Les grandes villes face au syndrome de la « décohabitation »
Entretien avec Arnaud Régnier-Loilier, directeur de recherche à l’Institut national d’études démographiques (Ined).
Combien de personnes sont concernées par la décohabitation en France ?
Arnaud Régnier-Loilier : La décohabitation désigne des situations plurielles qui varient selon qu’on mobilise les notions de « couple » ou de « relation amoureuse stable ». Dans le premier cas, 1,2 millions de personnes sont concernées en France. Dans le second cas, c’est 9 % des 18-79 ans qui le sont, soit 3,8 millions de personnes.
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Quels sont les profils des décohabitants ?
Arnaud Régnier-Loilier : Les décohabitants sont des jeunes en début de vie amoureuse qui vivent une relation stable en gardant chacun leur logement, car encore en études. Ce sont aussi des adultes de tous âges qui, par exemple après un divorce ou une rupture, font le choix de vivre en couple sans cohabiter. Il peut s’agir aussi de couples transnationaux ou séparés pour des raisons professionnelles. La décohabitation peut aussi exprimer le choix de préserver son indépendance.
Peut-on faire une géographie de la décohabitation ?
Arnaud Régnier-Loilier : C’est dans les grandes villes qu’on trouve le plus de personnes décohabitantes, spécialement en Île-de-France et à Paris. Plusieurs facteurs expliquent le phénomène. La densité de la population mais aussi une plus grande proportion de classes aisées : avoir chacun son propre logement a un prix !