de handicap et le reste de la société, les stratégies d’inclusion visent avant tout à leur redonner un maximum d’autonomie. Pour ce faire, la création de synergies entre acteurs de l’accompagnement au quotidien et acteurs des services publics permet de créer des lieux accessibles à tous pour vivre, travailler, s’éduquer et tout simplement partager. En Seine-Saint-Denis, le département a déployé un programme appelé « tiers-lieux autonomie » afin de créer des espaces d’accueil pour personnes vulnérables (jeunes, personnes âgées, en situation de handicap) avec des services à la personne, des prestations médico-sociales et autres actions en faveur de l’autonomie. À Rosny-sous-Bois par exemple, l’espace FaSol est animé par une association qui propose des animations, axées autour de la récupération et de la réutilisation du bois, pour des publics de jeunes en recherche de formation et d’insertion, des personnes âgées et des personnes en situation de handicap.

Association FaSol à Rosny-sous-Bois © DR : In Seine-Saint-Denis

Visite du tiers lieu association Fasol à Rosny-Sous-Bois en présence de Magalie Thibaud et du PCD

Au total, le département va investir 156 M€ pour les personnes âgées et dépendantes d’ici 2024, après avoir mené des consultations auprès de 832 personnes âgées ou en situation de handicap et 400 professionnels. 25 tiers-lieux seront créés ou sont en cours de création pour proposer des services comme le dépôt de courses ou de courrier et 3 000 logements seront adaptés pour permettre aux personnes de rester chez elles et ainsi éviter d’aller dans des structures spécialisées. « Nous allons nous appuyer sur la dynamique de préparation des Jeux olympiques 2024 pour créer le premier pôle entièrement inclusif », avait indiqué le président du conseil départemental Stéphane Troussel. Les Jeux de Paris devraient en effet devenir un véritable démonstrateur pour certaines initiatives testées à cette occasion pour l’accueil des quelques 350 000 visiteurs en situation de handicap au moment de l’événement. La ville de Paris s’était d’ailleurs engagée dès l’obtention de l’organisation de l’événement à rendre accessible d’ici 2024 la totalité de ses équipements à travers son plan « Handicap, inclusion et accessibilité universelle ». La visibilité de l’événement renforcera un peu plus les stratégies d’innovation initiées au niveau local pour l’inclusion des publics les plus vulnérables. Mais en attendant 2024, les initiatives locales ne manquent pas, partout sur le territoire.

Envies de ville : des solutions pour nos territoires

Envies de ville, plateforme de solutions pour nos territoires, propose aux collectivités et à tous les acteurs de la ville des réponses concrètes et inspirantes, à la fois durables, responsables et à l’écoute de l’ensemble des citoyens. Chaque semaine, Envies de ville donne la parole à des experts, rencontre des élus et décideurs du territoire autour des enjeux clés liés à l’aménagement et à l’avenir de la ville, afin d’offrir des solutions à tous ceux qui “font” l’espace urbain : décideurs politiques, urbanistes, étudiant, citoyens…

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