Itw de Florian Bercault : Vue de Laval et de son pont de pierres.
Publié le 27.11.24 - Temps de lecture : 3 minutes

Florian Bercault : “Sans l’action des collectivités locales, la crise du logement serait pire”

Les élus locaux – et en particulier les maires – entretiennent, à leur échelle, le lien entre les citoyens et les pouvoirs publics. Entretien avec le maire de Laval, Florian Bercault, qui plaide pour une meilleure synergie entre pouvoir local et national.

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En tant qu’élu, partagez-vous l’analyse selon laquelle les collectivités locales font office de piliers de stabilité ?

Florian Bercault : Tout à fait. J’ai d’ailleurs rédigé une note pour la Fondation Jean Jaurès cet été dans laquelle j’expliquais que notre pays est partagé en trois piliers essentiels à la République. Il y a d’abord la République régalienne, qui dépend de l’État et des parlementaires et qui gère environ 450 milliards d’euros. Ensuite vient la République sociale qui est chapeautée par les partenaires sociaux, à hauteur de 300 milliards d’euros. Et enfin le bloc local qui pèse près de 400 milliards d’euros et regroupe les politiques publiques du quotidien et les investissements sur les territoires. Ces trois blocs doivent être gérés en synergie, l’un ne doit pas prendre le pas sur l’autre, ce n’est pas une compétition, mais plutôt une combinaison. Et quand l’un de ces trois volets va mal, au niveau national par exemple à travers le débat parlementaire divisé, cela engendre de grosses difficultés à établir un budget, il n’est pas utile de s’en prendre alors aux partenaires sociaux ou aux collectivités locales.

Est-ce à dire que des solutions nationales se trouvent à l’échelle locale ?

Florian Bercault : La proximité et la capacité d’écoute propres aux collectivités locales permettent au citoyen de rencontrer facilement son maire, pour aborder des prérogatives qui pourtant ne dépendent pas toujours de lui. Cela nous octroie une responsabilité forte, une capacité à agir pour trouver des innovations. Notre autre atout, c’est qu’entre le moment de la décision et la réalisation, il ne s’écoule que très peu de temps. Quand nous mettons en place la cantine scolaire à 1 euro pour les plus précaires, c’est du concret et c’est immédiat pour le budget des foyers. Cela bénéficie immédiatement au pouvoir d’achat des familles. Par exemple, en début de mandat, j’ai porté la gratuité des transports publics le week-end, comme alternative “incitative” aux mobilités carbonées. Cette mesure a été mise en place le lendemain du vote. Certaines solutions sont un peu plus complexes et les collectivités ne peuvent pas les appliquer seules, mais aujourd’hui, je pense que l’État n’a plus les moyens de sa centralisation.


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Faut-il repenser le financement des actions de l’État sur le terrain ?

Florian Bercault : Quand on constate que l’État régalien n’a plus les moyens de faire fonctionner ses hôpitaux, ses commissariats, ses gendarmeries ou ses écoles, qui sont quand même le ciment républicain, cela pose question. Est-ce que la décentralisation est efficace ? On voit bien que quand l’État nous confie des compétences, c’est mieux fait et à moindre coût. Pourtant, la part des collectivités dans le PIB national, moins de 12%, n’a pas évolué en dépit de tous les transferts de compétences que l’on a connus. Je déplore évidemment la suppression des impôts locaux, alors que pour les citoyens, le lien à l’impôt territorial a du sens car le résultat de ce pour quoi il paye est concret.

Est-ce que sur le sujet crucial du logement, les élus locaux ont des leviers pour faire bouger les choses ?

Florian Bercault : Je vous confirme que si les collectivités locales n’avaient pas agi pendant la crise du marché de l’immobilier et plus largement du logement, la situation actuelle serait pire. Nous avons continué nos Plans Locaux de l’Habitat, issus de contrats passés avec l’État. Nous avons renforcé les fonds propres de nos bailleurs, et, par effet domino, soutenu le monde du BTP. Il est évident que les collectivités locales sont importantes, par les aides à la pierre, par le soutien aux fonds propres des bailleurs sociaux, par les foncières de revitalisation commerciale que nous avons montées mais qui font aussi du logement… Pour autant, on ne peut pas tout. On constate des territoires qui accueillent toujours plus de logements sociaux et d’autres qui ne jouent pas le jeu, sur lesquels la mixité sociale n’a pas lieu. Autant dire que transférer cette compétence-là en totalité aux collectivités amènerait des résultats encore plus disparates, et ce n’est pas souhaitable.

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