
A moins d’un an des élections, quel est le moteur de l’engagement des maires ?
Alors que le compte à rebours est lancé pour les prochaines élections municipales, comment les maires anticipent-ils cette échéance ?
À RETENIR
- À l’approche des élections municipales de 2026, les maires cherchent à concrétiser leurs engagements, notamment en matière d’aménagement urbain, d’infrastructures et de services publics.
- Face aux défis de la gestion locale, les élus privilégient la transparence, la pédagogie et la proximité pour mobiliser et rassurer les habitants, notamment via les réseaux sociaux et des initiatives participatives.
- Les maires doivent composer avec des attentes croissantes d’immédiateté, des restrictions budgétaires et un contexte national et international qui complexifie la prise de décision locale.
- Les enjeux environnementaux, comme la gestion de l’eau ou l’adaptation au changement climatique, occupent une place centrale dans leurs priorités, illustrant leur volonté d’agir pour les générations futures.
Pour chacune des 34 871 communes françaises, c’est un rendez-vous incontournable de la vie politique locale. En 2026, les élections municipales vont décider du maintien ou du remplacement des équipes municipales qui ont été élus six ans auparavant. Alors que certains hésitent à se représenter pour un nouveau mandat et que d’autres affirment leur volonté de poursuivre l’aventure, quel est le moteur de leur engagement ? Entretiens avec trois maires de l’Hexagone.
PRÉPARER LES ÉLECTIONS MUNICIPALES
La potentielle réélection des maires se rapprochant, leur première préoccupation est d’achever les projets pour lesquels ils avaient été élus afin de rassurer leurs électeurs. « Le programme électoral a été respecté dans les grandes lignes, que ce soit le réaménagement du front de mer ou l’évolution du centre-ville. Et nous avons encore deux projets majeurs en cours, une résidence pour personnes âgées de 500 m2 et un éco quartier de plus de 20 000 m2. » explique Ronan Loas, qui exerce son second mandat en tant que maire de Ploemeur, une commune de 18873 habitants située dans le Morbihan.
Christophe Bouillon, qui a été élu en 2020 maire de Barentin, une commune normande de 12227 habitants, souhaite quant à lui finaliser tous les projets qui peuvent être source d’économies de fonctionnement et qui donnent du sens. « Par les temps qui courent, agir pour l’épanouissement de chacun par l’éducation, la culture ou le sport est un investissement pour l’avenir. »
Pour Sylvie Baudot, maire pour la quatrième fois de Cohons, un village de 208 habitants en Haute-Marne, l’objectif est de terminer le zonage d’assainissement et le schéma directeur d’eau potable, car la commune a reçu une mise en demeure sur des taux de nitrate qui étaient légèrement supérieurs à la norme de 50 mg par litre. « Il faut obligatoirement aller au bout de ces deux projets. C’est capital. Nous devons reconquérir notre qualité d’eau potable. »
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RENFORCER LES LIENS AVEC LES ADMINISTRÉS
Les élus ont également à cœur de maintenir, et même si possible de renforcer, la mobilisation et l’adhésion des habitants. Pour y parvenir, Christophe Bouillon explique : « il faut faire preuve encore plus de pédagogie et surtout de transparence pour que les administrés comprennent les difficiles équations auxquelles nous sommes confrontés, à savoir tenir nos engagements et faire des économies importantes. »
Ronan Loas joue, quant à lui, la carte de la proximité. « Tous les mercredis soir, je fais un Facebook live pendant à peu près une heure, en plus des réunions publiques. Les gens peuvent m’interroger sur les sujets communaux. C’est un moyen de faire le point. »
Sylvie Baudot mise sur l’ouverture et le partage. « Nous essayons de mobiliser au maximum les habitants, quelles que soient les échéances. Notre mairie est ouverte à tout le monde. »
Développer les liens avec les administrés est d’autant plus important que les maires font face à des difficultés nouvelles. Ronan Loas parle d’un « désir de solutions immédiates provoqué par les réseaux sociaux » incompatible avec le temps long de l’action communale, quand Christophe Bouillon évoque un « contexte extérieur qui pèse sur les enjeux locaux » et qui fait souvent passer les sujets municipaux au second plan.
AGIR POUR DEMAIN
Les enjeux environnementaux font eux aussi partie de l’équation de fin de mandat dans un contexte d’aggravation du changement climatique qui touche toutes les communes de France. Pour Ronan Loas, c’est un sujet de la plus haute importance : « Ploemeur est une commune littorale. Il y a la question du recul du trait de côte et de la submersion marine d’ici la fin du siècle. J’ai gagné un premier round car le sujet va être pris en compte à l’échelle de l’intercommunalité, et pas juste à l’échelon communal, ce qui nous aurait mis en grande difficulté. » Sylvie Baudot rappelle que l’assainissement des eaux de Cohons « concerne au premier chef les générations à venir, tout comme la préservation du patrimoine local. » Cette volonté inébranlable de servir l’intérêt général est certainement ce qui contribue le plus à la popularité des maires. « Leur cote d’amour reste élevée même si ces derniers temps, beaucoup ont été victimes de violence verbale et physique. » conclut Christophe Bouillon.