Le pavillonnaire est-il l’avenir de la ville ?
Une récente étude de l’Atelier Parisien d’urbanisme (APUR) sur la ville pavillonnaire du Grand Paris propose un nouveau regard sur des espaces mal connus qui répondent pourtant à des enjeux et usages très contemporains.
Maillage hétérogène à l’image parfois vieillotte, la ville pavillonnaire revient au centre du débat à la faveur d’une analyse fine de l’APUR sur le Grand Paris. En auscultant de près ces quartiers où domine le couple maison/jardin, l’étude fait émerger des conclusions parfois surprenantes. Et si le pavillonnaire aidait la ville à lutter contre le changement climatique ?
Un patrimoine végétal « anti-réchauffement »
Premier constat : avec 1,16 million d’habitants vivant dans quelque 416 500 pavillons, maisons de ville, de faubourg et villas, la métropole du Grand Paris est la plus grande ville pavillonnaire de l’Hexagone. Si les maisons individuelles ne représentent que 12% des logements de la métropole, elles occupent 18% du territoire et 44% du foncier dédié à l‘habitat. Mais si le pavillonnaire est consommateur de foncier, c’est pour la bonne cause : 48% des sols des parcelles, non bâtis et plantés, forment un véritable ‘patrimoine végétal’. Mieux : là où la ville dense crée des espaces végétalisés enclavés, avec parcs, jardins et squares, le tissu pavillonnaire offre une végétation diffuse, bien répartie, qui évite l’effet ‘îlot de chaleur’.
Développer la biodiversité dans les jardins
Comment alors préserver et faire évoluer ces quartiers dont certains sont nés au 19e siècle, pour qu’ils deviennent, au 21e siècle, des auxiliaires efficaces dans la lutte contre le changement climatique ? Côté jardin, il faut, estiment les experts de l’APUR, éviter de considérer systématiquement les espaces non bâtis comme de potentiels espaces constructibles, densifiables à l’horizontal au détriment des espaces végétalisés. Il faut aussi, notent les auteurs de l’étude, renforcer le rôle des 40.000 jardins privés qui participent de façon importante au maintien de la biodiversité en Île-de-France, en affinant les plantations dans ces jardins où le gazon, très présent, résiste mal aux épisodes de canicule et où la diversité végétale n’est pas toujours de mise. Et il va falloir s’intéresser aux espaces publics : alors que Paris est l’une des capitales les plus boisées d’Europe, avec notamment 700 km de voies publiques arborées, moins de 20 % des rues de zones pavillonnaires sont plantées d’arbres.
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Rénover, transformer, préserver
Et le bâti ? La rénovation énergétique des pavillons est au centre des enjeux, tout comme l’évolution de l’occupation des espaces au sein des maisons, avec des combles mieux isolés ou supprimés dans les constructions neuves et des pièces fraîches mieux occupées. Les nouveaux arrivants, plus aisés, rénovent, transforment et agrandissent. Ils font aussi évoluer la façon d’habiter pavillons et villas, des lieux propices au télétravail.
Enfin, si l’étude met en lumière les atouts des zones pavillonnaires, elle pointe également le risque de destruction de ce tissu convoité : 40 % des pavillons du Grand Paris sont situés à proximité des quartiers de gares du Grand Paris Express. Bien sûr, dans des quartiers où 86 % des ménages possèdent une voiture, les grands chantiers en cours vont transformer la mobilité. À horizon 2030, 67 % des résidents seront à moins d’un quart d’heure de marche d’une station de transport en commun. Mais cette transformation devra préserver la spécificité d’une ceinture pavillonnaire dont la ville a plus que jamais besoin.
Le chiffre
9 logements sur 10 créés sur les parcelles pavillonnaires sont des logements collectifs.
Depuis 2013, 68% des permis de construire autorisés sur des parcelles pavillonnaires ont créé des logements individuels et 32% des logements collectifs.