Plan Logement d’abord : une politique qui a fait ses preuves mais des attentes qui restent fortes
Selon Olivier Klein, ministre délégué chargé de la Ville et du Logement et ancien président de l’ANRU, le plan Logement d’abord a permis à 440 000 personnes sans domicile d’accéder à un logement social ou privé. Pour Cédric Van Styvendael, maire de Villeurbanne, l’annonce d’un programme revu et corrigé est une bonne nouvelle. À condition que les financements suivent…
Un nouveau plan quinquennal Logement d’abord a été annoncé le 1er février par Olivier Klein, ministre délégué au Logement. Quel bilan tirez-vous du premier volet (2017-2023 ?)
Cédric Van Styvendael : Olivier Klein et Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, sont convaincus de la nécessité d’un nouveau plan. Il est évident que cette politique publique a fait ses preuves. Passer de l’hébergement d‘urgence au foyer, au logement sous conditions puis au logement de droit commun est un parcours du combattant. Oui, cela va beaucoup mieux lorsqu’on propose un logement à ceux qui en ont besoin ! La continuation du plan Logement d’abord est donc une bonne chose. Les principaux acteurs du logement et de l’hébergement sont prudents quant à l’obtention des arbitrages financiers. Lors du dernier Congrès HLM, j’ai évoqué la nécessité d’une politique du logement, et pas seulement d’un plan Logement d’abord. C’est dans ce contexte que je participe au Conseil National de la Refondation (CNR) Logement aux côtés de Christophe Robert, Délégué général de la Fondation Abbé Pierre, et Véronique Bédague, PDG de Nexity.
Oui, la politique publique, à travers le plan Logement d’abord, a fait ses preuves.
Justement, le 28e rapport sur le mal logement de la Fondation Abbé Pierre souligne l’augmentation inédite du nombre de personnes sans domicile fixe. À qui la faute ?
Cédric Van Styvendael : Le « choc de l’offre » n’a pas eu lieu. Nous constatons même une baisse de la production de logements. Entre incitations fiscales et réduction du loyer de solidarité, il y a eu des « stop and go ». En l’absence d’une impulsion forte, c’est le marché qui aura le dernier mot. Cela se traduira par un envol des prix et le blocage général du secteur. Le ZAN n’est pas un obstacle en soi. Il nous encourage plutôt à favoriser la densité plutôt que l’étalement urbain. L’enjeu est de rendre les villes plus désirables. Il s’agit notamment d’aider les collectivités qui veulent produire davantage, mais aussi de manière plus abordable et plus écologique. Or, sans vision politique claire, il ne peut y avoir de cadre d’action pour les acteurs publics et privés du logement.
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Quel rôle fédérateur peut jouer le CNR Logement ?
Cédric Van Styvendael : Pour la première fois, la totalité des acteurs publics et privés sont réunis. Fédérations du logement, réseaux associatifs, BTP, promoteurs, investisseurs, acteurs du logement social… tous les participants des groupes de travail du CNR sont au travail. Chacun est prêt à dépasser les positions catégorielles et passer les accords qui permettraient de sortir de la situation actuelle du logement, qui reste critique. Dans les territoires, les initiatives ne manquent pas. Comme celles de la Métropole de Lyon et de la Ville de Villeurbanne, avec le PLU-Habitat, le bail réel solidaire, qui permet d’acquérir son logement tout en minorant le foncier, ou le programme Zone Libre, qui fait des bénéficiaires les acteurs de leur propre parcours logement. La réhabilitation, avec le développement d’Ecorenov, est elle aussi un outil très efficace. Ces initiatives peuvent servir de préfiguration pour une autorité régulatrice du logement. Cela peut passer également par l’encadrement des loyers et la régulation des prix du foncier, auxquels je suis favorable. La politique du logement qui fait défaut depuis 7 ans reste à construire. L’attente est immense, elle ne doit pas être déçue.
Devant l’envolée des prix et le risque de blocage du marché, les acteurs privés et publics attendent un signal politique fort.
Les six priorités du plan Logement d’abord 2
- augmenter le nombre des logements adaptés et abordables par la mobilisation du parc privé, la production de pensions de famille, de résidences sociales et de logements très sociaux en fonction des besoins des territoires ;
- renforcer la prévention des expulsions, notamment pour les jeunes issus de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) ;
- mettre en place un accompagnement pluridisciplinaire associant logement, emploi et santé pour les personnes sans domicile ou hébergées ;
- améliorer la gestion de l’hébergement hôtelier ;
- moderniser le 115 et le Service Intégré d’Accueil et d’Orientation (SIAO) ;
- améliorer le statut et le parcours de formation des travailleurs sociaux.