Mobilité résidentielle : comment les Français s’adaptent aux réalités territoriales (et les font évoluer)

L’édition 2021 de l’enquête de Procivis sur la mobilité résidentielle révèle plusieurs vérités sur les Français et le logement, notamment au niveau territorial. Décryptage avec Yannick Borde, président du réseau immobilier et maire de Saint-Berthevin.

Savez-vous dans combien de logements les Français vivent en moyenne au cours de leur vie d’adulte ? Réponse : 4. C’est l’un des principaux enseignements de l’édition 2021 du baromètre sur les trajectoires d’habitation réalisé par Harris Interactive pour Procivis, en partenariat avec la Fondation Jean Jaurès. « Nous avons affiné les résultats de manière régionale et nous arrivons à une moyenne de 3 en Île-de-France, note Yannick Borde, président du réseau immobilier Procivis et maire de la commune de Saint-Berthevin dans la Mayenne. Les Franciliens sont freinés dans leur mobilité résidentielle en raison des difficultés rencontrées pour retrouver un logement dans la région Capitale. »

Un Francilien sur deux indique d’ailleurs vouloir quitter l’Île-de France s’il devait déménager. C’est deux fois plus qu’en Provence-Alpes-Côte d’Azur, en Auvergne-Rhône-Alpes, en Nouvelle-Aquitaine, etc. Au global, le baromètre révèle que 65% des Français qui envisagent de déménager espèrent le faire pour une commune rurale ou une petite ville. Il reste toutefois un pas important entre l’intention et le passage à l’acte.

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Renforcement de l’interdépendance mobilité résidentielle – aménagement du territoire

Un habitant d’une métropole qui change de région aura plutôt tendance à commencer par déménager dans une autre métropole avant d’envisager de vivre dans une ville de taille plus modeste selon Yannick Borde. Et le président de Procivis ajoute : « Pour que les habitants des métropoles viennent s’installer dans des villes moyennes, une dynamique de l’emploi est nécessaire, témoigne Yannick Borde. D’autres facteurs liés à l’aménagement des territoires rentrent également en compte comme la connectivité, l’offre en matière d’enseignement supérieur… Personne ne va quitter sa région sans réfléchir. »

Une approche qui amène à étudier la problématique de l’offre de logements sous un angle nouveau. « Construire pour accueillir la population fait partie de la mission des élus locaux mais il faut bien calibrer sa stratégie. Or le zonage par ville qui prévaut au niveau national est devenu anachronique, détaille Yannick Borde. Nous avons besoin de passer à une gestion à l’échelle de l’intercommunalité, pour la construction neuve comme pour la gestion du parc existant, grâce à une contractualisation avec l’État. Dans ce cadre tous les dispositifs comme le Pinel ou le PTZ devraient être contingentés. » Le maire de Saint-Berthevin milite également pour une sanctuarisation durable du fonds friche.

Vers de nouvelles formes urbaines dans les villes moyennes ?

« Dans les villes qui n’ont pas une culture foncière, le fonds friche ou les dispositifs de requalification urbaine comme le programme Action Cœur de Ville peuvent apporter des solutions efficaces », assure Yannick Borde. Il cite notamment l’exemple des 31 logements qui seront construits par Coop Habitat Bourgogne et Procivis sur le site de l’ancienne usine Loison à Montceau-les-Mines (71). Le programme, qui a bénéficié à hauteur de 185 000 euros du plan de relance via Action Cœur de Ville, comprendra un bâtiment de quatorze appartements, un autre de dix appartements et sept maisons individuelles.

« Cet exemple est assez révélateur de ce qui peut être fait dans les villes moyennes qui ont besoin de logement, ajoute Yannick Borde. Il montre aussi comment nous pouvons rendre la densité acceptable dans des territoires où la hauteur ne fait pas partie de la culture locale. » Selon le baromètre de la trajectoire résidentielle, seulement 16 % des Français revendiquent la hauteur comme solution au niveau national pour résoudre le manque d’offre de logements dans l’Hexagone. Un chiffre qui tombe même à 7 % quand il s’agit de leur propre commune.

Infographie Procivis sur la mobilité résidentielle des Français, notamment au niveau territorial.